Je parlais ce soir-là avec Gary, accoudé au bar comme un de ces alcooliques notoires. On discutait de la marche à suivre pour un éventuel vol de vaisseau. Tout ça était parti d’une simple blague. Une histoire de taille, comme d’habitude. Il avait commencé à me dire, que même avec un coup dans le nez, il aurait été capable de voler un chasseur Tie. Ce à quoi je lui ai répondu que j’arriverais sans difficulté à voler une navette, et ainsi de suite jusqu’à ce que l’un de nous arrive à dire qu’il serait aisé de dérober un destroyeur. Ah oui, quand même. On s’était regardé, une lueur de malice dans les yeux et on commençait à imaginer un plan pour rendre cette folle idée possible. Car oui, c’était possible. Avec l’aide de beaucoup d’hommes et avec une quantité non-négligeable d’armes, tout était possible. On ne se rendait pas forcément compte des conséquences qu’aurait eu ce vol, mais on s’en fichait. L’Empire n’avait qu’à bien se tenir si ce plan arrivait un jour à exécution.

Une mystérieuse femme fit irruption dans la cantina, je l’ai tout de suite remarquée. Avec sa chevelure sauvage et son air boudeur. Je dois dire qu’elle ne me laissait pas indifférent. Gary remarqua alors que mon attention avait finalement dévié et il se retourna vers la cause de ce soudain désintéressement.

« Tu devrais te méfier de cette femme » m’avertit-il. Je posais finalement mes yeux sur mon collègue, l’air interrogateur : « Ah ? » Il s’approcha de moi, pour venir me glisser quelques mots à l’oreille : « C’est elle qui a planté le gars avec un talon, tu sais à la levée de fond... Sur Aldeeran »

Cette révélation me fit sourire. J’avais entendu parler d’elle à de nombreuses reprises, mais je n’avais fait que l’imaginer, n’ayant jamais eu l’occasion de mettre un visage sur cette femme. Pour sûr, elle avait du chien, mais j’ignorais qu’elle en avait aussi le mordant. Je l’observais avec d’autant plus d’intérêt, hésitant un instant à l’aborder.

Et puis merde. J’avais maintenant une excuse pour l’approcher, sans craindre de passer pour un parfait idiot lourdingue. Je m'avançais alors vers elle, mon verre à la main, espérant ne pas me faire refouler à coup de chaussure dans la tronche. « Laisseriez-vous un grand fan de vos techniques de combat s’installer à votre table ? » Lui demandais-je, un sourire amusé aux lèvres, lui indiquant d’un coup d’œil discret, ses chaussures.

Elle entrait, couronnée de ses propres colères et peu lui importait alors d'être entourée d'amis, d'ennemis ou de solitude. Elle entrait, voilà tout, des regards se tournaient vers elle, on pouvait chuchoter, on pouvait l'ignorer tout autant.
Car Dune n'était qu'une femme capable de trébucher sur ses propres rumeurs, qu'on la préférait évanescente, sauvage, absente plutôt que là, présente, réelle, non pas avec ses charmes mais bien chacun de ses défauts.

Encore une fausse piste, encore un fantôme ne menant à rien et surtout pas à l'homme à six doigts. Elle en avait le coeur malade, prêt à vomir tout ce qu'il savait de ses propres battements et de son désir de vengeance. Pauvre coeur, va...
D'un simple geste de la main, elle commanda à boire, prit place à une table de la Cantina. Prit place en se fichant bien de tourner le dos à la porte ou non, d'être au milieu du regard ou une cible facile pour des ennemis quelconques. Un champs de batailles couvait en elle, et Dune ne reculait devant aucun coup bien au contraire alors le danger? Non, elle se riait du danger...

Bizarrement, ce ne fut pas une boisson qui vint à sa table, mais un homme. Ou alors, c'était un cocktail très bien caché et bravo au roi du design lui ayant donné apparence humaine? La jeune femme haussa un sourcil. Il la connaissait, ou du moins quelques unes des rumeurs, quelques uns de ses exploits.

”Hm? J'attendais plutôt une Piňa Corellia en fait, dure journée. Mais je vous en prie, vous servirez au moins à payer...” Ah Dune, toujours la phrase pour donner envie aux gens de la connaître et de s'extasier devant sa douceur et sa gentillesse. Toujours...

”Vous y étiez?” Un physique comme le sien, parmi les invités Dune aurait pu s'en souvenir. Peut-être. Il dégageait quelque chose, contrairement à d'autres visages se contentant de n'être que des façades...

”Ou bien vous connaissiez le mec que j'ai planté? En ce cas vous me devez de nouvelles chaussures. Elles étaient chères et je les aimait beaucoup.” Mais peut-être se servait-il simplement d'elle comme d'une excuse pour échapper à la compagnie d'autres perconnes?

”A moins que ce ne soit pour se venger... Désolé mais j'amais avant le premier verre, vous êtes d'accord?”

Et puis, par automatisme, les yeux de la jeune femme glissèrent sur les mains de l'inconnu. De grandes mains aux doigts extemement fins. Cinq d'un côté, cinq de l'autre, pas six, jamais six. Non, il n'était pas l'ennemi invisible qu'elle traquait depuis presque dix ans maintenant...

”Alors, ce sera quoi?”

Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire. Jouer l’homme portefeuille n’était pas ma première intention, mais j’admirais l’audace et le franc-parler. Au moins je savais à quoi m’en tenir, j’allais surement y laisser quelques crédits.

« Alors, ce sera quoi? »

À cette question, je pris place face à elle, déposant par la même occasion mon verre sur la table. J’étais satisfait d’avoir éveillé sa curiosité, et par conséquent de pouvoir satisfaire la mienne. Bien installé au fond de ma chaise, je touchais mon verre du bout des doigts et je lui répondis : « Non je n’y étais pas, mais je vous avoue que j’aurais aimé participer, rien que pour voir ça de mes propres yeux... »

Effectivement, je connaissais la « victime du talon », comme je m’amusais à l’appeler désormais. Je lui aurais offert mille paires de chaussures si j’avais été le parfait pigeon. Mais je n’étais pas dupe. J’acceptais de séduire, mais pas d’asservir.

« Disons que je vais payer vos verres, voilà ce que ça sera… Pour les chaussures, vous m’en voyez navré, mais à moins que vous n’acceptiez un second rendez-vous, je serais incapable de choisir la bonne paire. »

Je saisi alors mon verre, et en bu quelques gorgées regardant la belle avec un regard plein de défi. Je passais la manche de ma veste sur mes lèvres pour les sécher et je repris : « Ce crétin n’avait qu’à faire correctement son boulot, je ne suis pas là pour me venger si ça peut vous rassurer. Bien que je pense que vous êtes pas le genre de femme à avoir besoin de l’être »

J’étais d’humeur taquine ce soir, l’alcool déjà présent dans mon sang n’arrangeait rien. La nature profonde de mon être n’en devenait que plus visible. J’ignorais vraiment ou tout cela allait me mener, mais j’étais curieux. Elle me rendait curieux. Elle m’avait happé dès son entrée, sans même qu’elle n’ait eu besoin de prononcer le moindre mot. Lui parler me semblait être quelque chose d’inévitable. Je l’aurais sans doute abordé même sans excuse, mais j’étais bien content que Gary m’en ait servi une aussi parfaite. D’ailleurs, je l’avais abandonné sans un mot, il me jetait des regards de temps en temps, mais je n’y prêtais pas attention, bien trop obnubilé par la mystérieuse femme qui se tenait devant moi.

Le gars qui servait vint finalement apporter la boisson vaguement commandée plus tôt par la jeune femme, je le saisis fermement par le bras, l’invitant à s’approcher de moi. « Comptez ça sur ma note, ainsi que ceux qui suivront... Si cette charmante femme décide de poursuivre cette soirée à mes côtés » lui ordonnais-je en ne la lâchant pas du regard, un petit sourire niché à l’extrémité de mes lèvres. Le gars un peu brusqué, se demandait sûrement ce qu’il avait fait de mal pour mériter ce contact brusque. La vérité, c’est que je n’avais finalement que très peu de tact et de délicatesse. Je relâchais enfin mon emprise sur son bras, et je l’avais laissé partir après lui avoir offert en remerciement, une lourde tape dans le dos.

« Voilà mes crédits sont à vous, du moins juste pour ce soir. Pourrais-je en compensation savoir comment vous appelez ? »

”Il vous en faut une, de paire, vous, pour déjà proposer un second rendez-vous” notifia Dune.

Déjà, la jeune femme dressait autour d'elle fosses et murailles alors même que son sourire semblait charmeur, avenant. Une lame dans son regard peut-être, une lame entre ses mains sûrement, et un coup viendrait parce que c'était comme cela avec Dune.
C'était la violence et la trahison, c'était des coups toujours, encore et encore. Elle était partageuse, comme femme, le coeur sur la main à offrir de sa douleur comme ça. Le coeur sur la main, la main refermée en poing...

”Dune. Moi j'vais vous appeler le Baraqué”, reprit-elle. “Dans l'genre qui vous va bien ça se pose là.” De nouveau un demi sourire, des ombres dans le regard comme autant de promesses de coups bas.
Avec légèreté, Dune se saisit de son verre, trinquant contre celui de l'homme. Il connaissait sa réputation, du moins la rumeur la plus récente ou presque. Savait-il quelque chose pour la cambriole pour autant? Pas mal de profils différents lui demandaient des contrats, Driad ne détonnait pas dans le paysage, du moins pour la jeune femme.
Cependant, aussi sage et sagace soit-elle, Dune pouvait peiner à reconnaître un taun-taun dans un magasin de porcelaines. Aussi l'évaluation qu'elle portait aux gens possédait finalement bien peu de valeur...

”Vous inquiétez pas, Baraqué, je sais mettre des gens à terre avec autre chose que ce que j'ai aux pieds.” En vérité, non. Beaucoup de bravades dans ce que pouvait dire Dune, la jeune femme possédait des rudiments de combats mais l'imprévisibilité de ses actions l'aidait bien plus que ses capacités physiques.
Ca, et puis tout le quota séduction qu'elle s'amusait à avoir sur certains ennemis. Rien pour lui donner une belle réputation, une séductrice on s'en méfiait toujours et le charme était une chose de tellement versatile...
Des amants qui vous abandonnent, des qui vous oublient.
Dès qui ne se souviennent plus de ce qu'ils ont un jour pu trouver en vous...
Parfois, ça blessait même Dune et son coeur de pierre. Parfois...
La plupart du temps, elle s'en foutait. Sérieusement, son corps avait assez subit pour qu'elle ne s'amuse pas un peu avec maintenant, au diable le reste.
Quant aux sentiments...

”D'autres choses que vous désirez savoir? Vous avez de la chance, je m'amuse pour le moment avec vos questions.”

Quelques regards s'étaient tournés vers eux, la jeune femme les balaya de son dédain royal.

”Mais au fond, à présent que nous avons échangé plus de trois mots, vous préférez peut-être le charme de la rumeur à la vraie personne.”

« Il vous en faut une, de paire, vous, pour déjà proposer un second rendez-vous » m’avait-elle lancé avec un regard qui aurait fait trembler un tremblement de terre. Je n’ai pas pu m’empêcher d’étouffer un rire. L’audace de la lionne avait réveillé mon humour douteux, si bien que je ne pus m’empêcher de lui répondre : « Vous inquiétez pas pour ma paire, elle se porte très bien, bien assez pour supporter de vous revoir. »

Elle s’appelait Dune, et m’avait prénommé Baraqué. Drôle de surnom, mais je ne m’en plaignais pas elle aurait pu m’appeler le gros lourd, la grande tige, l’alcoolique… Le terme était plutôt flatteur comparé à ce qu’elle aurait pu imaginer pour me désigner. Je ne savais pas si j’étais masochiste, mais même si elle se montrait farouche à mon égard, j’appréciais sa compagnie.

« Vous inquiétez pas, Baraqué, je sais mettre des gens à terre avec autre chose que ce que j'ai aux pieds. »

« J’espère bien pour vous. Ça serait dommage de bousiller toutes vos chaussures. »

Elle n’était pas fermée à la conversation et semblait à sa manière, vouloir poursuivre notre drôle d’échange. Mon jugement, était-il biaisé par mon degré d’alcoolisme ? Je voulais effectivement lui poser d’autres questions, mais par laquelle aurais-je pu commencer ? J’entourais mon menton entre mon index et mon pouce, exagérant une réflexion poussée. Je jouais l’idiot, sans pour autant me moquer d’elle. Après quelques secondes de réflexion, je claquais des doigts pour mimer un éclair de génie.

« Comment se fait-il que vous soyez si entraînée ? Qu’est-ce que vous faites dans la vie à part dégommer mes collègues avec une facilité aussi déconcertante ? Vous m’intriguez. » Lui demandais-je, à la fois fasciné et amusé.

« Mais au fond, à présent que nous avons échangé plus de trois mots, vous préférez peut-être le charme de la rumeur à la vraie personne. »

« Je crois que j’apprécie les deux de la même manière. Vous n’avez pas la langue dans votre poche Dune. Certains y verraient un défaut, mais pour moi, c’est une grande qualité. »

Je n’aimais pas les minettes timides et fragiles, elles me rebutaient. À croire que j’aimais la difficulté et les problèmes. Hop une petite gorgée pour ne pas me dessécher. J’étais tellement captivé par elle que j’en avais oublié mon verre. Autant vous dire que ce ne m’arrivait pas souvent.

Je sentais le poids des regards peser sur nous, mais j’en avais rien à foutre. Ce qui se jouait face à moi était nettement plus intéressant que la totalité de la populace réunie dans cette cantina. Je la jaugeais de haut en bas, sans me cacher. Sa chevelure, ses yeux, son nez, sa bouche, son cou, la naissance de sa poitrine, son joli pendentif gravé dans l’iridium, l’aspect de ses vêtements contre son corps et enfin ses chaussures. Quand j’ai croisé son regard à nouveau, j’étais sur d’une chose. Cette femme aimait les objets de valeur.

« Vous avez bon goût, je suis vraiment curieux de savoir comment vous vous procurez toutes ces belles choses ? »

Timide, pourtant Dune l'était, cachant des choses d'elle sans oser rien en montrer. On la voyait tout autant que l'on voyait des demi-mensonges, des illusions cruelles. De vérités entières, la jeune femme ne se drapait pas. Trop de souffrances pour cela, trop de chagrin. La femme à qui Driad faisait face restait une comédie et Dune eut pitié de cet homme alors, lorsque lui-même venait avec son honnêteté entière malgré l'alcool, malgré le reste. Sa pitié n'avait rien de négatif cependant, il ne s'agissait pas d'un dégoût mais d'une forme premiere de sentiment, à la frontière de la compassion quand bien même Dune se refusait à avoir de la compasison pour quiconque d'autre qu'elle-même.

Certaines personnes avaient de belles âmes, pour Dune ce n'était pas le cas. Les yeux de l'homme la détaillaient, des regards pires que cela s'étaient posés sur elle déjà. ”Peut-être que je suis entraînée, peut-être que je le fais croire seulement” Parmi les hommes que Dune avait croisé depuis ses malheurs, quelques uns lui avaient donné les armes pour se battre, cela était vrai.
Hiram, Darael...
Pour parfaire ces armes, Dune y ajoutait sa propre séduction. Cela ne marchait pas toujours...

”Ces choses, quelques fous me les offrent parfois mais la plupart du temps, je les vole.” Et ce qu'elle volait, Dune ne le rendait pas.
Pas toujours...

”Vous souriez moins quand vous êtes sobre, non? “ Et Bam, niveau question pour pourrir l'ambiance, Dune maîtrisait assez. Elle même sirotait son cocktail, un sourcil relevé, un visahe neutre ou presque.
Un masque qui attendait d'être modelé avec le prochain sourire. Hypnotiser les gens, certains y arrivaient, Dune n'était qu'une femme cependant, pas la plus jolie, pas la plus ontelligente peut-être, alors elle se contentait d'intriguer. Un peu.

” Vous êtes pas avare en compliments en tout cas, ça change. L'alcool...une chose magnifique...faites m'en boire encore et j'arriverai peut-être à vous en faire? C'est fou comme certains mots passent plus difficilements que d'autres.”

Elle s'étira soudain, un mouvement brusque, pareil à celui d'un chat à l'attaque, mais Dune ne faisait que délier ses muscles. Le danger n'était pas là, pas encore.

”Puisque vous voulez tout savoir, non je ne tue pas et je n'assomme pas pour vivre. J'me respecte...” oups?”Par contre je vole. Je prends des contrats, on me paye pour ça et ouais, j'suis la meilleure.” Non, simplement celle avec la plus grosse réputation. ”Alors baraqué, quelque chose que vous voulez récupérer ou bien quelque chose que vous voulez vous approprier?”

« Peut-être que je suis entraînée, peut-être que je le fais croire seulement »

Toujours pleine de mystère, elle me menait certainement en bateau. Je ne la connaissais que par des rumeurs, des murmures. Je ne me fiais pas forcément à ce qu’elle me disait, une femme importunée pouvait bien raconter ce qu’elle voulait à un illustre inconnu. D’ailleurs, elle aurait pu me dire n’importe quoi ce soir-là. J’appréciais juste sa voix, sa prestance, son visage renfrogné et sa magnifique silhouette.

« Ces choses, quelques fous me les offrent parfois, mais la plupart du temps, je les vole. »

Des fous ? Surement des pauvres mecs comme moi qui tentaient de charmer la belle. Fallait-il être fou pour tenter de la séduire ? Surement. J’avais plein de défauts, mais je ne pensais pas l’être, jusqu’à maintenant. C’était donc une voleuse, ça lui allait à merveille. Se contentait-elle de voler le cœur des hommes et de leur dérober tous leurs biens ? Non il n’y avait pas que ça, elle semblait pleine de malice, ces charmes l’aidaient sûrement à quelques occasions, mais elle avait sans doute d’autres talents

« Vous souriez moins quand vous êtes sobre, non? »

« C’est vous qui me faites sourire, l’ivresse n’y es pour rien. »

« Vous n'êtes pas avare en compliments en tous cas, ça change. L'alcool...une chose magnifique...faites m'en boire encore et j'arriverai peut-être à vous en faire? C'est fou comme certains mots passent plus difficilements que d'autres.»

« N’avez-vous jamais été charmée par un homme ? Ça m’étonne. J’ai du mal à tenir ma langue en votre présence, mais si cela vous dérange, je peux toujours me montrer moins agréable où peut être préfériez-vous que je me conduise comme un sale con ? Je ne cherche pas les compliments, libre à vous de m’en faire si l’envie se présente sous l’emprise de l’alcool ou non.»

Elle me confia ensuite qu’elle ne tuait pas, bizarrement sur ce point-là, je la croyais. Les tueurs avaient une lueur terne dans leur regard, quelque chose d’indescriptible qu’on percevait rapidement chez ceux qui avaient délibérément déjà déverser du sang. D’ailleurs, je l’aurais immédiatement remarqué. Les tueurs se reconnaissent facilement entre eux. Elle n’avait pas besoin de connaître cet aspect de ma personnalité, du moins pas pour l’instant.

Dune me confirmait qu’elle était une voleuse, et qu'elle était payée pour le faire, cette précision effaçait le doute qui persistait dans mon esprit quant à sa façon de procéder.

« Que puis-je demander à la meilleure voleuse que je connaisse ? »

En vérité, je connaissais de nombreux voleurs, mais je n’avais côtoyé aucune femme de cette profession. J’avais vraiment envie de lui dire que je voulais qu’elle dérobe son propre cœur pour le déposer entre mes paumes, mais j’avais très certainement beaucoup trop abusé des flatteries grossières. Un sourire amusé trahissait mes pensées, mais je m’étais abstenu.

« J’ai entendu dire qu’un de mes chers confrères… » Je me retournais en faisant signe à Gary, l’air de rien, c’était plus habile que de le pointer du doigt et certainement plus discret « …Avait en sa possession une perle de Dragon de Krayt... Ramenez-la-moi pour notre second rendez-vous. Si vous êtes sage, en plus d’une coquette somme, je vous en ferais peut-être un pendentif. »

Je me fichais pas mal de cette perle, elle était rare et coûtait un paquet de crédit certes, mais mon intention première était de tester les talents de Dune, autre que celui d’avoir su accaparer mon attention aussi longtemps.

”Et vous pensez que je vais me rouler à vos pieds pour une perle de Dragon, monsieur le Baraqué?”

Oui, l'objet avait de la valeur et beaucoup de femmes se pavaneraient de porter un bijou pareil. Cependant Dune avaitr ce gros défaut d'aimer l'argent et les crédits tout en refusant d'être de ces personnes que l'on achète...sur certains points. Sur d'autres, sa moralité et son amour propre n'existaient plus si le nombre de zéros se révélait conséquent. Est-ce que Dune se respectait elle-même? Non, demandait-elle à d'autres de le faire pour autant? Oui.
Certains héritages étaient ainsi.

”Soit vous m'embauchez pour un travail quelconque, soit vous faites le job vous même. Comptez pas sur moi cependant pour aller dérober de quoi vous aider à me draguer...” Et le verre était vide entre ses doigts désormais, Dune n'en commanda pas d'autre.
Parfois, des hommes puaient la méchanceté et la douleur, parfois non. Elle songea à Ian, et elle regarda l'inconnu à qui elle n'avait pas demandé le nom. Lui non plus, n'était pas un mauvais bougre et il méritait mieux que la violence que la jeune femme déployait...

”Un conseil cependant: une coquette somme ne suffit jamais, avec moi.” Sous la table, sa main se posa sur le genou de l'homme. A lui d'y lire un danger, un défi : jusqu'où désirait-il cette perle, n'utilisait-il la séduction que comme excuse pour la reprendre? Il disait vouloir la faire en pendentif, peut-être...
Quelle valeur avait les peut-être?

”j'ai des sentiments, demandez moi de voler ce qui en a pour vous sinon où est le challenge, hein? “ Elle retira sa main, entre les mots le contact avait été bref. Une sorcière aurait pu s'y prendre ainsi pour un sortilège, mais Dune n'était pas sorcière, juste femme. Des mauvaus sorts, elle ne connaissait que ceux qu'elle subissait et cela était déjà beaucoup.
Beaucoup trop...

”Et si vous n'avez plus rien de valeur à voler ou faire dérober, alors ce n'est pas chaparder quelque chose qui vous consolera, mais détruire.”

Des vengeances autres que la siennes, des tragédies, dans la Galaxie le sang coulait toujours quelque part, n'avait pas attendu l'Empire pour cela. Les choses étaient ainsi...

”A moi de questionner : connaissez-vous un homme à six doigts?”