La vie était faite de si. De peut-être. De un jour. La vie était incertaine, en ce moment plus que jamais. Surtout pour quelqu’un comme lui, quelqu’un qui était recherché par l’Empire. Pour Ava, la vie était tracée, pas de si, pas de peut-être, pas de un jour. C’était maintenant ou jamais. Et souvent jamais que maintenant d’ailleurs. Elle était une solitaire dans l’âme, sa présence lui suffisait. Elle pouvait faire parti de la vie quelqu’un quelques heures, quelques jours, des mois, et puis disparaître du jour au lendemain sans jamais revenir, se retourner. Sans regrets.

« Un jour » confirme t-elle d’un sourire léger. Un jour, mais pas aujourd’hui. Pas alors que ton futur est si incertain. Un jour... « Un jour » continue t-elle « Lorsque l’espoir renaîtra. Lorsque la lumière qui est en chacun de nous cessera de s’effacer. » Elle s’écarte de lui, jete un coup d’oeil au spectacle qui se déroule sous ses yeux. Elle en a vu des milliers comme cela. Et finalement, elle achève : « Un jour, Caanan, lorsqu’il y aura un lendemain »

L’espoir. Un sentiment qu’Ava s’interdisait de ressentir. Elle n’avait pas eu d’espoir en temps qu’esclave, elle n’en avait pas non plus en tant que femme libre à part qu’on la laisse vivre sa vie tranquillement, sans que personne ne vienne y interférer. L’espoir selon Ava, était encore plus dangereux que l’amour. Elle avait vu les ravages de l’amour, ceux entre un homme et une femme, mais pire, entre un parent et son enfant. Elle avait vu les déceptions d’un amour non partagé. Mais on finit toujours par se remettre d’un cœur brisé, de la désaffection d’un père. Alors que quand on perd espoir… C’est plus définitif. Ava ne peut se permettre d’espérer ou de faire espérer, elle qui est la première désabusée. Elle qui ne croit en rien sauf en elle-même. Au fond, elle sait qu’elle doit un peu croire, car elle a la foi. La foi en la Force.
Mais elle s’interdit de trop y penser. Alors elle se raccroche aux mots de Caanan pour échapper à ses pensées. Il ne doit pas utiliser la Force. Pour lui, cela doit être difficile suppose t-elle. Comme si elle n’utilisait plus ses poignards, toujours à sa ceinture, mais hors de sa portée pourtant. En plus, il était à Coruscant, la capitale de l’Empire, l’endroit le plus dangereux, où il était susceptible de se faire remarquer. Et Ava ne pouvait pas lui venir en aide. Elle ne le lui proposerait même pas. Elle avait un vaisseau, mais jamais elle ne l’y emmènerait. Jamais il ne passerait les contrôles. Elle n’avait pas envie de finir dans une geôle impériale, elle n’avait pas envie de finir exécutée.

« Comme tout le monde ? Ça veut dire quoi ? » souffle t-elle en réponse au jeune homme. Comme tout le monde ça ne veut rien dire. Mais Ava le taquine. Elle jette un bref coup d’oeil dans l’arène lorsqu’un mouvement intéressant va avoir lieu mais s’en désintéresse vite. La violence fait parti de sa vie, elle a l’habitude de voir du sang, celui qu’elle verse, le sien. Le spectacle ne lui fait ni chaud, ni froid.

Ava regarde le combat. Son seul intérêt réside en devinant les prochains mouvements que les deux adversaires allaient faire. Sur Nar Shaddaa, elle s’était déjà retrouvée à observer des jeux de huttball, le jeu le plus violent qui soit. Rien à voir avec ce petit combat, dans cette arène illégale. Certes, le combat était impressionnant à cause des deux adversaires qui ne lâchaient rien, envoyaient des gros coup, faisant couler le sang, la sueur. Les craquements des os étaient les bienvenus, mais au fond, c’était un jeu, une mise en scène. Peut-être en avaient-ils conscience, peut-être pas. Peut-être qu’après tout, leur survie dépendait vraiment des crédits qu’ils se feraient ce soir. Si l’un d’eux survivait. Lorsqu’elle tourne la tête vers Caanan elle remarque qu’il tient une bouteille d’alcool. Il lui montre en disant qu’il commençait à avoir soif. Ava sourit. Elle aime boire, se sentir grisée par l’alcool. Elle aime lorsqu’elle sent qu’elle commence à perdre le contrôle et qu’elle cherche par le récupérer par tous les moyens. Généralement c’est à ce moment-là qu’elle arrête de boire, pour se sentir devenir alerte et vive de nouveau. Elle rigole en disant qu’elle veut finir sous une table, cela arrive rarement car qui sait où elle se réveillerait alors. Ava détestait être vulnérable, se laisser aller au coma éthylique, c’était se rendre vulnérable.

« On ne peut pas tout garder pour soi éternellement. Mais tu as de la chance que je ne sois pas une Impériale » lance t-elle simplement. Oui, de la chance. Parce qu’elle connaissait peu de personnes qui l’aurait laissé filé. Elle aurait pu le séduire, endormir sa méfiance, et aller réclamer la prime qu’il devait y avoir sur sa tête. Mais elle ne l’avait pas fait pour deux raisons, elle ne voulait pas être repérée par l’Empire, même en bien. Seconde raison, elle aimait chasser. Elle aimait les difficultés à surmonter. Hors, si elle l’avait dénoncé, il n’y aurait rien eu de tout cela. Et peut-être y avait-il une troisième raison derrière son choix. Elle ne pouvait pas. Il était innocent. Ou l’avait été. Il n’avait rien mérité de ce qui lui arrivait. Et Ava ne jouait pas avec la vie d’innocents. Pas de son plein gré en tout cas. Elle avait des principes, qui sans doute causeraient sa perte un jour mais elle tentait coûte que coûte de tenir bon.
Elle se saisit de la bouteille que Caanan tenait entre ses mains et but une petite gorgée d'alcool au goulot avant de la lui rendre. Il avait l'air d'en avoir beaucoup plus besoin qu'elle.  

Non en effet. Si elle avait été de l’Empire ils ne seraient pas là, à parler tous les deux. Rien de ce qui s’était produit ce soir n’aurait eu lieu. Elle aurait toujours eu la certitude que les Jedi avaient mérité leur sort. Que des siècles les avaient perverti. Ava se serait enfuie plutôt que d’en affronter un. Elle connaissait très bien ses propres limites. Et elle n’était pas de taille à affronter un utilisateur de la Force, elle ne le serait sans doute jamais d’ailleurs mais cela ne lui posait pas vraiment de problème. Elle n’aspirait pas à devenir la meilleure tueuse de la galaxie. Elle aspirait à se faire connaître en tant qu’assassin, certes oui. Pour prouver à sa famille que sa renommée avait dépassé la leur. Mais c’était tout. Pour l’instant, l’ambition, la vengeance étaient ses objectifs de vie. Et ce n’était guère reluisant lorsqu’on y pensait.  

« La Force. » fait-elle simplement  « Cela doit être bien pratique » C’était un pouvoir, et comme tout pouvoir, des responsabilités allaient avec. De terribles responsabilités. Pratique certes, mais Ava n’enviait pas ceux qui l’utilisaient. Elle était heureuse de ne pas être traquée. De ne pas avoir à porter ce fardeau.
Elle sourit légèrement lorsque Caanan lui propose de boire, de s’enivrer jusqu’au point de non-retour. Dans un bar, ou chez lui ? Ses sourcils se froncent. « Ce n’est pas une bonne idée. » Non, ce n’était pas une bonne idée. Elle reste assise, immobile. Le combat semble sur le point de s’achever, l’un des deux combattants prenant le dessus. « Il y a souvent des descentes dans le coin ? » demande t-elle. Ava a eu ses contrats, et elle se trouve dans l’Espace Impérial. Elle n’aime pas cela, ni le fait de se sentir en danger. Le sentiment de danger est grisant certes. C’est aussi pour cela qu’elle chasse. Pour sentir cette excitation.
Les bas fonds de Coruscant avaient tout l'air d'être un endroit abandonné de tous, même des Impériaux. Mais même si Ava n'était pas une joueuse, elle n'aurait pas parié sur leur absence.

Discrètement Caanan lui montre du doigt un homme avec un cache œil. Et déclara que c’était un espion de l’Empire. Ava fit une moue dégoûtée. « Tu sais qu’il est un espion parce que tu le sens ou parce qu’il est mauvais ? » Dans sa famille, on était soit assassin, soit espion. Ava avait choisi la première option, devenir espionne ne l’intéressant absolument pas. Elle était plus libre ainsi. Son père était un espion. Du moins le supposait-elle parce qu’évidemment, il ne lui avait jamais révélé la vérité. Ses absences pouvaient être due à des contrats… ou à des missions d’espionnage. Ava ne lui avait jamais demandé mais elle était quand même sûre de connaître la vérité.
Le combat s’acheva finalement après un dernier coup qui envoya un des adversaires KO. Caanan se leva et Ava l’imita également. Toutefois, avant qu’ils n’aient pu partir, un homme se dressa devant eux. Il voulait que Caanan combatte ? On l’attrapa par le poncho. Ava hésitait à intervenir, et hésita si longtemps que lorsqu’elle se décida à agir, Caanan était déjà dans la fosse. Ava se tourna alors vers l’organisateur du combat, lui jetant un regard mauvais avant de retourner s’asseoir. Son opposant était un Twi’lek qui faisait quoi, deux mètres ? Le jeune homme esquiva les premiers coups, avant de finalement en prendre un qui l’envoya contre le mur. Attaque. La meilleure défense, c’est l’attaque pense t-elle, serrant les poings. Elle n’a pas peur pour Caanan. Ce dernier se relève, ou plutôt roule sur le côté et de se jeter sur son adversaire. Il n’épargna rien, pas même les lekkus du Twi’lek. Ava a presque mal pour lui. Presque. Mais en même temps, quand on descend dans cette arène, soit on gagne, soit on perds. Et quand on est le perdant on doit s’attendre à souffrir. Ava observa avec intérêt la manœuvre de Caanan qui fit tomber inconscient le Twi’lek et qui mit fin au combat.
Il sortit ensuite de l’arène et Ava le rejoignit en s’exclamant « J’ai oublié de parier. » Elle hausse les épaules, un peu déçue. Puis se dit qu’elle a quand même des crédits, elle n’est pas pauvre.
A Tatooine lorsqu’elle était jeune, elle servait parfois dans la cantina. Elle savait jouer à n’importe quel jeu, tricher aussi, et s’était jurée de ne jamais jouer avec ou contre des inconnus parce que tricher pouvait te coûter la vie, et gagner aussi. La seule chose qu’elle trouvait acceptable, c’était les paris concernant les combats parce que rien ou presque rien n’était joué d’avance. Sauf quand le combat en lui-même était truqué.

« Tu te bat bien. Même si personnellement, j’aurais frappé en premier. » sourit-elle. Ava frappe toujours la première, et frappe une et une seule fois. Puisqu’elle tue généralement grâce à ce premier coup. Lorsqu’elle se loupe alors là commence le véritable combat, une chose qu’elle n’apprécie pas particulièrement. Elle n’a pas peur, elle n’a jamais peur de se battre, ou de mourir. Mais elle n’aime pas souffrir physiquement ce qui est normal.

Il ne pouvait pas retirer son poncho sans risquer de dévoiler ce qu’il y avait dessous. Son sabre laser. Si Ava avait été à sa place, sans doute l’aurait-elle caché. Mais aucun endroit n’était vraiment sûr dans l’Invisec, sans doute pas son habitation. Et puis, elle le comprends. Comment réussir à se débarrasser d’une arme qui représente tout à ses yeux ? Tout ce qu’il était, tout ce qu’il est. Peut-être ce qu’il deviendra. Lorsqu’elle le vit se masser le ventre, elle se souvint du coup qu’il avait pris. Elle n’a rien pour elle pour soulager la douleur. Sans doute faudrait-elle qu’elle se rajoute des éléments pour un stimpack médical. Cela pouvait toujours être utile.
Il jeta quelques crédits à un gamin. Elle ignore si c’est vraiment utile mais ce n’est pas elle qui vit ici après tout. Il explique ensuite qu’il avait surpris une conversation depuis un toit entre l’espion et son supérieur. Ava hausse les épaules « Alors c’est un mauvais espion » C’est aussi simple que cela, lorsqu’on est un bon espion on ne se fait pas remarquer et surtout, on ne se fait pas prendre. Les mêmes règles s’appliquent à un assassin. Est-ce vraiment un espion, ou un informateur ? Ce n’est pas le problème d’Ava de toute façon. Dans quelques heures, elle partirait de Coruscant et elle n’y reviendra probablement que dans un mois, le temps d’accomplir ses contrats et de revenir en chercher d’autres. Elle n’aimait pas être dans l’Espace Impérial, raison pour laquelle elle n’allait presque plus sur Alderaan mais se réfugiait sur Tatooine. Il n’y avait pas l’Empire là-bas, rarement des Impériaux même si il pouvait arriver de rencontrer quelques croiseurs. Ils n’agissaient pas directement. La Bordure Extérieure était un vrai paradis pour les gens comme elle qui refusait de choisir et vivait un peu en marge. Il aurait la voir à l’œuvre ? « Je ne vaux pas le coup d’oeil » réplique t-elle modestement tout en se rappelant les nombreux coups qu’elle avait reçu lors de son entraînement, au milieu de ses cousins. L’important, c’était de toujours se relever.

Caanan lui fit signe de le suivre, une fois encore, et Ava le fit, curieuse de savoir ce qu’il pouvait bien avoir en tête. Ils s’enfoncèrent dans une ruelle étroite, et Ava bénit le fait d’être assez fine et souple pour y passer sans encombre. Elle passa une porte que le Padawan referma derrière elle. Sale endroit, mais clos au moins. Que voulait-il donc… ? A cet instant elle perçut un bruit qui lui glaça le sang, celui d’une arme qu’on allume. Non, celui d’un sabre qu’on allume. Une lueur bleutée les illumina tout les deux tandis qu’Ava observait l’arme ultime et mortelle que Caanan tenait entre ses mains. Elle émettait un léger grésillement. Ava aurait voulu la toucher mais elle savait que c’était impossible, pas sans y perdre des doigts.
« Il est.. magnifique » Elle se sentit stupide de dire cela. Tous les sabres devaient se ressembler après tout. « Si tu cherches à m’impressionner, considère que c’est réussi » lâche t-elle en souriant tout en continuant à observer attentivement le sabre laser. Son regard descend sur la garde où se trouvait l'interrupteur et sans doute, la source de l'énergie.

Caanan posa le sabre laser éteint dans ses mains. Au début, elle ne fait aucun geste, ne bouge pas ses doigts de peur de l’allumer. Puis finalement, elle finit par l’observer plus en détail, notant à présent une multitude de petites choses. Des arabesques gravées sur la garde. Elle sourit. Elle voit aussi une trace de brûlure, qu’elle identifie comme étant celle d’un blaster. Solide ces armes, pense t-elle. Cette constatation ne lui fait pas vraiment plaisir. Ava veut être capable de se défendre face à n’importe qui, mais elle commence à comprendre qu’elle n’aura jamais le dessus sur tout le monde. Elle s’entraîne déjà bien assez tous les jours pour se maintenir en forme. Elle ne peut rien faire de plus. Ce n’est pas de sa faute si elle ne maîtrise pas la Force. Ou alors, il lui faudrait mieux s’équiper. Elle avait déjà des vibro-poignards et des blaster. Peut-être lui faudrait-il des armes plus offensives ? Ava savait manier beaucoup d’armes, mais seuls ses vibro-poignards avaient sa préférence.
Elle rend le sabre laser à Caanan. « La garde dépend du Jedi » fait-elle, comprenant ce qu’il n’avait pas dit. Elle fixe la lampe torche que le padawan tient dans la main, avant de se reculer et de se laisser glisser le long d’un mur, s’asseyant sur le sol. Elle tapote la place libre à ses côtés. « Repose toi un peu » Le sol est loin d’être propre mais Ava a vu des endroits encore pire que cela.

« Si tu sors d’ici un jour, tu rejoindras la résistance ? » lui demande t-elle, levant les yeux vers lui. La résistance. C’était à cause d’elle que l’Empire avait augmenté tous ses contrôles, notamment dans les Mondes du Noyau. Il était de plus en plus dur d’y entrer et Ava se demandait si un jour, elle ne perdrait pas accès à ces planètes. Elle ne pouvait pas, une partie de son travail en dépendait. Elle pouvait certes trouver des contrats partout dans la galaxie mais Coruscant était la planète la plus peuplée.
L’Empire ne mentionnait presque pas la résistance, juste quelques opposants. Que c’étaient à cause d’eux que l’Empire avait du prendre des mesures plus répressives. L’Holonet était sous le contrôle de l’Empire, mais pas le Dark Holonet. Ava ne s’y intéressait pas vraiment. Seuls ses contrats, sa petite vie l’intéressait. Parce qu’elle était égoïste, et refusait de prendre parti. Mais elle souhaitait savoir l’opinion de Caanan sur ce sujet. Elle sait déjà qu’il n’aime pas l’Empire, avec raison. L’Empire l’a presque détruit. Presque, parce qu’il est toujours là, debout, devant elle. Tant qu’il y a un souffle de vie en lui, alors il n’est pas fini.

Comme elle il ne savait pas. Mais contrairement à elle, il était coincé ici. Alors qu’elle était libre d’aller où elle le voulait… pour le moment. Elle aussi se déclarait neutre. Elle essayait tant bien que mal de fermer les yeux sur les atrocités que l’Empire commettait. Les races aliens qu’ils réduisaient en esclavage, une planète qu’ils font exploser. Les Jedi qu’ils massacrent. Pour elle, ça aurait été un motif de rébellion. Mais elle le comprend, elle comprend son envie, son désir de vivre, d’échapper à tout ça et comment lui en vouloir après les épreuves qu’il a traversé ? A t-il seulement connu un seul jour de repos depuis sept ans ?
Il verrait le jour venu. Si ce jour venait un jour, pensa Ava. Mais elle avait foi en lui, foi en la Force. Il avait réussi à survivre toutes ces années. Il survivrait. « J’étais esclave. » commence t-elle. Elle peut bien le dire, elle ne le reverra sans doute jamais après cette nuit, et puis, elle s’en fiche de parler d’elle. Les gens croient que connaître une personne leur donne du pouvoir sur celle-ci. Ava considère que c’est faux. Elle peut bien mettre son âme à nu, ce n’est pas pour autant qu’on la connaîtra, ni qu’on la contrôlera. « Sur Tatooine. Il n’y avait pas de République là-bas. Il n’y en a toujours pas, ni même d’Empire. Et puis un jour, j’ai été libre. J’ai connu la République et je n’avais que rancœur envers elle pour n’avoir pas agi. Pour ne pas lutter plus. » La politique, ça n’était pas pour Ava. C’était notamment pour cela qu’elle était devenue un assassin plutôt qu’un espion. « Et désormais, nous voilà sous le joug de l’Empire. Tu as entendu parler des atrocités qu’il commence à commettre ? Je suis neutre moi aussi. Je ne veux pas m’impliquer mais… à un moment ou à un autre, je pense qu’il va falloir qu’on fasse un choix, qu’on le veuille ou non. » Elle tourne la tête et fixe Caanan. Ce n’était pas le combat d’Ava. Et si ça le devenait, elle n’aurait aucune utilité. Mais lui. Lui il pouvait en avoir. Mais ce n’était pas pour aujourd’hui.

« Promet-moi simplement de ne jamais perdre espoir, même quand tout te semblera perdu » L’espoir, c’était ce qui les maintenait tous en vie. C’était ce qui les faisait avancer jour après jour, même une femme comme elle, sans réel but.

Il paraît que Chandrila est une des plus belles planètes de la galaxie, au même titre qu’Alderaan. Que la mer y est d’un bleu turquoise transparent et qu’on peut voir les récifs de coraux depuis la plage. Ava aimerait bien s’y rendre un jour. Pour visiter. Mais elle n’a jamais vraiment pris le temps pour elle, sauf lorsqu’elle va se reposer sur Tatooine. Tatooine étant Tatooine, elle ne reste jamais bien longtemps et puis, c’est une planète qu’elle connaît par cœur.
Elle écoute son histoire. Une histoire qu’elle n’a jamais entendu auparavant. Des Jedi, elle savait si peu de choses. Sa mère était morte en le mettant au monde, c’était triste. Sa mère à elle avait été un véritable pilier dans sa vie. Elle ne sait pas ce qu’elle aurait fait sans elle, surtout qu’elle était née sans père. Mace Windu ? C’était un ancien Maître Jedi lui semblait-il ? N’avait-il pas attenté à la vie de l’Empereur ? Était-ce seulement vrai ? Tant de mensonges avaient été proférés. Comment démêler le vrai du faux ?

Ses mots la transpercent, écho aux siens. Au fond de nous, nous avons déjà choisi notre camp. Son regard se pose sur la cicatrice qu’il indique. Ses cicatrices à elle, parce qu’elle en a eu, ont disparues. Effacée médicalement car toujours soignée dans les temps. Évidemment, ce n’est pas son cas à lui. Comment se soigner correctement ici bas. Il lui promit de ne pas perdre espoir. Et lui demanda de lui promettre de ne pas mourir. Un sourire triste étire ses lèvres tandis qu’elle détourne le regard pour le fixer sur un point dans le ciel, ou plutôt, sur les niveaux supérieurs. « Je ne peux pas te promettre ça. » Mais il le sait. La mort est inévitable. Elle fait parti de la vie. Et elle commence dès notre premier souffle. La vie est un cadeau exigeant. La mort, écrasante. Elle ne peut pas lui promettre parce que tout le monde finit par mourir un jour. Elle aussi.

« Ce que je peux te promettre en revanche, c’est que je me battrais pour rester en vie. » Comme elle le faisait toujours. Sa vie ne valait pas grand-chose, mais à chaque fois qu’elle se mettait en chasse, elle se préparait toujours à la défendre.
Elle ignore ce qu’il sait d’elle. Ce qu’il pense savoir. Mais sans doute n’a t-il aucun idée qu’elle est un assassin. Il disait avoir senti qu’il pouvait lui faire confiance. Peut-elle être bonne alors qu’elle tue ? Sans doute. Il existe tant de nuances.

Demoiselle ? Il l’avait appelée demoiselle. Un long frisson de… dégoût ? monte le long de sa colonne vertébrale. Elle n’était pas une demoiselle, même pas une mademoiselle. Oh, elle aurait pu l’être, et être habituée à être appelée ainsi si elle n’avait pas été une bâtarde, parce que soit-disant coulait dans son sang du sang noble. Du sang d’espion et de meurtrier qui, depuis toujours, cherchaient à accéder au trône d’Alderaan mais n’y parvenant pas, se spécialisaient dans l’espionnage et le meurtre pour se débarrasser des autres familles nobles notamment.
Elle se tourne vers Caanan, plante ses yeux dans les siens en se redressant, lève sa main et un doigt, «  Ne m’appelle plus demoiselle, moi c’est Ava. » Elle lève un deuxième doigt « Et depuis quand tu me vouvoies ? » lâche t-elle, une légère lueur rieuse au fond des yeux. Elle se recolle contre le mur.

Caanan ferme les yeux. Se repose t-il ? Médite t-il ? Il arrive à Ava d’adopter la même posture, et de méditer pendant un temps, afin de mettre en ordre ses affaires, ses sentiments surtout. Faire son métier ce n’était pas si facile que cela. On ne se réveille pas un matin en se disant qu’on va devenir chasseur de prime. Oh certains le font. Mais sont-ils bons pour autant ? Combien de temps survivront-ils avant de se faire tuer ? Ava avait été entraînée des années durant. Et cela faisait des années qu’elle vivait ainsi. Elle avait un vaisseau rien qu’à elle. Un droïde. Aucune maison ne l’attendait nulle part mais cela ne la gênait pas, c’était une nomade. Elle avait une vie que d’autres rêvaient d’avoir. Elle était libre d’aller n’importe où, visitaient des planètes au gré de ses  contrats. Certes, d’autres étaient très jolies et agréables… mais certaines. Il suffisait de repenser à Quesh où l’atmosphère était toxique pour frisonner. Et se balader avec un respirateur n’est pas pratique.
Elle perçoit soudain un bruit un peu lointain, se redresse légèrement avant de donner une légère tape à Caanan « C’est quoi ce bruit ? » murmure t-elle. Elle s'accroupit sur le sol, prenant appui pour se redresser d'un bond au besoin tandis qu'elle vérifiait avec fébrilité que ses armes étaient bien toutes là.

Quand on a rien à cacher, on a rien à craindre. C’était précisément ce qu’Ava se disait tandis que Caanan identifia le bruit comme étant une patrouille. Quand à sa réflexion, il lui fallait plus que des mots pour l’embêter. Ava ne saisissait pas forcément les blagues, parfois oui, parfois non. Elle était maligne, mais des fois sans doute trop terre à terre. D’ailleurs, elle n’était pas marrante, pas drôle, elle ne savait pas faire de blagues. Pas naturellement en tout cas. Si elle avait de la mémoire pour retenir des visages et des noms, les blagues non. Sa mémoire était sans doute sélective, elle se souvenait ce dont elle avait le plus besoin et tout ce qui concernait la sociabilité n’en faisait pas parti. Pas beaucoup en tout cas. Elle savait être sociable, elle répondait quand on lui parlait, pouvait sourire, et faire semblant.
Caanan connaissait visiblement les lieux parce qu’il se dirigea quelques mètres plus loin pour retirer une grille par lequel il se faufila après lui avoir fait signe de le suivre. Devait-elle le suivre ? Elle hausse les épaules en s’y engouffrant. Pourquoi pas ? Cette nuit était excitante. Elle ne s’était jamais autant amusée depuis longtemps. On pouvait dire qu’on ne s’ennuyait pas avec Caanan. D’abord il était projeté dans une arène de combat, et ensuite ça. Elle se glissa dans cette voie d’aération avec souplesse. L’odeur était nauséabonde, mais Ava ne broncha pas. Elle avait senti pire, bien pire. Certes, cela lui prenait à la gorge mais ce n’était que temporaire, du moins, elle l’espérait. Elle n’avait pas de respirateur sur elle, dommage. Elle le suivit tandis qu’il se déplaçait, approuvant au passage sa phrase concernant l’emmerdement du monde.

« Tu dois avoir l’habitude de les semer. » fit-elle simplement en lui faisant signe d’avancer. L’Invisec ne sentait pas bon, et il ne faisait pas bon d’y vivre non plus. Heureusement qu’elle n’y vivait pas tout le temps. « Je te gêne peut-être, tu devrais aller rejoindre ta planque ou ton chez toi » continua t-elle en s’arrêtant un bref instant le temps de vérifier que toutes ses armes étaient en place. Au cas où. Cela la rassurait des les savoir là.