Messages : 280 Faceclaim : Kate B. Multicomptes : Caïn Mereel Statut civil : Célib à terre
Sera Selkayim
modératrice
Mer 6 Mar - 14:59
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the past
Coruscant. Belle Coruscant. Sera avait foulé ses terres lorsque le ciel n’avait pas été aussi sombres. Les corps se meuvent dans les rues crasseuses d’Invisec. Ici où les pistes mènent les pieds en recherche. Flottait une odeur de crâmer, de sueur, de sang. Des combats avortés, des mésententes, des négociations houleuses. Il était dangereux de se perdre dans les bas-fond de Coruscant. Mais c’est dans les endroits les plus réprimés que Sera trouvait sa plus grande sécurité. Car elle n’avait pas peur Sera. Elle savait se défendre. Armes glissées dans la tenue, reste dans son pauvre sac. Il ne lui fallait pas plus. Elle déambulait entre les étals, démarche assurée, et conviction sur les traits. Elle passait entre les corps, les bêtes, les non humains. Mais cela l’importait peu, Sera. Elle venait de la belle Mandalore, elle était née avec des poings, elle n’était pas née dans la royauté. Elle n’était pas née pour régner. Si le Sénateur l’avait demandé en mariage, lui avait offert une vie digne d’une grande épouse, elle aurait préféré laisser tomber, arrêter de se battre et de partir avec sa fille avant que les nuages deviennent noirs. Le tuer peut être. Que la Mort frappe quelqu’un qui devait mourir. Que la Mort ne lui enlève pas sa fille. Cela aurait dû être toi depuis le début plutôt que Del-Nara.
Belle Del-Nara. Mignonne Del-Nara. Il n’était plus lourde perte pour Sera que celle de sa fille. Il n’est plus lourd échec de n’avoir pu tuer la personne responsable de son meurtre et de ces Jedi, ces padawan… ces novices. Sera comptait bien leur faire payer. Parce qu’ils lui avaient tout pris. La République n’avait pas été en reste. Sera s’était tellement sentie abandonnée. Abandonnée dans son deuil, son profond chagrin, sa haine dévorante, cultivée au fil des années. Au fils des années d’esclavage, et du reste. Se battre. Se battre mentalement et exprimer tout ça par les poings, parfois les danses, les divertissements que l’obligeaient à faire ces putains de Hutts. Violence dans le corps, violence dans l’esprit. Elle s’était retirée, Sera, après toute la merde qui lui était arrivée. Elle avait appris de sage, de combattants cachés aux yeux de tous, peuples presqu’inconnu et neutre.
Pensées volatiles, Sera se recentrait sur son chemin et au détour d’une ruelle, au détours d’un stand paillé, elle croisait un regard familier. Les yeux se plissaient, le souffle se coupait. Ged. Est-ce toi Ged ? est-ce toi ? Le garçon perdu, le garçon à qui j’ai porté une grande affection ? Est-toi le garçon qui créait une étincelle dans les yeux de Del-Nara ? Sera se permettait de le fixer un long instant. Elle déglutissait la brune… Etait-ce possible ? Ce serait elle trompée ? Comment ? Elle se mettait à douter, brouillée dans ses souvenirs. Pensées volantes, pensées perturbantes, troublantes et tristes. Les traits confus se perdirent dans son visage. Sera décidait de s’éclipser, ne voulant tomber dans la souffrance d’un passé prenant, ne voulant s’exposer davantage.
Porte poussée à la volée, elle pénétrait dans son logement de fortune. Ici de passage pour une piste et acheter quelques vivres, se faire quelques crédits. Elle poussait son sac, le balançant dans un coin. Blaster dans les holster. Elle fut un instant perdue la brune. Mais elle se ressaisissait vivement avant de vouloir se préparer à manger. Morceau de viande trouvée fraichement ce jour, échangé contre quelques crédits et une petite pièce de vaiseau.
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the past
Il portait un mauvais goût au coeur aujourd'hui, odeur de charniers qu'il n'avait pas vu, de morts au delà de son regard, des gestes de ses mains. Il portait un mauvais goût au coeur mais ne faiblissait pas dans chacune des ombres qu'il pouvait porter. L'enfant avec son visage d'ange, jeune, fortuné. Le bandit des rues , les cheveux en bataille et blond comme mille soleils dans la crasse de l'Invisec. Le meurtrier, celui qu'on ne connaissait pas mais que l'on reconnaissait pourtant. Que l'on reconnaissait, comme le faisaient ces deux yeux, là, plantés sur lui à l'instant. Il ne tourna pas la tête, Ged, continuant d'offrir son visage aux multiples airs viciés des bas fonds. La sensation de danger lui broyait la poitrine d'une façon étrange, comme si quelque chose en lui attendait cela. Et puis enfin, Ged vit qui le regardait ainsi. Cela ne lui glaça pas le coeur, à quoi bon après tout? Et lorsqu'Elle tourna les talons, le jeune homme la suivit, discret comme seule pouvait l'être l'ombre d'une ombre.
Quelques fantômes tentèrent de s'échapper dans tout ce que Ged ressentait. Parmi eux, le souvenir d'un rire, celui de son Maître alors qu'il se retrouvait, lui, jeune padawan, avec un bébé potelé dans les bras. Une main pour se lever, lui attraper les cheveux et tirer avec ravissement dessus. Saleté de môme... Sauf que ce n'était pas des plus diplomatiques de traiter le rejeton d'un sénateur de petite chose baveuse et bruyante, n'est-ce pas? Ce que son maître attendait de lui, c'était que Ged se prête à rire lui aussi, accepte la tyrannie de cette petite chose faible avec tendresse et amitié. Même quand le bébé lui vomissait dessus. Ce qu'il avait fait. Pire leçon d'humilité de sa vie, pire de diplomatie aussi. Il se souviendrait du petit poupon pourtant lorsque plus tard, Del-Nara serait amenée au temple. Elle aussi, se souviendrait de lui car plusieurs affaires l'avaient mené chez les parents de la fillette déjà, toujours en compagnie de son maître sauf une fois, en tant que Jedi seul, accompli. Et la gamine sembla cesser d'avoir peur en l'apercevant dans les couloirs du temple, osant lui sourire, osant respirer enfin presque. Comme si, oui, elle avait un ami ici... Souvenirs... Ged ne donnait plus le moindre poids à ceux-ci.
Il laissa la femme devant lui -Del-Nara avait hérité de bien de ses traits en vérité- prendre de l'avance puis, d'une simple pression de la Force, ouvrit le repère de la Mandalorienne. Dans la semi pénombre du lieu, les yeux de l'Inquisiteurs gardaient leur bleu étrange malgré tout, comme un souvenir des pluies d'Alderaan dont il ne se rappelait rien. Il fit face à la jeune femme, refermant la porte pour qu'il n'y ait plus qu'eux deux désormais, dans ce monde étrange.
”Dévisager les gens, je sais désormais de qui votre fille tenait cela, Dame Sera.” commença-t-il. Il y avait une douceur dans les mots du garçon, une colère aussi. Elle était là, elle couvait. Colère contre Sera, colère contre un jeune jedi aussi sans vraiment de personnalité mais qui ne parvenait pas à mourir vraiment jusqu'au bout. Sinon, jamais la femme n'aurait pu le reconnaître, non? Il n'était pas celui ayant tué l'enfant mais la savait morte puisque rare étaient les padawan à avoir pu survivre. Cela voulait dire beaucoup de choses également, car le Maître de la fillette avait été son ancien Maître à lui....
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Sera Selkayim
modératrice
Sam 9 Mar - 12:27
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the past
L’ambiance était pesante dans le petit trou à rat qu’elle s’était trouvée dans les bas quartiers. Etait ce Ged ? Etait ce lui ? Les pensées se perdent là où l’obscurité est la plus abyssale. Brasier dans le cœur, brasier dans le corps, elle bouillonnait Sera. Il est des souvenirs que la femme ne veut revivre. Ni cette main sur ce jeune visage, ni le sourire de Del-Nara à son intention. Bambin babillant des Greuh pour le jeune padawan. Le regard du brun exaspéré devant l’acharnement des petites mains s’afférant à tirer les mèches rebelles qui arrivaient à sa portée. Non.
Non Elle ne voulait pas revenir là-dessus, Sera. Un grondement s’échappait de ses lèvres alors que finalement, des bribes se faufilèrent dans son esprit. Vive douleur lancinante dans la poitrine, alors qu’elle rit Del-Nara. Elle tirait la robe de sa mère avec vivacité du haut de sa petite taille. La bambine voulait tout montrer à sa mère, elle courait partout. Pieds émoustillés par la découverte. Dansant. Dandinant. Sera avait dû la reprendre. Car la Force demandait du calme et le Temple, le respect. Mais elle avait découvert l’endroit avec autant de passion et d’étincelles dans les prunelles. Mais le Sénateur, le Sénateur…. Oh elle se souvient, du regard, l’étincelle sombre qui commençait à percer. Tu ne l’as jamais vraiment aimée finalement, Del-Nara, hein… Tu commençais déjà à la renier… Penser qu’elle ne te ressemblait pas vraiment, penser qu’elle n’avait rien de toi. Sera fulminait, elle fulminait. Elle aurait aimé le tuer de ses propres mains. Le détruire, l’anéantir lui et sa catin. L’anéantir au nom de Del-Nara.
Vent s’engouffrant dans le logement, Sera se tenait face à l’invité. Prunelles azures perçant la noirceur du logis. Position de repos. Sera ne savait ce qu’elle devrait affronter. Elle ne se voulait ni menaçante, ni agressive. Mais le passé pouvait être vil. Le passé pouvait être traitre. Sa voix portait à ses oreilles, douce voix rauque, ronronnante. Elle couvait quelques émotions. Forte, abrupte, tremblante. Dame Sera. Il était loin, loin le temps où on l’avait considérée comme une dame. Si proche celui où on l’a considérait comme un jouet de distraction. Sera soupirait, soufflait. Inspiration. Expiration. Regard ancré dans les billes bleues. « Del-Nara a toujours trouvé quelque chose dans vos yeux. » Elle avait trouvé toute sorte de comparaison possible. « Il m’est plaisant de vous revoir sauf. Je vous avoue qu’un instant j’ai cru que mes yeux me perdaient. Je vous prie de m’excuser. » La brune ne baissait pas le regard pour autant. Il avait fallu qu’elle fasse preuve de concentration sur ce qu’elle avait vu. Réaliser que la Mort n’avait pas emporté tout le monde ici bas. Tous les détenteurs de la Force. « Maintenant que vos pas vous ont guidé ici… Souhaitez-vous échanger autour d’une quelconque collation ? » Les discours, les récits passaient des fois mieux autour d’un whisky correlien et d’un truc à manger. Sera était peut être dépourvue de son passé d’épouse de Sénateur mais elle n’était pas entièrement dépourvue de sa personnalité d’avant.
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the past
”Vos yeux vous ont peut-être bien perdus en effet”, murmura froidement le jeune homme. Un jedi était mort, de même que tant d'autres de ses frères et soeurs. Périr, cela se faisait de bien des façons et la plus terrible n'était pas toujours celle du corps mais de l'esprit. S'oublier soi-même, se renier jusqu'à ce que seules restent les ombres. Les ténèbres. Il y avait du danger à reconnaître un fantôme, même les guerriers le savaient. Sera était une guerrière... Un léger silence accueillit l'invitation, jusqu'à ce que ged n'incline la tête légèrement. Le geste ne disait en rien s'il acceptait celle-ci ou non...
”Dans certaines cultures...”, commença le jeune homme, ”il est dit que nous n pouvons accepter à boire et à manger de notre hôte que si nous le considérons en ami, non en ennemi.” Les yeux bleus se posèrent sur le visage de la femme. ”Je suis chez vous, vous êtes donc mon hôtesse.” Mais qu'était-elle de plus, amie ou ennemie? La menace planait entre eux, et dire qu'un jour Ged avait sourit à cette femme... Un instant, il désira qu'elle lui touche la joue, y pose sa main avec douceur comme elle l'avait fait quelques fois, de la même manière aussi qu'elle touchait la joue de Del-Nara.
”Il n'y avait rien à voir dans mes yeux, pas même pour elle”, la phrase lui échappa dans un souffle. Pour elle, pour personne. Même la mort ne s'y lisait pas, Ged n'incarnait pas la mort, se contentant d'être un outil. Au fond, chasser les questions l'intéressait presque plus que de chasser les Jedi, mais pour qui recherchait la subtilité, les deux pouvaient se mêler.
”J'accepte votre invitation” et la sentence tomba comme un couperet. Cela voulait dire beaucoup de choses, notamment que Ged ne chercherait pas à tuer la Mandalorienne après le repas. Et puis il songea aux repas partagés avec d'autres jedi, des qui étaient morts à présent, des qu'il n'avait pas sauvé. Il n'avait sauvé personne.
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Sera Selkayim
modératrice
Ven 15 Mar - 23:04
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the past
Ô que ses yeux l’avaient perdue. Il n’y avait nul doute à avoir, non. L’homme murmurait, glace s’extirpant de la gorge. Sera n’avait pas en face d’elle le garçon qu’il fut jadis. Non. Il n’était plus. L’obscurité parcourait son corps, ses prunelles, son esprit. Battement du palpitant plus intense. Alors toi aussi, toi aussi Ged, tu n’es plus ? tu es partie ? Sera posait un regard songeur sur une petite ouverture de son antre, passants s’affairaient l’extérieur. Bien. Le passé était morne, le présent ne saurait être merveilleux, le présent avait fonctionné sans elle pendant 6 ans… Six années de perdition, de divagation. Quelle perte. Quelle perte encore sur les épaules de la Mandalorienne. Toi aussi tu délestes mon cœur Ged… Tu t’enlèves de là-dedans. Là-dedans. Y avait une lueur pour toi pourtant, là-dedans. Cette tension terrible provoquait une déchirure dans l’être de Sera. Elle ne montrait rien, elle essayait, mais elle n’était pas dupe. Un être doté de la Force le verrait. Mais c’était ainsi. Elle ne se cachait plus de ses sentiments, Sera. A quoi bon… Elle était consumée la brune. Elle était cramée de l’intérieur. C’était atteint. C’était noir.
Ged abordait les cultures, ce que voulait la tradition. Il était droit Ged. Il en savait des choses, et Sera … Sera avait été souvent fascinée. Parce qu’elle…. Parce qu’elle ne connaissait pas grand-chose ou ne connaissait plus grand-chose du moins. Elle était perdue. La sombre teinte de ses pupilles ternissait un sourire en coin, mimique timide, tic nerveux. Ça se dressait sur ses lèvres comme une vibration, un tremblement. Elle se souvenait de ses doigts ébouriffant la brune chevelure hirsute du jeune padawan, puis du Jedi. Les mains habiles de la dame caressant une joue, alpaguant une paluche. Des moments doux. Comme celle d’une sœur. Celle qui tenait à ce garçon. « Je suis votre hôtesse, pas votre ennemi. Sommes nous en conflit en ce jour, Ged ? » Vas-tu m’avouer des horreurs ? vas-tu me dire que tu étais là ? Vas-tu me faire prisonnière ? Vas-tu me livrer comme la pauvre femme que je fus entre les mains des Hutts ?
Del-Nara n’avait pas besoin de voir quelque chose dans les yeux de Ged pour sourire, pour s’évader. Elle avait juste eu besoin de les trouver dans les moments de doute, de peur, de solitude. Parce que Ged avait des ancres d’un bleu glacé qui pouvaient rassurer les pires angoisses. Il était difficile de ne pas s’y perdre, de ne pas s’y attarder, s’y accrocher, pensant que la chute ne serait que plus terrible. Sera ne relevait pas sa remarque mais acquiesçait d’un court hochement de tête. Il acceptait son invitation. Au fond, Sera, elle s’en réjouissait. Un léger soulagement parcourait son échine. Elle n’aurait pas à se battre ce soir…. Se battre… Se démener contre un homme maniant la Force… c’était peine perdue, mais la cause serait belle. Liberté. Mais il n’allait pas l’entraver, la tuer, ils allaient partager un repas et une boisson. La brune attisait la braise pour en offrir la viande à ses flammes alléchées.
Là ça tombait. La pluie pouvait bien déferler à présent, elle pouvait mouiller, noyer Invisec…. La Mandalorienne… La « plus rien » enserrait le tison dans sa main droite, saisie par l’émotion d’un tel aveu. Soulagement, colère, tristesse. Peut être aurait-il dû que ce soit toi Ged…. Peut-être …. Elle serait morte avec le sourire, les prunelles ancrées aux tiennes pour ne pas chuter seule…. Pour ne pas mourir seule… Sera ne répondait pas, posant le tison à proximité, elle soupira un instant regardant le morceau de viande trépignant presque de danser avec le feu. Elle le satisfaisait et l’étendait sur la grille. « Non, ce n’est pas vous… » ça aurait pu. Homme de l’obscurité. « J’ai un whisky corellien… En voulez vous ? »
Il s’installait le garçon. Laissant Sera découvrir sa tenue saillante, taillée pour lui. Il avait de l’élégance, de la prestance à n’en point douter… Il en avait toujours eu. Là avec son sabre à la ceinture. Aura débordante. « Pourquoi être entré en usant de la Force, Ged …. ? Suis-je une menace si non une ennemie ? » Un, deux, trois. Elle retournait la viande pour la saisir de l’autre côté. Elle mettait les pieds dans le plat, Sera. Que pouvait elle être, elle pauvre Mandalorienne, pauvre créature abimée, cassée ?
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the past
Des fissures jusque dans les ombres, des choses brisées aussi, des choses perdues. Un instant, Ged hésita demander à la femme devant lui si quelqu'un s'intéressait à sa tristesse, ses souffrances. Si cela n'avait pas commencé avant aussi : avant l'Empire, avant sa fille, sa naissance, son deuil. Il y avait des questions comme cela, dangereuses... Elle le croyait, peut-être que ce fut cela qui le surprit le plus. Elle le croyait, savait qu'il n'avait pas tué la petite padawan. Une mère qui n'avait plus d'enfant à serrer dans ses bras, une fillette dont on avait disposé du corps mort comme d'un vulgaire déchet. Il avait apprécié cette fillette, c'est vrai, regrettant presque de n'avoir pas l'expérience nécessaire pour en devenir le maître. Si cela avait été le cas, Ged serait mort aujourd'hui peut-être. Il pouvait imaginer beaucoup de choses mais il ne pouvait pas imaginer la mort. Elle viendrait un jour pour lui sans qu'il ne puisse lui échapper, il viendrait, qu'il la craigne, la haïsse ou la respecte, ainsi était la mort, ainsi serait-elle toujours... Les yeux bleus et calmes se posèrent sur la femme debout. Un instant, un rire amer lui obstrua la gorge mais Ged le ravala tout comme il ravala son sourire aussi; Les enseignements de son maître avaient peu à peu disparu en lui mais d'autres venaient, d'autres restaient. Qu'avait dit Qayron? Que le whisky correlien resterait jamais la seule chose véritablement stable dans la galaxie. Ce même whisky correlien que Sera lui proposait à présent. Alors, le jeune homme acquiesça, accepta. Oui, il en voulait bien un verre.
Et le silence était lourd, lourd comme un corps d'enfant, comme une tombe d'enfant. Ged appartenait à l'Empire, au Côté Obscur ou du moins à ce que signifiait le Côté Obscur pour lui. Chaque coeur possédait ses propres ténèbres après tout, Sera pouvait comprendre cela : les ombres, elle leur appartenait aussi désormais, savait que ce n'était pas une simple question de Bien ou de Mal. Parce que si les choses étaient aussi simples, aucune guerre ne se ferait, aucun enfant ne serait jamais arraché à ses parents. Les ombres étaient les ombres, et quelque chose dans la silhouette de l'Inquisiteur sembla alors infiniment fragile. L'Enfant qu'il avait été, le Jedi qui n'avait jamais vraiment existé. Il se releva à son tour, sans doutes, sans questions car il avait décidé de sa voie, mais affamé d'autre chose peut-être. Elle avait perdue un enfant, la femme, la guerrière, Ged ne pouvait faire revivre Del Nara, n'en avait pas l'envie également car le monde avançait sans elle et la fillette n'était pas née pour les ténèbres. Elle avait perdu un enfant, Sera, mais c'est un enfant pourtant qui vint se blottir dans ses bras, quémander une chaleur, une affection qui avait existé un jour. La chaleur, l'affection, ça ne guérissait de rien, ce n'était pas la Lumière, les ténèbres en possédaient tout autant. Pour quelques secondes, déposer son fardeau, et puis la question de Sera, simple et tragique : pourquoi avait-il utilisé la Force?
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Sera Selkayim
modératrice
Lun 1 Avr - 16:11
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the pastLes pensées fusent, les cœurs décrochent. Il n’est plus dur poids sur ses épaules que le deuil… Sera. Et toi Ged, tu viens me voir, tu te présentes à moi comme un fantôme. Ça m’obsède parce que tu es palpable… Del-Nara ne l’est plus. Es tu réel au moins ? ou est ce mon esprit qui me joue des tours ?
La brune croit les paroles du jeune homme. Vile douleur lancinante dans la poitrine, ça creuse l’esprit, ça ronge le corps. Le sourire de sa douce petite s’efface, se remplace par le regard sadique et satisfait de la partisante de l’Empire. Ça ne rend pas le mari, l’époux, ce traitre fébrile. Rien. Il ne pleure pas, il se dresse dans la fierté. Fierté de dominer un coin de la galaxie. Et ça, ça fait partie de ce qui bouffe les entrailles de Sera. C’est chaud, c’est bouillant, ça anime, ça envenime. Mon cauchemar, ma haine. Elle se perd Sera. Dans les méandres des Ténèbres. Dans l’obscurité des faits. Tourment instable. Inspiration. Expiration. Elle sort la bouteille et deux verres. Le liquide remplit à bonne dose les contenants. Le parfum atteint les narines de la femme, breuvage fort, où elle aurait pu prendre le temps de s’y perdre pour consoler… Consoler la perte, décaler la diffusion de la souffrance dans son être, retranscrire la haine et la douleur dans ses traits. L’ombre du mal fait suffoquer, elle étouffe. C’est insoutenable. Ça explose. Les yeux s’humidifient, ça pique. Tu es trop proche de tout ça toi, mon cher Ged, tu mets mes barrières à l’épreuve, parce que c’est toi…. Parce que c’est toi…
Il est tangible, Ged alors qu’il se loge dans les bras de Sera. Soupire au bord des lèvres, larmes au bord du gouffre. Ça se jette. « Oh… Ged » Elle enserre. Comme un manque. Ce manque. Parce que même si les choix changent, que les chemins bifurquent, les sentiments sont inchangés. Sera resserre sa prise sur l’homme. Il peut lui parler de Force, d’évidence. Mais le moment emporte tout, Tout. ça prend, ça rend. Elle ne dit plus rien, Sera. Laissant le moment la transporter là où la douleur n’est pas. Instant de bonheur dans le Chaos. Petit repère dans l’obscurité. Lumière faiblarde sur le chemin. Elle respire. Respire, Sera. Parfum du garçon dans les narines, apaisement des songes. Promets-moi… promets-moi de me rester un peu… Malgré l’Empire, malgré l’assassinat de Del-Nara. Mais les promesses ne sont que volatiles, ne sont pas à faire, n’existent pas. N’existent plus.
Elle inspire, Sera. Elle expire et se détache avant d’attraper un des verres pour le tendre à son invité. « Tiens. » Non, il n’est pas son ennemi, Ged. Elle trinque avec lui. A rien, à tout. Au vide, à la lumière, aux Ténèbres. La gorgée emplie son œsophage. Ça réchauffe, ça brûle mais ça apaise la douleur des sanglots refoulés. Soupire du tréfonds de l’intérieur, ça brise. Si tu avais pu, tu serais entré comme ça dans ma tête. Il y a encore des faiblesses du cœur chez Sera. « Te plais tu là-bas…. ? Est ce qu’on te respecte … ? est-ce que tu vas bien ? ». Inquiétudes d’une ancienne mère, d’une femme, d’une sœur. De tout. Elle tutoie trahissant une proximité ancrée et ancienne, forte.
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the past
Elle l'étreint un peu, le serre fort, fait de lui un enfant à nouveau, le ramène par delà ses années au Temple. Avant. De sa vraie mère, Ged a tout oublié. Est-ce elle qui l'a nommé, est-ce son père dont il ne se rappelle rien non plus? Aucune importance, un nom comme une coquille vide qu'il porte sans joie, sans tristesse, sans fierté. La femme triste lui offre le peu de tendresse qu'il lui reste, se le râcle du fond du coeur douloureusement, Ged le sait, Ged le sent. Elle lui donne ce qu'elle a, à lui l'enfant sans amour, et comment appelle-t-on une mère qui a perdu son enfant? L'Inquisiteur a beau connaître beaucoup de mots, celui qu'il cherche lui est inconnu, il ne le trouve pas. Et puis brusquement tout s'arrête, alors que Sera lui glisse un verre d'alcool entre les mains. Il hésite à le lancer contre le mur, à hurler sa colère, à hurler tout court. Il hésite... On ne donne pas un verre d'alcool à un enfant, c'est un geste d'adulte que la femme a eu pour lui. D'un adulte envers un autre adulte, et cela le force à grandir lorsqu'il ne veut pas. Pas quand la vie devient à peine un terrain de jeu pour lui. Cinq ans, cinq ans d'Empire pendant lesquels, Ged a pu réapprendre à vivre petit à petit. Pendant ce temps, d'autres mouraient (Del Nara...), parfois même de sa main (pas elle...).
Il lève les yeux, ceux-ci restent clairs, deux océans étranges qu'il est parfois difficile de soutenir. Les yeux de Sera, eux, sont comme une triste nuit. Le verre, l'alcool...l'alcool qu'il a lui même accepté, s'interdisant de fait toute la colère que Ged rêve de ressentir. Il trinque avec la femme, il boit aussi. A eux, aux morts, à son ancien maître, à Del Nara aussi, à Del Nara surtout. La question de Sera s'enroula autour de lui comme une chaîne dont il ne pouvait se défaire. Il était pris par surprise à présent, parce que franchement, qui demande ça hein? Une mère, une mère qui s'inquiète pour son enfant. Veut le laisser aller, veut le laisser vivre mais pas avant d'être sûre qu'il va bien.
”Je....” Il repense à l'enfant puis à l'adolescent sans but, sans passion, ombre sans corps bien plus que corps sans ombre. Des chagrins qu'on lui a interdit d'avoir, des tristesse qu'on ne lui a pas consolé... ”Je vais enfin bien, Sera. Maintenant, je peux parler, je peux... Je peux vivre même si c'est pour mourir. Avant, j'avais même pas ce droit, vivre, je devais me contenter d'obéir... “
Il essaye de sourire, pas un sourire de joker mais une vraie mimique, quelque chose de sincère. Tant pis si ça n'existe que quelques secondes, Ged a le droit d'exister maintenant. Les illusions, les faux semblants, ça n'a aucune importance, il en joue avec coeur et sournoiserie, mais sans jamais plus tuer l'ombre qu'il est et qui grandit, qui grandit. Un jour, il sera un homme, un jour....
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Sera Selkayim
modératrice
Mar 14 Mai - 21:17
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the pastFragrance de Ged dans les narines, doux parfum. Les bras enserre, encercle. L’étreinte se scelle et Sera, Sera ne veut pas vraiment que cela se termine parce que c’est intense, parce que. Parce que. ça fait du bien, ça manque. Le manque il ronge, il noie. La douceur…. La douceur était bien trop loin encore et l’ancien Jedi lui apportait cette première once d’apaisement dans le tourment. Inspiration. Expiration. Les épaules se décontractent, le corps se relâche un peu. Ça baisse la garde, ça ne devrait pas. Mais le jeune homme transporte. Ça l’envoie loin, Sera. Dans les contrées interdites. Les contrées qui appartiennent à un passé bien trop éloigné, pourtant bien trop près parfois. Le nœud se noue dans l’estomac. Restes, restes encore un peu Ged. Ou pas, j’ignore. Je ne sais pas, je ne sais plus. ça la perde. Ça la trouble. Qu’importe. Ça déroute et ça suffit au palpitant pour dériver deux ou bien trois fois, le temps de l’étreinte, l’étreinte de quelques secondes, à peine quelques minutes. Les silhouettes se détachent et le cœur de Sera se fêle. Mais elle est à l’origine de la séparation. Maladresse de la femme. Maladresse de la maudite. Les années sont passées, dessus, dessous, à côté et dedans. Surtout dedans. Vibrations des sentiments, vibrations des tripes.
Les corps sont là, les mains échangent, les verres s’y glissent. Maladresse. Fût un temps, elle lui aurait dit qu’il n’avait pas de barbe pour lui servir tel breuvage. Non elle se serait tut sûrement. Mais elle sourit, Sera, face à la scène. Normalité dans un obscure passé. Pour lui. Moins pour elle jusqu’à la Révélation. Révélation d’un époux monstre, d’une fillette procréée pour mourir sous le joug de l’empire. Des mains sombres exterminatrices. Sera frisonne lorsqu’elle pense, lorsqu’elle pense aux doigts féminins encerclant la peau blanche de Del-Nara. Elle pense aux phalanges serrant encore et encore. Ou les sombres tissages de l’esprit la porte vers une arme luisante dans la lumière s’abattant sur la petite sanglotant. Pleurais tu, Del-Nara ? T’es tu battue comme moi, comme ton peuple maternel ? . La brune frissonne quand elle imagine la peur de sa fille. Quand elle imagine des choses. Alors elle arrête.
Ses oreilles se portent vers les dires de Ged. Il va mieux. Il a brisé ses chaines, Ged. L’échine se tend. En étais je une ? pourtant l’étreinte me fait penser le contraire. Elle espère, elle ose penser qu’elle était une lumière parmi les lumières éteintes de Ged. Elle ose lui demander, s’inquiéter de son bien-être, parce que le reste importe peu. Que te reste-t ’il, Sera ? De quoi es-tu faite, Sera ? Et il sourit le jeune homme. Et ça la persuade la brune, ça la persuade qu’elle pouvait être faite de ça, de ce sourire, de cette mimique, de cette lueur enfantine interdite, intime. Les bouts des doigts se perdent sur les arrêtes du menton de Ged. Douceur en plus. Un bonus dans cette proximité tangible. Il n’a pas besoin de cette façade, Ged. Non. « J’espère être à la hauteur de tes pensées, Ged. » dit elle dans un murmure sincère. Elle garderait tout là. Ici. Dans les méandres du cœur gelé. « Manges tu avec moi ? »
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the past
Les doigts de Sera l'effleurent, il n'a besoin d'aucun autre geste au fond, en est heureux. Et Ged se rend compte de tout ce qu'il y a de noble dans les yeux de Sera alors qu'elle le regarde. Parce qu'elle pourrait se laisser aller à la tristesse, à la douleur, elle ne pourrait voir que le deuil en lui, imaginer sa fille plutôt que le jeune Inquisiteur... Elle ne le fait pas. C'est lui qu'elle regarde, c'est lui qu'elle invite. On peut mourir de ce genre de chagrin, il le sait, n'a pas besoin de le lui dire. On peut mourir d'un deuil, d'une perte, une mort laide en général, trop de passion, trop de regrets.
”Je reste manger, oui.” Pourquoi pas? Il n'a personne pour le lui interdire, et la Mandalorienne n'est pas son ennemie. Del-Nara avait la Force, pas Sera. Il ne connait pas les liens de cette étrange famille, il ne sait rien de Kelan, frère de celle qu'il considère comme une mère. Kelan est un Inquisiteur pour Ged, rien de plus... ”Je peux rester jusqu'au soir si tu as peur des cauchemars.” L'offre est sincère, il ne s'en étonne pas. Cela aussi a changé chez lui : désormais, Ged ne se considère plus comme un inconnu, pas même dans ses propres décisions. Les cauchemars, il n'a pas le pouvoir de les écarter, de les apaiser. La douleur est en Sera, indissociable d'elle... Un instant, les yeux du jeune homme sont doux, tristes, un instant il a lui-même au coeur le rire de Del-Nara. L'enfant ne lui manque pas à lui, elle manque au monde, à la galaxie. Il y a le silence, aucun mot digne d'être prononcé : à quoi bon? Ged essaye de sourire, ça lui tire les lèvres un peu, là comme ça. Ca lui tire les lèvres vers le haut, un vrai sourire. Il n'a pas mal au coeur, au fond, se protège de ce genre de douleur...
Il regarde le morceau de viande, puis Sera à nouveau. Un instant, son visage est celui d'un enfant affamé puis Ged se reprend. Parce que tout est affaire de secondes, chez lui, d'instants, de moments. ”Est-ce là ton seul repas? “ Il réfléchit un peu, pose les yeux sur les murs glauques de la pièce, secoue la tête. ”Allons ailleurs, dans un vrai endroit sans cafards.” Son regard se veut soudain dur, yeux bleu laser, yeux bleus aciers. ”J'ai de l'argent, je t'invite.” A quoi bon, murmure encore quelque chose en lui, oh à quoi bon? A tout ceci, à tout jamais, à une enfant comme une ombre désormais..
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Sera Selkayim
modératrice
Sam 25 Mai - 1:17
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the pastGed, mon garçon. Le blond de la chevelure éclaircit la noirceur du regard perdu de la femme. Perdu de ça, de là dans le monde des souvenirs, d’un passé, loin puis proche. Ça diverge, ça divague. Ça ondule dans l’esprit, ça se tort, ça se détend. Parce que tu es là, tu m’es resté toi. Tu es resté, tu es en vie. Et mon cœur s’en voit soulagé. S’en voit ravi et avec cette joie, ça palpite. Rougie les joues glacées par le froid de la souffrance. Ça réchauffe. Se reconnecter à la réalité, la réalité que tout n’est pas perdu dans cette vie. Cette bâtarde. Que tout n’est pas poussière d’étoile dans la galaxie. Que c’est palpable tout ça. Que tu es palpable, Ged. C’est tangible. Ça s’immisce en dedans. Alors quand il accepte de rester, elle se retrouve comme cette hôtesse qu’elle fut un temps, un temps avant. Une certaine fierté renait dans le creux du cœur, dans le creux du bide. Une pointe de normalité. ça papillonne. Frissonne aussi. « Bien. Bien. » Un sourire sincère éclaire le visage de la Maudite. Douceur dans les traits, amour dans le ton, le timbre de la voix.
Il aborde les cauchemars, Ged. Elle déglutit, Sera. Mh. Les nuits complètes et dénuées de violence sont rares, parce que c’est ainsi chez la brune. Les Monstres envahissent. Les Monstres sont l’insolence. Ils rôdent dans les moindres recoins des Ténèbres. Ils grignotent les parcelles des esprits tourmentés. La nuit est farouche. La brune s’adonne aux activités de nuit pour en éviter la noirceur. Le sommeil se fait court, ponctuel, elle s’est habituée à telle routine. Car l’esclavage ne donne pas ce droit. Le deuil le brise et puis la souffrance l’agite. « Reste comme bon te semble et comme il t’est possible, Ged. » Car cela lui fera plaisir à Sera. Oui, elle apprécierait garder encore le jeune homme à ses côtés. Le garder là avec elle. L’affection l’avait manqué, lui manque encore. C’est ce qu’il la constituait en plus d’être cette femme sanguine. Mais elle n’a jamais été dépourvue d’amour. Les émotions sont profondes chez la Mandalorienne.
La gorgée s’étale dans la trachée, reste sur les lèvres un peu. S’humidifie du liquide correlien chaud. La langue passe, efface les vagues de whisky. Sera se détourne et retourne vers sa surface de cuisson. Ça fume, c’est presque prêt. Oui. La fumée ondule dans le décor. Elle prend le morceau de viande et enlève le papier, côté par côté. Le papier emet son petit bruit dans le mouvement. Froissement dévoilant la part. Et Ged s’interroge alors la Maudite répond « Oui. C’est ce que j’ai pu tirer de mon dernier troc » Toujours la claque dans la réalité. Oh, elle n’était pas à plaindre, elle avait toujours mangé à sa faim avant, elle s’était toujours débrouillée. Mais depuis sa chute, c’était compliqué. Elle ne brille que par l’ombre qu’elle abat, Sera. Elle n’a plus la même prestance en cet instant. Car elle n’a que ce but vengeur. Et puis vivre aussi. Dans le regard de Ged, elle ressent le jugement qu’elle pourrait se porter à elle-même. Jusqu’où vas-tu descendre,Sera ? Et puis, elle se souvient qu’elle remonte sagement la pente. Parce que se sortir du merdier, ça a son prix, son impact sur l’âme. Son empreinte sur le cœur et l’esprit. Ça noircit la fierté. Le jeune homme l’invite. Et elle se sent un peu mal à l’aise. Face à l’enfant qui réussit plus que la mère. Et ça la dérange un peu Sera. Il réussit, c’est bien. Elle voudrait lui offrir des choses à Ged alors peut-être, peut-être plus tard et maintenant, maintenant elle proposera « Laisses moi payer l’apéritif si tu veux bien. » La phrase sort après beaucoup d’hésitation, à vrai dire. C’est dur d’accepter, impossible de refuser. Elle avait pourtant commencé à dire non. Dire qu’elle ne veut pas qu’il gaspille son argent pour elle, qu’elle ne mendie pas. Elle ne veut pas être une déception, Sera. Mais elle ne veut pas qu’il s’échappe, Ged, qu’il la laisse. Qu’il parte. Non, elle veut ce moment avec lui. La viande repart dans son emballage et rejoint le vieil appareil de froid pour la conservation. Elle finit son verre d’un trait et se prépare.
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Elle le regarde sans moqueries, sans douleur aussi à sa façon. Elle le regarde comme un enfant aimé, un petit prince à qui tout donner, même quand tout, ce n'est plus grand chose... Elle n'a pas les yeux du maître de Ged, Sera, plus glacés que la plus glacée des planètes. Des yeux froids, calculateurs, préférant montrer de la déception plutôt que de l'affection. Le regard de Sera, lui, donnait sur le gouffre noir et profond de son coeur. Il y avait des ténèbres, il y avait une chose battante aussi comme un animal étrange, et cela souffrait, cela souffrait tellement. Ged ne détourne pas les yeux, ils ne s'affrontent pas du regard, Sera, lui, ils cherchent simplement vers quel ennemi se tourner alors et il y a de la tendresse, tellement de tendresse. Quelque chose à donner, quelque chose qui ne se reprend pas, jamais. Le jeune homme a ses propres ombres pourtant, il ne peut aimer beaucoup. Pas comme d'autres... Sa mère est un souvenir perdu, son père aussi. Un instant, Ged se demande : l'ont-il pleuré il y a cinq ans de cela, l'ont-il pleuré au massacre des jedi? Il ne compte pas pour eux depuis des années, il est un enfant donné après tout. Donné, oublié... Sera ne l'oubliait pas, elle avait eu des larmes pour lui Ged en est désormais convaincu. Des larmes visibles ou invisibles, peu importe... Pour lui comme pour Del Nara, et cela lui déchire le coeur. Il n'a aucun mot assez fort, assez puissant, autour d'eux il n'y a que les cendres car ainsi disparaissent les rêves.
Encore une fois, Ged se rappelait l'enfant, la fillette. Elle lui avait demandé une histoire, une fois. A quoi cela servait pourtant, les histoires? Derrière les portes closes, son ancien maître car à présent Ged était chevalier lui aussi, les parents de Del Nara, et des mots qui devaient être dits, prononcés pour que l'enfant suive un destin étrange. Lui, on le chargeait de faire patienter la fillette, de la préparer aussi à sa manière. Parce qu'il n'y avait pas de choix, pour elle, pour ses parents, juste le chemin du Temple désormais... Raconte-moi une histoire, demandait la fillette alors, la voix sûre et le coeur tremblant pourtant. Lui aussi avait eu peur alors que venait le moment de partir. Il n'y avait eu personne pour attendre avec lui alors, un simple échange juste entre ses propres parents, un jedi qui ne deviendrait pas son maître. Comme s'il ne comptait pas... Pour Del Nara, Ged commença à raconter. Il lui parla d'un chevalier et la fillette applaudit les ténèbres en lui, déjà convaincue que la souffrance portait un coeur humain. Elle éclata de rire aussi quant, à un certain moment du récit, un écureuil vint voler le sabre du guerrier. Pour l'aider, Del Nara se mêla à la narration, faisant intervenir une femme capable de se battre elle-aussi. Cela rappela à Ged qu'il n'y avait pas que la Force, dans le corps de la Fillette, il y avait le sang de Mandalore aussi... Il n'avait pas eu le temps de terminer l'histoire, les portes s'étaient rouvertes, faisant s'avancer les événements.
Les portes, elles grincent encore dans son esprit. Il retourne au présent, à Sera, sourit un peu. Les apéritifs, une bonne idée, alors Ged acquiesce. Les ténèbres restent pourtant, les mots s'échappent, il ne l'es en empêche pas. ”Survivre, cela demande de faire des choses horribles. Toi, moi...” murmure-t-il. Il ne pleure pas, il pense simplement aux larmes. Les lumières sont vives dans le grand restaurant loin de l'Invisec. Ce n'est pas le plus cher, ce n'est pas le plus luxueux, il y a simplement de quoi se sentir prince le temps d'un repas.
”Alors ta tendresse pour moi n'a pas disparu.... Pourquoi? Il y a du sang sur mes mains, il y a du poison dans mes actes. Je t'ai toujours aimé comme une mère à ma manière, mais je sais aussi que je ne vaux rien...Oh, et sinon je vais boire un martini.”
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Sera Selkayim
modératrice
Dim 23 Juin - 19:28
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the pastLes regards se plongent dans les fibres d’un passé bien ancré. Il n’y a pas de jugement, de peur, de haine. Non. Car si elle a perdu un enfant, Sera. Elle en retrouve un. L’âge entre les deux n’était pas si éloigné. Mais la brune, la femme à l’esprit vengeur n’en avait que faire. Fils. Frère. Qu’importe. C’était lui. C’était Ged. La douceur ne disparaissait pas pour lui, l’amour aussi. Parce que dans les chemins guerriers, Sera avait cru en l’amour, en la force du mot famille. Le jeune homme aux yeux bleus sur le bord de la route. Tendresse dans les cœurs, amour dans l’esprit. Lui qui n’était qu’étincelle, pas de flamme. Il n’y avait pas de feu qui animait le blond non. Un vide semblait habiter le Jedi dans le carrefour des rencontres. Sera avait vu en lui l’incandescence timide dans les prunelles de glace. Elle avait juste saisi la particule pour lui apporter la chaleur, entretenir le petit foyer. Lui apporter ce quelque chose, un bout de son cœur.
Quand elle se perd dans les yeux de Ged en cet instant, elle revoit l’enfant, elle revoit les braises se ranimer un peu. Tu es là. Je le sais, je le vois. Les iris de Sera irradient le gouffre de solitude, éclairent le chemin de l’incertitude, de la souffrance et de la tristesse. Tu es là et ça attise mon cœur brisé. Tu es là et le palpitant est loin de me peser. Le breuvage aide un peu, soutient le corps éprouvé d’une femme humiliée. Le liquide s’étale dans la gorge, s’insinue dans les sillons du cœur, s’immisce dans les labyrinthes des pensées, les floutent un peu. Apaise les horreurs imaginées, atténue la haine, renforce la tendresse. Retient les larmes. Le verre vide sonne le départ vers un endroit plus serein. Les braises de la cuisine s’éteignent à l’image des ombres qui s’effacent dans les coins du logement de fortune. Del-Nara se cache, attend dans les Ténèbres du cœur de sa mère pour revenir la visiter, tel un fantôme.
Les portes, symbole de passage. Les paroles passent, les pensées s’effacent et laissent place à d’autre. Ged, quand il parle de survit. Des choses horribles qu’ils ont pu ou du faire pour survivre. Oui. Il est des choses, fils, dont on ne peut être fier. Elle aura exposé son corps, Sera. Elle aura porté la main sur des gens avant et surement le fera t’elle bientôt. Mais le regret n’a pas de place face à ce qu’elle a perdu. Parce que le seul regret qu’elle puisse avoir, c’est de ne pas avoir pu sauver sa fille et Ged par la même occasion. L’ombre n’est pas forcément bonne, elle n’est pas lumière. Mais on y sombre si facilement. N’est-ce pas ? Mais quand on a visité les Ténèbres, le Purgatoire des songes, qu’en est-il vraiment de l’ombre et la lumière, le bien et le mal ? Il n’y est d’utopie pour les deux. Alors on fait, on fait et puis c’est tout. Sera a vu sa personne s’effacer pendant son esclavage puis se renforcer, devenir quelqu’un d’autre. Elle a tué, Sera. Quand on le lui demandait là-bas dans l’arène. Parfois, pas souvent. La Mort envahit l’encéphale et l’obscurité s’intensifie. Trop pour ne pas humidifier les orbites, cracher du sang, vomir ses tripes. Il n’y a pas de fierté à tuer, mais le désespoir est une arme. Une arme parfois redoutable. Quand un guerrier tombe au plus bas… il faut s’inquiéter de son rebond. Sera est là, bien là. Si feu son époux était encore en vie. Elle aurait tout fait pour l’atteindre en cet instant et le tuer sans une once de regret, de remord, d’ombre ou de lumière, juste ce gris, ce gris de l’Entre-Deux, du Purgatoire où elle se trouve. Sans jamais avoir son jugement.
La tête acquiesce, le visage ne se déforme pas, sous aucun trait que ce soit. Impassible. Ce n’est le sujet que de quelques secondes parce que Ged. Son innocence. Les sourcils se meuvent, ils s’expriment, la brune arbore un regard perplexe. Passer d’une valeur de soi à un Martini. Il n’a pas tellement changé. A part de camps, Ged. Elle pose une main sur le bras du blond. Douceur mais fermeté, comme pour l’arrêter, le stopper dans sa pensée. « Chaque personne a une valeur, Ged. Tu en as toujours eu pour moi et ce sera le cas, jusqu’au-delà de la chute finale. N’en doute jamais. » Elle n’est pas un enfant de cœur Sera. Et ça se voit dans ses prunelles, le flot du sang la recouvrant et l’humiliation vécue l’envelopper. Mais le rebond est en cours, elle reprendra un peu de clarté sur ses ailes brisées de Damnée, Sera. Juste assez pour reprendre le cours d’une vie. Sera relâche sa prise doucement et se dirige d’un pas assuré vers le bar pour commander les boissons dont le martini désiré par Ged. Le regard noisette croise son reflet dans le miroir, les mèches s’éparpillent, s’égarent. « Je ressemble à rien. » ronchonne t’elle alors qu’elle se met à plonger ses mains dans sa chevelure, redresser les rebelles, rendre docile l’unique épi. Elle marmonne qu’elle ne devrait pas être celle qu’on invite parce qu’elle est dans les bas fond mais celle qui invite par plaisir. Surtout celui qu’elle considère comme un fils. C’est confus quand la fierté montre le bout de son nez pour s’en mêler. Et pourtant, pourtant elle ne lui en veut pas. Il est gentil là au fond, Ged. Elle le sait. Elle le sent. Le sourire d’une mère à son attention. Les verres se posent sur le comptoir. « Raconte moi, Ged. Raconte moi ton histoire. »
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Oh Sera pourrait-il penser, comme un cri, une prière. Et quel genre d'homme priait non pas à un dieu quelconque et diluvien mais à un coeur brisé? La femme devant lui définit une partie de ce qu'est Ged, de ce qu'il ressent ou ne ressent pas. Elle le sait, ça court sur sa peau, sous sa peau comme une triste fièvre et une fatalité tout à la fois. Comme une joie aussi, à sa manière, même s'il y a toujours des larmes et des chagrins. Sera sait le regarder droit dans les yeux, elle le fait sans haine ni colère, elle le fait avec un amour maternel et féroce, et que dit le proverbe déjà? Qu'il est des gens que seules leurs mères savent aimer... La haine existe dans les yeux de la jeune femme, c'est un feu de désespoir lorsqu'elle croise son propre reflet dans le miroir, lorsqu'elle essaye de se recoiffer, de retrouver un peu de l'épouse de diplomate en elle sans pour autant savoir comment faire. Sera, les cheveux au vent comme si ses pieds foulaient le champs de batailles d'une énième cité d'argent. Oh Sera, Oh mère qui n'est pas ma mère... Des prières, rien que cela et plus que cela tout à la fois. L'adulte en Ged attrape le pied du verre, le fait tourner encore et encore entre ses doigts. L'idée de raconter lui brûle la gorge, il a mal. Une solitude étrange l'écrase, et l'Inquisiteur sait n'éprouver aucun regret pourtant, juste un sentiment d'impuissance. Leurs vies auraient dûes être autres, voilà tout.
”Mon histoire...” Gorge sèche, yeux de tristesse, Ged secoua la tête. Chose étrange, il y avait des larmes dans son regard. De vraies larmes. Ged pleure, il a un martini entre les mains et plus aucune dignité au coeur désormais. Ca fait ça, un gros chagrin... Un jeune diable de flammes et de tourments ayant sauté à pieds joints dans une révolution mauvaise qui pourtant n'était pas la sienne. Et l'Empire était né de cela, et l'Inquisition était née de cela. Pas la Mort, car la Mort avait existé bien avant, existerait encore bien après...
”J'ai....désobéi, Sera. C'est cela mon histoire et je ne demande aucun pardon. J'ai désobéi parce qu'il me le fallait, et j'ai pensé autrement, comme j'en avais envie. J'y ai perdu mon honneur peut-être, mais quelle importance? L'honneur n'est qu'un mensonge de plus.” Tant d'incendies dans la mémoire de la glace, celle de ses yeux, celle de son regard. Ils sont face à face, la mère en deuil, le fils errant, ils ne s'affrontent pas mais il y a des ténèbres malgré tout. Sera a les yeux noirs d'une nuit étrange, Ged est un ciel et un océan.
”Tu as souffert, n'est-ce pas? Ce que tu as dit tout à l'heure.... Non Sera, tu ne ressembles pas à rien, tu es toujours toi. Il y a de la tristesse et il y a de la violence pas pas de masque, moins que sur moi en tout cas. Tu es toujours belle et tu es toujours forte. Je regrette...”
La voix du jeune homme est douce, affectueuse. Il ne tient pas la main de Sera, trop occupé à ne pas lâcher le verre auquel il n'a pas touché, mais c'est peut-être son cadeau à la femme devant lui, cette absence de contact, elle qui a dû toucher tant, elle qui a dû toucher trop...
”Je regrette de ne pas t'avoir cherché, je ne suis pas bon pour sauver les gens mais je sais tuer. Ta vengeance est la mienne si tu le désires..” :copyright: 2981 12289 0
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Sera Selkayim
modératrice
Mer 17 Juil - 18:00
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the pastIl y a cette légère retenue, ce soubresaut du corps chez Ged quand il prend son verre. Quand il occupe sa main pour calmer les vibrations d’un tourment. Sera ne pense pas faire mal, ne pense pas au mal. Mais le mal est certainement le plus présent en cet instant, en cette ère. Ça ronge, ça bouffe, ça anéantie des mondes, des esprits, des cœurs. Ça fait couler des larmes. Ça brise le palpitant. Il y a le boom, boom qui craque lorsque les perles ruissèlent des iris océans. Les flots s’émancipent sur les joues du blond comme une terre conquise. Le chagrin fait partie des maux et Sera est décontenancée face à celui de Ged. Qu’ai-je osé dire… ? qu’ai-je osé ouvrir … ? Le verre tournoie entre les phalanges, la nervosité s’évacue dans le système par flux. La Damnée ne pensait pas retourner à cette page, revenir sur ce chapitre qui semblait tout de même être un torrent de tristesse. Sur le chemin de la vie, et puis celui de la Mort, il y a ces âmes errantes. Il y a Sera, il y a Ged. Ces âmes qui n’ont pas pu quitter le Purgatoire, les Ténèbres qui les habitent désormais. Cette obscurité accentuée chez le jeune homme où perle l’immensité bleue.
Il déverse, Ged. Déverse ses remords, sa perdition. Il se laisse emmener par les flots du tourment. Ce chemin est-il inévitable ? Chagrins et Troubles. Oh Ged… Quel panneau avons-nous manqué dans cette vie ? La mère essaie de ne pas se noyer dans les vagues, les assauts des remords du fils perdu. Les confessions se perdent, les esprits se brouillent. C’est flou, et pourtant si clair lorsque la sincérité de l’obscur blond scinde les Ténèbres comme le ferait son sabre laser, là, à sa ceinture. Elle ne l’interrompt pas, Sera. Elle écoute, entend et se brise sur les rochers comme cette eau brassée. Il lui propose d’être cette main qui tuerait pour elle, qui vengerait pour elle. Qui ferait tout. Il n’y aurait pas plus grande fierté devant une telle preuve d’amour aussi inconsciente soit elle. Le Boom Boom s’agite, il rate des battements. Le souffle se coupe. Les phalanges effleurent les lèvres d’une Damnée perdue devant telle déclaration. Alors l’affection prend une nouvelle fois le dessus, car l’amour n’est pas loin du cœur de Sera. Non, il est palpable pour qui veut, dans ses yeux. Ses prunelles berçant le Néant, frôlant les abysses, goûtant au gouffre.
Sera s’approche, elle contemple les yeux rougis et bouffis par les pleurs. « Tes choix t’ont mené jusqu’ici, Ged. Tu as fait ce qui t’a semblé le plus juste pour toi dans la situation dans laquelle tu te trouvais. » La main arrime le menton du jeune homme, le pouce fait barrage aux torrents sur les joues. Un sourire teinte le visage de la brune, mère désireuse de réconfort. « je ne te blâmerai jamais quant à mon sauvetage. Qu’aurais tu pu faire, à part te mettre en danger ? Je n’aurai pu supporter te voir tomber ou que l’on te fasse du mal par ma faute. » La paume s’affirme contre la joue avant d’attirer le blond vers elle pour une étreinte. « Je ne saurais t’utiliser à mes propres fins, Ged. Que non. Je ne le pourrai. Je ne serais pas de ceux qui te manipulent pour leur propre univers. Parce que tu fais partie du mien, et si ne me reste pas… Le pardon ne serait que peine perdue. » L’étreinte se raffermit, les phalanges se glissent dans la chevelure. Tu es ce fils. Ce fils qui reste. Et pour qui l’amour ne s’éteindra guère comme pour ce frère qui aura lui aussi choisi sa voie. « Ged, je ne souffrirai que davantage si je t’entrainai dans ma vengeance. » Elle n’a de tempérance dans ses mots, Sera, car il n’y a que peu de temps qu’elle est sortie de sa bulle de trouble la Damnée. Vengeance. Sur qui ? Quand ? Comment ? Son époux était mort, elle aurait aimé s’en charger elle-même. Elle l’aurait eu sa vengeance. Vengeance. Sur une vie. Une mort. Un anéantissement. Destruction de l’épouse et du sang. Elle aurait vaincu le monstre. Le père. Non. Le géniteur. Au nom de Del-Nara. Au nom de sa chevelure brune virevoltant face au vent des plaines. Au nom de ses sourires pour Ged, cet être incompris. Au nom de leur fraternité à tous les deux. Au nom d’une famille.
Elle s’écarte un peu, la Dame et observe l’horizon qui se dresse dans l’océan des prunelles. « Tu mérites des choses, Ged. Des chances, des joies, des sourires, des étreintes, des folies amusées. Un peu de douceur aussi. » Mais c’est ainsi, et toi aussi, Sera. Toi aussi, tu as aimé le sang sur tes poings, ton visage. L’adrénaline que ça donne quand l’hémoglobine s’écharpe des plaies. Pourtant comme une maman, elle aurait aimé que pour Ged ce soit autrement. Et puis comme une Mandalorienne, elle aurait aimé que le caractère soit là. Que l’esprit combattant soit dans le creux des tripes. « On a tous cette hargne en soi, Ged. On l’exploite à diverses mesures. » Certains s’y complait. Et j’aimerai espérer que ce ne soit pas totalement le cas pour toi, Mon Océan. Parce que je sais que dans cette étendue, cette inconnue, il reste cette âme qui aime croire, qui aime être aimé avec cette véracité féroce. Parce que… « Sache que dans cette adversité, fils… Je t’aime. » Une larme vient rouler au coin de l’œil, s’émanciper sur la joue asséchée par Invisec. L’alcool aurait pu parler à sa place, gueuler de l’affection, brailler cet amour véritable. Mais en présence de ses enfants et de ses proches, Sera avait toujours été véritable.
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Je ne mérite rien, veut-il hurler, mais ses larmes ne font aucun bruit. Il y a la main de Sera sur sa joue, il y a les mots de Sera sur son coeur et que peut-on faire? Avant, elle consolait sa fille ainsi, et Ged ne se rappelle plus de l'étreinte de sa propre mère à lui, plus de son visage, plus de sa voix. Il n'y a que Sera, et Sera l'enlace et le console avec la même sincérité, le même amour que pour Del-Nara. Il baisse les yeux, son corps est une statue, son coeur un roc brisé. Rien ne s'y cache, le Vide est là, un loup de ténèbres et de néant, comme dans les contes anciens... Toutes les choses se détruisent, cela est comme un cataclysme, cela est comme un incendie. Une tombe anonyme pour Del-Nara, là quelque part, une tombe anonyme pour l'homme qui a été son Maître à lui avant d'emmener la fillette, il pense à cela, Ged. Et la dernière phrase est soudain comme un face à face, un duel. Ged sent le goût de la terre dans sa bouche, il sait qu'il a chuté, il sait qu'il est tombé quand bien-même tout n'est que métaphore. Sera le sait aussi, tout ce qui reste est un sentiment d'amour. La tête de Ged lui tourne, il ne regarde toujours pas la femme face à lui, il n'y arrive pas. Fils, l'a-t-elle appelé, fils... ”Ce ne sont pas des choses qui se disent, tes mots. Ils sont dangereux... “ Ainsi lui avait appris l'Ordre, ainsi lui avait appris le Temple. Je tue les jedi, aurait-il pu ajouter, mais Ged n'y parvient pas. Un mensonge, je suis un mensonge...
Cela est pire que le poids de toute une tragédie, lever les yeux enfin. Son coeur n'en est pas moins lourd, son coeur n'en est pas moins sombre et Ged reste Ged, assassin parmi les assassins, maître des mots et des manigances, visage d'enfant et coeur de monstre.”Tu me regardes dans les yeux et tu me dis que tu m'aimes, que dois-je faire?” La question est sincère. Tout n'est que murmure à leur table, Ged sens le souffle d'une route sombre, sans retour. Une voie obscure d'où on ne peut retenir, des mots comme un bouclier, des mots toujours vrais. Sera n'est pas venue sauver son âme, le coeur déchiré de l'Inquisiteur le comprend. Les choix sont siens, le restent, les meurtres et les chagrins aussi. Il y en aura d'autre, cela n'empêche rien. Les mots que je crache sont de l'ambre et des serpents...”Ainsi donc, passé cette nuit je serai désormais riche d'une mère véritable t toi, d'un fils ingrat et prodigue. Je suppose que le monde en est ainsi...” Et Sera, que se passera-t-il si je suis destiné à être le fils que tu verras mourir? Du bout de la manche, Ged essuie son visage. Un geste d'enfant comme il en a tant...Il ne pleure plus désormais, et tout est sombre, et tout est complexe. Il se sait capable de trébucher à cette affection triste, il se sait capable de mourir sans rien donner également. Sa voix enfin s'élève, un peu plus adulte, un peu plus dure, un peu plus vraie. ”Ais-je ta bénédiction, Mère, pour être ce que je suis, un traître et un fou?” Un sourire. "En ce cas, mangeons." :copyright: 2981 12289 0
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Sera Selkayim
modératrice
Jeu 8 Aoû - 21:09
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the pastSera voit la perdition dans les larmes de Ged, la confusion face aux mots, aux maux du cœur. Et c’est dur, dur pour lui. Ce garçon-homme. Celui qui avait pu supporter l’amour inconditionnel d’une sœur qui n’était même pas de son sang. Il ne semble pas revenir qu’il puisse être aimé… Ged. Le cœur craque en dedans alors qu’il baisse les yeux et qu’il contemple ses pieds, se toise. Il pense, il pense qu’il ne mérite pas telles paroles, qu’il n’en est pas à la hauteur. Le tableau, que Sera regarde, est déchiré, est comme ce sentiment d’être une anomalie dans la pièce, dans le cœur et ses cases. Il ne se sent pas à sa place, comme mal à l’aise et pourtant, pourtant Sera ne souhaite que l’acceptation. Elle ne peut cependant se mettre à contre-courant de ce qu’il décidera. Les mots du cœur, d’amour et de tendresse atteignent Ged comme ce poing qui avait valu à Darael ce nez légèrement arqué. « Ces mots se disent, ils se taisent aussi. Mais mieux vaut les dire tant qu’il est encore temps, car je ne saurai les taire. Ils ne sont dangereux que lorsqu’ils sont faux. » Pour lui, elle le sera, vraie, sincère et tendre. Ceux qui mériteront réellement d’être dits. La Dame n’a plus rien à perdre, si ce n’est lui et son frère qui soit dit en passant doit très bien se débrouiller tout seul. Elle est seule, la Damnée. Face aux Monstres, au Néant, à ses Ténèbres et son Purgatoire. A quoi bon ? après tout, s’attacher à de nouvelles personnes serait vain, sans doute, peut-être ? Le mérite t’elle ? Les questions la hantent parfois, et le palpitant s’emballe quand les esprits dansent autour d’elle comme autour d’un feu de joie. Elle pourrait vivre ainsi, en sachant qu’elle tient à quelqu’un, qu’on tient à elle encore un peu. Ce serait suffisant. Sans doute ne sera t’elle pas en demande. L’ombre vogue encore dans les pupilles de la brune fraîchement sortie d’une longue période d’incertitude. Elle perce les prunelles océaniques du blond à sa question. « Tu prends, tu gardes si tu le désires. Si dans les heures les plus sombres tu en as besoin, alors les mots et leur sincérité seront à tes côtés. « La Damnée est grise, cette femme errante dans les vapeurs froides du pays de l’Entre-Deux. Elle peut être Lumière, comme Obscure. Apporter la lueur comme balancer les ombres. Le museau tressaute un peu, se tord face aux odeurs que porte la cuisine. Les traits se tirent. Un sourire. « Les fils ingrats, on les mate sur Mandalore. » Taquinerie pour le réconfort, alors qu’il sèche ses larmes. Elle ne fait pas le poids face à un manipulateur de la Force. Qui serait elle pour affronter l’un d’eux… ? Une ignorante selon la situation et une désespérée/suicidaire dans l’autre. La perdition me mènera peut-être à périr sous ton sabre, parce que j’aurai osé essayer. Osé défier l’un des tiens, Ged. D’une manière ou d’une autre, la Mort viendra faire sa récolte. Parce que je ne suis pas éternelle. La Mort nous attend tous. Toi, moi, nous.
Il ne pleure plus, Ged. Il se redresse. L’homme prend la main sur le garçon. Et il demande, il demande la permission d’être un traitre et un fou. Inspiration. Expiration. « Je ne peux te refuser tel que tu es, Ged. Je veux juste que tu survives, que tu vives comme tu peux. Je ne peux te changer, je ne peux me le permettre. Je ne le veux pas. Tes choix sont les tiens. Tu es le fil qui brille là-dedans. » Elle montre son cœur, Sera et sa tête. Le sourire habille le minois, la fatigue étire les traits. Mais la vérité coule dans les sillons du visage. « Je vois que l’appétit est toujours le même. » Un rire s’extirpe de la gorge, ça surprend la Damnée, un peu. C’est véritable et puis elle s’apaise, se relâche et adopte la chaise comme si c’était la plus belle assise du monde. Confortable et agréable. « Que veux tu manger alors ? »
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the past
Survivre, un ordre qu'elle lui donnait. Il pensa à tous les coeurs que l'on avait arraché un jour, à ceux qui avaient cessés de battre, à ceux qui avaient recommencé. Il pensa aux Ténèbres aussi, là où d'une certaine façon, Ged avait trouvé bien des lumières, mais aucun mot ne venait. Sera, elle savait ce qu'il était, qui il était. Le sang sur les mains de l'ancien jedi, et elle ne disait rien d'autre que cet ordre : survivre... L'apaisement était-il si proche que cela? Tous les tourments des jedi qu'il avait affronté, tous les tourments jamais vaincus si ce n'est pas la mort de ceux qu'il avait tué et lui, lui qu'un conte, une légende, décrirait comme Mauvais parmi les Mauvais, il avait la Paix. Ce secret là, Ged préféra l'enfermer en lui. Cela n'effaçait en rien tous les sacrifices à venir, tous les choix, toutes les décisions, cela n'effaçait en rien les conséquences et les morts, tous les morts mais cela restait une arme pourtant, et quelle arme ! Une impression d'exister qui dépassait la simple impression. Il était là, dans la galaxie, sabre à sa ceinture parfois, sabre dégainé aussi. Il était là, sur un chemin tapissé de sang, de corps, de ténèbres mais et alors? Car il était là, il était là... Là, mais pas las, songea l'Inquisiteur avec amusement. Il baissa les yeux vers le menu à la taquinerie de la femme qui ne pouvait rien entendre de ses pensées. L'appétit était là lui aussi, ne partirait pas. Un fil dans une tapisserie, capable de faire ou de défaire tout un écheveau. La métaphore plaisait à Ged. Sous la table, il agita les jmbes un peu, pareil à un enfant un peu trop remuant, se balançant sur sa chaise. Et puis il haussa les épaules, l'expression sur son visage désormais complètement indéchiffrable.
”Je ne sais pas, je te laisse choisir.” La cruauté revenait, il ne pouvait pas s'en empêcher. ”Quand les choix viennent de moi, on trouve qu'il y a un peu trop de conséquences généralement.” Et le sourire sur ses lèvres était de malice pure, rien de plus. Tout cela allait et passait, les coeurs et les sentiments, le vide aussi. ”Être une bonne personne, cela ne rime tellement à rien...” Il l'avait été après tout, jusqu'à être quasi dévoré par une lumière bien plus cruelle et haineuse que les ténèbres. Où était la vérité là dedans? Les jedi ont tué ta fille, aurait-il pu dire à Sera. Ils l'ont tué en faisant d'elle une proie inutile, comme d'autres également. Ils n'avaient pas le droit, faire ça, essayer de rendre tout le monde semblable à eux. Encore une fois, les jointures de ses doigts se blanchirent alors qu'il serrait les poings. Des vagues de rage, de colère, des vagues de tristesse aussi, et puis la vie simplement. Ged regarda Sera, calme malgré les poings serrés. Après tout, ce n'était pas contre lui-même qu'il luttait... :copyright: 2981 12289 0
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Sera Selkayim
modératrice
Ven 20 Sep - 18:05
❝ I paced around for hours on empty ❞Mirrors of the past « Si choisir un plat a de grosses conséquences et bien prépares toi à en subir. » Sera ricane un peu puis le spasme s’éteint en un sourire. La froideur des premiers mots de Ged passe comme une brise fraîche sur sa peau déjà glacée par les années rudes du passé. Elle agite la main avec légèreté pour indiquer que la commande est prête. Le serveur leur indique qu’il arrive sous peu. Sourire sur le bord des lèvres, elle revient au jeune homme. « Personne n’est profondément et totalement bon. Nous faisons ou avons fait des choix parfois égoïstes. Nous ne sommes jamais foncièrement bon, Ged. » Elle pose sa main sur les phalanges qui blanchissent. Le poing se serre sous les doigts de la Dame. Mais qui est-elle pour dire quoi que ce soit. Elle aussi a des fois cette main qui se contracte, qui se met à haïr le monde, ses propres choix. Ce poings qui lui dit ô combien il avait été idiot de la séparer de sa fille, ô combien il aurait pu frapper le paternel de la bambine, son époux.
Sera retire sa légère emprise sur la poigne de Ged. Le serveur s’avance et s’annonce. Quelques pièces de sushis pour accompagner l’apéritif promis par la Dame qui demande un second service et une imposante pièce de viande, les desserts seront choisies plus tard. La soirée se poursuit avec certains échanges plus ou moins froid sur le passé, le présent. Peu sur l’avenir, car il n’est pas maitrisable et il ne vaut rien tant que la nuit n’a pas laissé place au jour. Il n’y a pas de restes dans les assiettes, juste cette petite amertume dans les yeux de la Damnée que cela puisse se terminer bientôt. Trop vite.
Les pas sont lourds sur le chemin du retour comme l’esprit de Sera qui ne peut presque pas se résoudre à le laisser partir sur les routes sinueuses de l’Empire. Une once de tristesse toque à la porte de sa conscience. Ça irrite, ça pique le cœur. Mais il reste. Il reste Ged. Et dans sa triste réalité, Sera retrouve un peu de banalité, ces bonnes choses qui font du bien, qui apaise. Celles d’avoir juste un être cher présent à ses côtés emmitouflé dans une couverture bon marché, pelotonné contre une petite peluche d’un cheval légendaire appartenant à Del-Nara.
Alors elle s’endort en paix, Sera. Redécouvrant les plaisirs d’un sommeil sans cauchemars, sans haine, sans cet époux immonde. Là où il n’y a que verdure, les ondulations de la chevelure sauvage d’une jeune et jolie jeune femme. Cette bambine devenue grande, Del-Nara, courant dans les collines de Mandalore sous le sourire discret de Ged. Les éclats de rire raisonnent, accusent la mère qui capture chaque moment de cette scène. Qui dévore l’entièreté de l’instant. Gardant précieusement dans son cœur, les éternelles imaginations d’une maman meurtrie.
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