Kashyyyk. La planète des wookies. Ava ne s’y est jamais rendue auparavant et pourtant elle a appris tout ce qu’il est possible de savoir sur la planète avant d’atterrir, quelques heures plus tôt. Une planète qui n’est plus que l’ombre d’elle-même car sa population est réduite en esclavage. Esclavage. Ce mot devrait la faire frémir, lui rappeler son passé, ce qu’elle était. C’est le cas, mais sans douleur, sans haine, ni rage. C’est un fait. C’est ainsi, cela le sera toujours. On ne peut changer qui on a été, seulement qui on deviendra.
Ava ne peut s’empêcher d’être ébahie par la planète, sa verdure, ses paysages somptueux et surtout ces arbres gigantesques hauts de plus centaines à plusieurs kilomètres de hauts, les woroshyr géant. Un clan entier de wookie pouvait vivre dans un tronc évidé, taillé, comme on pouvait vivre dans une grotte. Mais Ava n’était pas sur Kashyyyk pour un wookie. Elle était là pour un humain. Banalement. Un humain qui se cachait sous les yeux de l’Empire, et c’était elle qui l’avait trouvé en premier. Sa prime -somme toute assez moyenne- serait à elle. Enfin, si elle parvenait à le trouver. Dès qu’elle avait atterri elle avait posé quelques questions dont elle avait eu les réponses. Elle savait vers où l’homme se planquait, mais dans une planète aussi immense, la tâche serait ardue… Et la récompense d’autant plus douce.
Le sang se met à battre dans ses veines, tandis que l’excitation, l’adrénaline grimpe en flèche. Que la chasse commence.

C’est la morsure d’une lame sur la peau tendre de son poignet qui la tire de sa soif de sang. Elle arrête la course mortelle de sa propre lame pour fixer son poignet dégoulinant de sang, avant de jeter un regard surpris à l’homme qui se tient à ses pieds. Puis, elle lui enfonce dans la gorge sans aucun état d’âme. A l’aide de son holotransmetteur elle enregistre la scène, et le corps afin de pouvoir toucher la prime et le laisse là, légèrement tremblante.
Elle s’est enfoncée dans la jungle pour pouvoir le trouver et le soleil commence à être masqué par les branches vertigineuses des arbres. Ava sait qu’elle n’a pas de temps à perdre. Il faut qu’elle rentre à son vaisseau, et surtout qu’elle soigne cette vilaine blessure à son poignet. Pas mortelle, mais Ava sent assez rapidement qu’elle faiblit. Elle est déjà de mauvaise humeur d’avoir été touchée, alors savoir qu’elle devient plus faible… c’est intolérable. Elle est censé tuer sans être touchée, sans même être vue. Et elle a échoué. Elle qui se targue d’être une ombre.
Oublie cela. Apprends de tes erreurs. Cela ne reproduira plus. pense t-elle tandis qu’elle marche à longue enjambée. Ava est concentrée sur sa tache, celle de retrouver son vaisseau, un médipac, se soigner, partir. Elle n’a jamais de médipac sur elle, se devant d’être le plus légère possible afin d’avancer vite. Et dans son métier, elle comptait plus que tout sur sa rapidité et sa souplesse. Ainsi elle ne s’encombre généralement pas d’armures, ou d’armes trop lourdes. En l’occurrence, elle regrette son médipac. D’autant plus que son poignet commence à la lancer étrangement.
Elle y jette un coup d’oeil et pâlit lorsqu’elle voit sa peau pâle, trempée certes de sang, mais dont les veines sont violacées et étrangement gonflées. Poison. Ce connard avait une lame empoisonnée ? Elle hésite à faire demi-tour afin d’aller la chercher mais elle y renonce, elle se sent faiblir. Elle tient toujours sur ses jambes mais sa tête s’embrume. Elle se perd dans des pensées inutiles. Trouver son vaisseau. Trouver du monde.
C’est tout ce qui compte.

Combien de temps s’écoule ? Elle ignore. La jeune femme avance de plus en plus laborieusement. Ses jambes se font plus lourdes. Une lourdeur mortelle, qui s’insinue lentement en elle. Sa vision commence à s’obscurcir un peu. Elle jette un coup d’oeil à la végétation alentours. Toutes ces plantes lui sont inconnues. Elle serre les dents et continue à avancer. Le crépuscule est sanglant maintenant quand il lui semble apercevoir une silhouette. Est-ce que c’était un wookie ? C’était grand en tout cas, alors, elle lance, tant qu’elle peut, d’une voix qui lui semble un peu pâteuse, comme si elle avait trop bu « Hey toi ! T’aurais pas un médipac par hasard? »
Avec le soleil en face d’elle, elle ne voit qu’une ombre s’approcher.

lancer de dés:

Lorsqu'Atlan avait quitté Quasar, il n'avait pas eu de but précis. Où se diriger ? Vers quelle planète se rendre ? Au final, il s'était laissé porter par les événements et se rendait surtout là où on le déposait. Ne disposant pas d'un vaisseau à lui, il dépendait des gens qui voulaient bien l'emmener depuis un spatioport. Difficile de prévoir quoi que ce soit comme trajet mais cela ne le dérangeait pas. Ainsi, il découvrait l'univers petit à petit, réalisant à quel point l'univers était grand. Comment alors retrouver d'autres utilisateurs de la Force ? La tâche semblait déjà bien plus compliquée mais il ne baissa pas les bras pour autant. Au contraire, voir tant de nouvelles choses était pour lui une opportunité qu'il n'aurait jamais cru possible.

Ses pérégrinations le firent se rendre sur Kashyyyk. Ce n'était clairement pas le lieu de vacances idéal. En pleine guerre, l'endroit était ravagé en partie mais la planète restait d'une beauté envoûtante. Tant de verdure, tant de choses qu'il n'avait encore jamais vues. A l'extrême opposé de sa planète natale, elle débordait de vie. C'était peut-être ça qui l'avait poussé à accepter de voyager jusqu'ici. Ca et aussi car il espérait pouvoir se rendre utile envers ceux qui en auraient besoin. S'il pouvait aider à lutter contre l'Empire, même à moindre niveau, il ne se gênerait pas. Et puis, un soigneur était toujours recherché, d'autant plus lors de batailles.

Puisqu'il n'avait évidemment pas été déposé en plein cœur du conflit, il dut se diriger à pieds à travers la végétation. Les bruits, les sensations, tout était nouveau. Pourtant, son instinct de chasseur se réveillait, essayant d'analyser ces nouveautés en guettant toute menace potentielle. Il se doutait bien que sur une telle planète, les prédateurs devaient être de taille. Il n'y avait qu'à voir les wookies pour se faire une idée. S'il n'avait pas encore eu la chance d'en approcher un – il se demandait d'ailleurs ce qu'il pourrait lui dire car il ne comprendrait pas un moindre grognement – il ne perdait pas espoir. De toute façon, il n'avait pas prévu de partir tout de suite. Pour ça, il fallait un vaisseau.

Alors qu'il était en pleine exploration, il remarqua que la nuit allait tomber. Il était peut-être temps de trouver un campement ou au moins un endroit où passer la nuit à l'abri. Choisissant de retourner sur ses pas, il ne s'attendait pas à entendre une voix humaine. Les mains encore pleines de plantes qu'il venait de cueillir, il se retourna d'un air ahuri. La personne qui venait de parler était une femme, l'air mal en point. Ou elle avait trop abusé de la boisson locale mais il pencha plutôt pour la première option. Une fois la surprise passée, il vint vers elle et tendit le bras juste à temps pour la rattraper. Ses forces semblaient la quitter. La demande de médipac était visiblement pour elle.

- Vous avez de la chance dans votre malheur, j'ai ça.

Jamais il ne partait sans au moins un médipac ou sa sacoche de soins. Et comme il venait de cueillir des plantes, il aurait également pu en préparer un sur le tas. Malheureusement il ne connaissait pas encore toutes les plantes. Quelques livres l'aidaient à se renseigner sur leurs propriétés mais il fallait qu'il le consulte avant de faire une ânerie. Le médipac permettrait au moins de temporiser selon la gravité de la blessure. La soutenant, il la fit s'asseoir contre un tronc d'arbre avec douceur.

- Mettez-vous là... Montrez moi votre blessure.

Tout en parlant, il lui donna le médipac pour qu'elle l'utilise si elle le pouvait encore. Il remarqua rapidement le sang qui tâchait son poignet et vint en recueillir un peu sur le bout de son doigt en veillant à ne pas appuyer sur la plaie. Une grimace de dégoût confirma ce qu'il pensait alors qu'il s'essuyait la langue pour retirer le goût. Poison. Maintenant qu'il voyait l'état de la plaie, il réalisa qu'il y avait peu de chance de faire une erreur de diagnostic. Un médipac ne suffirait pas même s'il l'aiderait à tenir le coup.

- Le médipac ne suffira pas. Il vous faut un antidote.

Déposant sa sacoche au sol où il s'était agenouillé pour être à la hauteur de sa soudaine patiente, il fouilla à l'intérieur. Plusieurs fioles s'y trouvaient, pour différents usages. Il en sortit une, l'analysa rapidement et la reposa avant d'en saisir une autre qu'il donna à la jeune femme.

- Buvez ça. Ca stoppera la propagation du venin le temps que je prépare ce qu'il faut.

Il déposa les plantes qu'il avait cueilli et ouvrit le livre botanique de Kashyyyk pour y trouver les renseignements qui l'intéressait. S'il avait une large connaissance des antidotes, il n'était pas encore certain du poison qui rongeait les veines de la jeune femme. Et mieux valait être sûr car il était hors de question qu'il la regarde mourir.

@Ava Odan

Ava sent que quelqu’un la rattrape. L’espace d’un instant, elle se demande pourquoi on la rattrape, est-ce qu’elle est tombée ? Est-ce qu’elle est faible à ce point ? Peut-être que le poison n’est pas mortel, peut-être est-ce juste une atteinte physique. Oui, décide t-elle, c’est cela. Elle sera remise bientôt. Elle remarque les mains d’un homme. Un homme pas un wookie. Pourquoi a t-elle pensé que c’était un wookie ? Ah oui, elle était sur Kashyyk, et cet homme avait l’air d’être grand. Non, il était grand. Elle l’observa un bref instant, cheveux blonds longs, il sentait… les plantes ? Bizarre. Enfin, si il lui disait qu’elle avait de la chance, elle voulait bien le croire.
Il avait un médipac ? Tant mieux. Ava sentit contre son dos le tronc rugueux d’un arbre. Cela alla mieux l’espace de quelques secondes, le fait d’être assise. Quelques secondes durant lesquels elle observe l’homme mais sans réellement le voir. D’habitude elle est douée pour regarder les gens, réellement les voir. L’homme parla encore, mais Ava eut du mal à saisir ses mots. Tout ce qu’elle savait c’est qu’étrangement, elle n’avait pas peur. Elle qui d’habitude ne comptait que sur elle même et fuyait les autres. La partie rationnelle de son esprit qui lui restait murmura que de toute façon elle n’avait pas le choix.

Des doigts parcoururent sa blessure, poisseuse de sang. Elle ne vit pas la grimace sur le visage de l’inconnu -tant mieux-. Toutefois, elle entendit clairement que le médipac ne serait d’aucun effet sur du poison. C’était idiot. Elle allait peut-être mourir ici, dans cette forêt, presque dans les bras d’un inconnu. Si elle avait eu l’esprit clair elle en aurait éclaté de rire. Ava n’avait pas peur de mourir, non. Elle n’était pas prête non plus, mais pas effrayée. Après tout, la mort, c’était son métier. Son seul espoir résidait en un antidote. Elle veut parler, mais elle ne parvient pas à ouvrir la bouche. Ses doigts et ses orteils commencent à s’engourdir de plus en plus. Heureusement qu’elle était déjà par terre.

«  Buvez ça. Ca stoppera la propagation du venin le temps que je prépare ce qu'il faut.  » Ava avala le contenu d’une fiole sans sourciller. En temps normal, sa nature méfiante aurait repris le dessus et elle aurait refusé tout net. Mais elle n’était pas en état. Finalement, elle réussit à parler d'un don décidé, têtu « Je ne vais pas mourir. » Elle tutoyait tout le monde normalement. Lorsqu’elle était esclave, elle était obligée de vouvoyer les gens. Lorsqu’elle a été recueillie par sa « famille », elle était obligée d’être soumise et respectueuse. Libre, elle décida de ne respecter que ceux qui le méritaient vraiment. Et personne ne le mérite. Sauf peut-être cet homme, qui ne sait rien d’elle, de ce qu’elle est, de ce qu’elle fait, et qui lui vient en aide.
« Vous allez l’air… de vous y connaître » en plantes voulut-elle continuer à dire, mais les mots s’arrêtent net. Elle louche sur le livre qu’il tient. Elle croit reconnaître des dessins. De la botanique ? Peut-être qu'elle est entre de bonne main. Elle veut y croire, pourtant, ses instincts reprennent le dessus et l'une de ses mains glisse sur sa hanche où se trouve normalement une de ses lames. Mais ses doigts ne croisent que le vide.

La blessée n’était guère bavarde mais cela n’avait rien de surprenant. Il était assez rare que quelqu’un souffrant soit volubile. Sauf ceux qui avaient réellement peur d’y rester. Soit elle sous-estimait son état, soit elle avait suffisamment la foi pour espérer rester en vie. Par chance, elle était tombée sur quelqu’un qui la comprenait et surtout qui était capable de la soigner. En tout cas, qui avait la formation pour. Pour le reste, cela restait encore à voir mais il était confiant. S’il n’était pas du genre à se vanter, il savait qu’il avait les connaissances pour pouvoir aider la jeune femme. Et il n’allait de toute façon pas la laisser tomber, même si il ignorait qui elle était. Peut-être était-elle une ennemie qui allait le poignarder dans le dos une fois guérie. Peut-être avait-elle été blessée par un innocent. Impossible de le savoir. La seule chose dont était certain Atlan, c’était qu’il y avait peu de chance qu’elle soit une impériale. Ses habits et les marques de son visage n’étaient clairement pas représentatifs d’un membre de l’Empire. Ces derniers portaient des uniformes reconnaissables entre mille. Quand bien même, le guérisseur n’aurait pas laissé tomber quelqu’un qui en avait besoin.

Une fois le médipac administré, il se focalisa sur l’élaboration d’un antidote. Chaque minute comptait. Au moins, sa patiente ne discutait pas ses directives. Sans doute n’en avait-elle pas la force de toute façon. Et puis, il faisait ça pour elle. Mieux valait qu’elle obéisse si elle voulait rester en vie. A nouveau, elle parla et ses mots surprirent Atlan autant qu’ils l’amusèrent. Avoir la conviction d’une chose, aidait grandement à sa réussite. La volonté représentait une bonne part du succès, surtout dans le domaine de la guérison.

- Je ne le permettrais pas.

Pas question qu’elle y reste. Il avait dédié sa vie à prendre soin des autres alors pas question que la première personne qui avait besoin de lui depuis un lustre décède dans ses bras. L’inconnue fit remarquer qu’il s’y connaissait, ce qui le fit sourire. Il espérait bien s’y connaitre suffisamment pour pouvoir la sauver.

- Dans votre malheur, vous avez eu la chance de tomber sur un guérisseur.

Peut-être que cela lui donnerait davantage d’espoir quant à sa condition. Plongé à nouveau dans le livre de botanique, il fut rassuré de voir qu’il avait cueilli plusieurs plantes fortes utiles. Mais pour que le mélange soit efficace, il fallait le chauffer. Un feu s’imposait. Atlan se leva, fit de la place sur le sol et installa des cailloux en cercle pour éviter la propagation des flammes une fois que le feu serait allumé. Il se hâta de récupérer du bois et l’alluma dès que possible. Il ignorait si les nuits étaient fraiches sur Kashyyyk mais il n’allait pas tarder à le savoir. Une fois le feu crépitant, il broya des feuilles dans une petite fiole, y mit un peu d’eau pure et la coinça sur le feu pour que cela produise le mélange nécessaire. Il fallait juste attendre un peu.

En attendant, il se rapprocha de la jeune femme et vint poser ses doigts sur son front. Il était glacé, ce qui n’était pas bon signe. Probablement serait-elle déjà morte si le médipac ne retardait pas les effets. Au moins le feu apportait un peu de chaleur pour compenser mais il n’était pas certain que cela suffise. Il se redressa donc et retira le long drapé qu’il portait, dévoilant l’armure de cuir qu’il portait dessous et qui ne laissait apparaitre que ses bras. Aussitôt, il déposa avec douceur le drapé sur elle, le mettant bien pour qu’il la couvre suffisamment et qu’elle soit un peu plus au chaud. Il profita de la proximité pour examiner un peu plus sa patiente, appuyant légèrement sous ses yeux pour les regarder. Le poison progressait mais lentement. La nuit risquait d’être longue pour elle.

Se retournant vers le feu, il récupéra la fiole à l’aide de deux brindilles pour ne pas se brûler et versa le contenu dans une autre fiole. Il y ajouta un autre liquide et mélangea le tout. Approchant son nez de l’ouverture, il renifla la mixture et hocha la tête d’approbation. A genoux près de la jeune femme, il approcha la fiole de ses lèvres.

- Buvez. Ca stoppera l’effet du poison. Il mettra du temps à quitter votre corps, il faudra beaucoup boire. Vous avez une gourde ?


@Ava Odan

Sur Tatooine, les nuits sont glaciales. Aussi froides que les journées sont d’une chaleur étouffante. De cela, elle se souvient parfaitement. Trop parfaitement. Il lui semble sentir le feu du soleil, et le froid glacial de la nuit à la fois dans son corps. Le poison et ses effets sans doute. Ava est prête à payer cher pour aller chercher la lame et la faire analyser afin de savoir quel est ce poison qu’on lui a inoculé. Elle ne l’utilisera sans doute jamais, elle n’a pas d’ennemis, et lorsqu’elle tue, c’est le moins douloureusement possible. C’est sa son éthique, et ne jamais tuer d’innocents aussi. Pour ce que ça vaut. Mais elle l’a mérité. Elle n’a pas été assez prudente, ou a été trop sûre d’elle sur ce coup-là. Les risques font partis du métier.
Ses lèvres s’ornent d’un léger sourire lorsque l’homme lui répond qu’il ne lui permettrait pas de mourir. Elle non plus ne se laisserait pas mourir, pas sans se battre. Ce n’était pas son heure. Ava était une personne assez croyante, ou plutôt, elle avait la foi. Et elle l’avait en ce moment, comme dans tous les instants. Sa foi l’accompagnait dans tous les moments de sa vie, lui permettait de surmonter toutes les épreuves. Elle n’avait pas été comme ça, lorsqu’elle était jeune et qu’elle croyait son destin tout tracé : esclave, de son premier souffle à son dernier. Mais son mode de vie l’avait changée. Elle avait évolué. Ava ne se considère pas comme une mauvaise personne, ni comme une bonne. Comme tant d’autres, elle évolue entre un entre-deux.

Un guérisseur? Ava aurait voulu en rire, mais tout ce qui sort de sa gorge c’est un souffle saccadé. Est-ce qu’il l’aurait soignée même en sachant que c’était une tueuse ? Qu’elle avait laissé un cadavre à quelques centaines de mètres seulement ? Elle ferme les yeux pour savourer l’ironie de la situation quelques secondes, et pour oublier le poison qui se répand dans son corps.
Ava perdit sûrement connaissance l’espace de quelques minutes parce que lorsqu’elle revint à elle, ce fut pour entendre le crépitement d’un feu naissant et l’odeur âcre de la fumée qui lui chatouilla les narines. Elle aimait cette odeur, de feu de bois, et celle de la verdure environnante. Le guérisseur posa ses doigts sur son front. Ava, adossé au tronc, ne peut faire de mouvement de recul. Elle est trop faible pour cela, et elle sait qu’elle doit lui faire confiance. Après tout, c’est elle qui a demandé de l’aide. Lui n’a pas demandé à se retrouver avec une femme empoisonnée sur les bras. Tâche d’être plus conciliante et moins méfiante s’exhorte t-elle. Sa gorge s’asséchait lentement, comme si elle avait du sable dans la bouche et les frissons parcouraient de plus en plus son corps. Avec étonnement, la jeune femme regarda la guérisseur se défaire de son long vêtement pour venir le poser sur elle. Si elle avait été émotive, elle en aurait presque pleuré. Personne n’avait pris autant soin d’elle depuis sa mère. Et cela faisait vingt ans. Après cela, Ava n’avait pu que compter que sur elle. Elle ferme les yeux. Elle a eu de la chance de le trouver, mais elle préfère largement les droïdes médicaux. Pas de sentiments, rien. Alors que s’il la sauve, elle va se sentir redevable.

Le guérisseur se retourne vers le feu. Ava ne cherche même pas à regarder ce qu’il fait, tout ce qu’elle voit c’est une nouvelle fiole qu’il approche de nouveau de son visage et de ses lèvres. «  Buvez. Ca stoppera l’effet du poison. Il mettra du temps à quitter votre corps, il faudra beaucoup boire. Vous avez une gourde ? » Elle attrape la fiole de ses doigts tremblant, l’avale rapidement avant de la lui rendre et de répondre « Désolée, je n’ai rien sur moi » à part mes vêtements et mes armes. Une gourde. Ava ne s’encombre pas d’objets inutiles. Sans doute en aurait-elle pris une si elle avait été dans un désert, mais ce n’était pas le cas. Elle était là pour tuer, pas pour se balader. Il lui faudrait boire beaucoup, sans doute pour éliminer le poison plus rapidement. Enfin, c’est ce qu’elle avait entendu dire. « Je peux savoir qui vous êtes ? » demande t-elle ensuite.

Soigner était tout un art. Atlan l’avait bien appris au fil des ans. Quelque chose qui pouvait sembler simple au premier abord mais qui était bien plus complexe qu’on ne le pensait. Il y avait tant de maux et tant de solutions différentes. Parfois, les maux étaient connus mais pas forcément les remèdes. En tant que guérisseur, il s’était mis en tête de continuer à apprendre de nouvelles solutions pour aider ceux qui l’entouraient. Après tout, s’il n’était pas tombé sur un guérisseur compétent, il aurait pu ne jamais remarcher normalement. Toute guérison, aussi pénible était-elle, devait être menée à bien, jusqu’au bout. Sans doute que la femme qu’il était en train de soigner ne désirait que reprendre sa route. Mais il allait falloir qu’elle se montre patiente. Le poison était retors, on ne s’en débarrassait pas si facilement. Vu la plaie, elle n’avait pas été blessée par une plante ou un animal. C’était trop net. Cela venait clairement d’une lame aiguisée. Agresseur ou agressée, elle était néanmoins sa patiente et il ne la jugeait pas. Mais le danger la guettait peut-être. Si elle n’avait rien dit pour le moment et qu’elle ne semblait pas poursuivie, il préférait tout de même rester sur ses gardes au cas où quelqu’un viendrait subitement les attaquer. Bien qu’il ne fût pas guerrier, il savait se battre mais préférait largement rester pacifique. Mais si c’était pour protéger sa patiente, il ferait ce qu’il fallait.

L’antidote prêt, il aida la jeune femme à le boire jusqu’à la dernière goute. Elle ne possédait malheureusement pas de gourde sur elle et celle d’Atlan était vide, ayant utilisé le peu qu’il lui restait pour préparer l’antidote. Alors qu’il réfléchissait, sa patiente l’interrogea sur son identité.

- Atlan. Un voyageur. Je ne suis pas ici depuis très longtemps. Comment vous appelez-vous ?

Se souvenait que, un peu plus loin, il avait vu un lac, il opta pour cette option. C’était l’endroit idéal pour se ressourcer mais il ne voulait pas la laisser seule. Ou en tout cas pas sans protection. Il retira de sa ceinture une machette, bien pratique pour se faire un chemin à travers la jungle de Kashyyyk, et la tendit à la jeune femme, lui présentant le manche.

- Au cas où. Je n’en ai pas pour longtemps mais je ne voudrais pas vous laisser sans protection. Je vais aller remplir la gourde. Essayez de ne pas vous endormir.

Il lui sourit puis récupéra la gourde et tourna les talons pour se rendre au lac à grandes enjambées. Même s’il savait qu’elle était sauve en ce qui concernait le poison, ce n’était pas une raison pour l’abandonner à son sort à présent. Tant qu’elle n’était pas sur pieds, il préférait continuer de veiller sur elle. Boire aiderait le poison à quitter le corps plus vite, aidé par la transpiration. Et pour cela, il fallait qu’elle ait chaud. Il aviserait sur ce point à son retour.

Une fois la gourde remplie, il en profita pour boire un peu directement à même le lac pour ne pas prendre sur la réserve. Sans perdre plus de temps, il revint au campement de fortune, rassuré de voir que rien n’avait réellement bougé. En tout cas, pas de visiteur indésirable. Le feu dissuadait sans doute les animaux un peu trop curieux. Atlan s’approcha de la jeune femme, la gourde ouverte et la pencha doucement près de sa bouche pour qu’elle boive.

- Buvez doucement… Essayez d’en boire au moins la moitié.

Il lui laissa la gourde et récupéra assez de bois pour que le feu puisse durer au moins toute la nuit. Il ne voulait pas prendre le risque de la bouger maintenant. Le poison mettrait au moins la nuit à quitter l’organisme de sa patiente. Rester ici semblait être la seule solution.

- Il faudrait que vous transpiriez un maximum. Pour évacuer le poison plus vite. Le feu ne va peut-être pas suffire, les nuits ont l’air fraiches.

A ces mots, il s’approcha d’elle et souleva son drapé pour se glisser dessous lui aussi. Heureusement, le vêtement était assez grand, bien qu’il ne couvrait pas le bout de ses jambes. S’appuyant contre le tronc, il remit le drapé correctement, surtout sur la jeune femme, et l’entoura de son bras pour la coller à lui. La chaleur humaine était efficace dans ce genre de situation. Il espérait que cela suffirait à ce qu’elle soit bien.

- Vous êtes bien installée ?


@Ava Odan

Il disait s’appelait Atlan et être un voyageur. Au vu de ses vêtements, elle était prête à le croire. Guérisseur, mais vêtu d’une armure en cuir. Pas une protection optimale comme pouvait l’être d’autres matériaux, mais bien pratique quand même pour se protéger un peu. « Je m’appelle Ava » répondit-elle lorsqu’il lui retourne sa question. Il ne lui a pas donné de nom de famille, elle n’en donne pas non plus même si cela n’aurait rien changé. Elle est une anonyme, un fantôme presque. Son nom ne dit jamais rien à personne et cela restera toujours le cas. Ou du moins elle l’espère. Avoir à changer d’identité, cela ne lui ferait pas plaisir.
Atlan retira une machette de sa ceinture et la lui tendit. Ava a un léger froncement de sourcils avant de l’accepter. Si elle a perdu une lame, elle en a d’autres sur elle, qui sont bien à leurs places. Elle les sent. Mais il n’est pas censé le savoir. Au cas où dit-il. Ne pas s’endormir. Très bien.
Si il ne faut pas dormir alors Ava ne s’endormira pas. C’est facile. Tout est dans la tête, tout est une question de volonté. Et de la volonté, elle en a. Elle a appris à contrôler son corps pendant des années au prix d’un entraînement acharné. Elle avait payé le prix de chacune de ses erreurs. Bien que plongée dans ses pensées, Ava entendit Atlan revenir. Elle n’avait absolument pas bougé, ses yeux fixés sur les flammes qui dansaient sous ses yeux dont la douce chaleur aurait du se diffuser dans son corps.
Il lui tendit la gourde remplie d’eau claire. Elle obéit aux instructions et ne se contente pas d’essayer d’en boire la moitié, elle en boit la moitié. L’eau a un goût amer dans sa bouche et elle se force à avaler. Elle doit boire. Peu importe si elle n’en a pas envie. Elle a toujours la bouche si sèche mais il lui semble que le feu de ses veines diminue un peu.

«  Il faudrait que vous transpiriez un maximum. Pour évacuer le poison plus vite. Le feu ne va peut-être pas suffire, les nuits ont l’air fraîches. » Boire et transpirer. Ava ferme les yeux. Heureusement qu’elle se fiche comme d’une guigne de ce que les gens pensent d’elle. Toutefois, elle ne peut s’empêcher de regarder Atlan les yeux ronds pour s’installer à côté d’elle. Elle sentit son bras se glisser autour d’elle et l’attirer à lui. Super. Elle tâche de se détendre du mieux possible. Se met en tête qu’il est là pour l’aider. Mais les seuls hommes qu’elle touche, c’est pour les tuer. « Vous êtes bien installée ? » demande t-il. Elle lui réponds d’un léger hochement de tête. Oui, elle est bien installée. Elle sent l’engourdissement de ses doigts s’atténuer. « Je vous préviens si vous me demandez de me déshabiller je vous tue » fait-elle, à la fois une menace et une plaisanterie. Elle sait qu’elle doit garder ses vêtements pour transpirer plus, même si ces derniers sont ne sont pas des plus épais. Elle n’a qu’une hâte, dès que cette histoire sera finie elle rentrera à son vaisseau histoire de se laver. Le sang de son poignet  commence à sécher, le sien, et celui de l’autre. Le médipac a fait son effet sur la plaie, mais pas sur le poison. Elle n’a vraiment pas été propre sur ce contrat, se reproche t-elle.

« Qu’est-ce qui vous a amené ici ? La curiosité ? » Kashyyyk était une belle planète après tout. Comme la plupart des planètes de la galaxie elle était originale à sa façon, unique.

L’inconnue empoisonnée avait donc un prénom : Ava. Si Atlan n’avait pas donné son nom de famille car il n’en avait jamais réellement eu l’utilité avant de quitter sa planète, il ne s’étonna donc pas qu’Ava fasse de même. Cela leur suffisait amplement pour discuter. Il ne connaissait pas d’autre Ava et pour le moment ils n’étaient de toute façon que deux. Seuls au monde. Si elle n’était pas bavarde, sans doute à cause de son état, Ava était une bonne patiente. Obéissante et calme. Peut-être était-elle assez posée pour comprendre qu’elle n’avait de toute façon pas le choix. Mais parfois, face à la mort, les gens réagissaient étrangement. Atlan avait déjà vu des cas de panique extrême où le patient se faisait d’autant plus mal par peur de souffrir ou de mourir. Les réactions n’étaient pas toujours logiques. Ava semblait cependant avoir un mental fort. C’était en tout cas l’impression qu’elle lui donnait et c’était sans doute ce qui allait la sauver.

Il était naturel pour le guérisseur de prendre soin de sa patiente sans réellement lui demander son avis. N’ayant pas été habitué aux us et coutumes de la plupart des autres mondes, il n’avait pas conscience qu’il risquait de gêner la jeune femme à la coller ainsi. Lui, ne voyait absolument pas le mal et ne pensait même pas qu’elle puisse se méprendre sur ses intentions. Au moins elle ne se débattit pas ou ne le menaça pas avec l’arme qu’il lui avait laissée. Ainsi, il ne fut même pas sur ses gardes, persuadé qu’elle ne lui ferait rien. Il fut même surpris de la réflexion qu’elle lui fit, ne comprenant pas qu’elle pouvait plaisanter.

- Le but c’est de vous tenir chaud. Si vous retirez des vêtements, ce serait contre-productif.

Il sourit pour la rassurer, ne réalisant pas le sous-entendu qu’il pouvait y avoir dans la phrase d’Ava quant au fait de se déshabiller. Atlan aimait les femmes mais là ce n’était clairement pas le moment. Elle était sa patiente avant toute autre chose. Et il fut rassuré de la voir parler un peu plus. L’antidote faisait effet, l’eau aussi. Il ne restait plus qu’à rester patient pour qu’elle puisse être totalement guérie.

- Vous avez deviné ! Je n’avais jamais mis les pieds ici et j’avais cru comprendre que la planète regorgeait de plantes en tous genres. Très utiles pour faire des remèdes. D’ailleurs, qu’est-ce qui vous a blessée ?

Vu l’état de la blessure, il se doutait plus ou moins de la réponse mais il préférait en être certain. Encore fallait-il qu’elle dise la vérité. Peut-être en apprendrait-il plus sur les autochtones ou la faune et la flore des environs. Puisqu’il la regardait, il observa les traits de son visage. Ces marques étaient à la fois étranges et élégantes. Un symbole racial peut-être ?

- Ces marques ont une signification ?

Du bout du pied, il remua un peu une bûche pour que le feu reste vif. Cette nuit, il resterait éveillé pour que le feu ne s’éteigne pas et pour surveiller l’état de sa patiente. S’il s’endormait, qui veillerait sur elle ?


@Ava Odan

Il n’avait pas compris sa plaisanterie. Tant pis. Tant mieux. C’est bon à savoir qu’il n’a pas saisi son humour, peut-être est-il très premier degré?Toutes les informations sont bonnes à prendre. Elle observe, note tout, et s’en souvient. Comme on lui a appris à le faire. Ne jamais laisser de côté le moindre détail. Même s’il semble futile. Tout est bon pour apprendre à connaître une personne, et apprendre à connaître une personne pouvait lui permettre de percer sa carapace. Mais Ava ne pense pas avoir besoin de savoir quoi que ce soit sur Atlan. Un guérisseur. Elle doute de recroiser un jour la route de cet homme qui semble foncièrement bon.
Elle a le droit à un sourire rassurant, comme si elle avait besoin d’être rassurée. Ce n’est pas le cas, mais cet Atlan a tout l’air d’être un très bon guérisseur, possédant à la fois les connaissances et les contacts avec ses patients. C’était important le contact, et cela valait pour tous les métiers. Elle se redresse légèrement tandis qu’il lui dit que c’est la première fois qu’il mettait les pieds ici. Pour récolter des plantes.
Quand à sa question directe, Ava sourit. « Une lame. Tenue par un homme si vous voulez tout savoir. » Il lui avait demandé ce qui l’avait blessé, une lame. Cela se voyait à sa blessure nette. Mais pas qui l’avait blessée. Elle le lui dit quand même, elle n’avait aucune raison de se cacher après tout. Cela pouvait être n’importe quel homme, une mauvaise rencontre, un contrebandier, un esclavagiste. Il y en avait beaucoup sur cette planète. Ava croyait même avoir entendu parler d’un campement qui se trouverait quelque part, mais sans vraiment être sûre d’elle. Etait-ce les effets du poison qui rendait sa mémoire défaillante ? En tout cas, la jeune femme n’avait pour l’instant pas vraiment envie de dormir. Il fallait éviter.

Elle pensait qu’Atlan en resterait là, mais sa dernière question la surprit réellement, et il en fallait beaucoup à la jeune femme pour être surprise. Beaucoup de gens lui demandaient pourquoi elle avait ces marques sur le visage. Des électro-tatouages. A vrai dire, ces marques ne couraient pas seulement sur son visage, deux traits partaient de son menton, descendaient le long de son cou pour mourir entre sa poitrine. C’était un choix qu’elle avait fait.
« Elles en ont. » Une signification. Oui. Mais comment mettre des mots sur ses blessures les plus secrètes que ces tatouages représentaient ? C’était pour ne pas oublier. Ne jamais oublier. Elle pouvait bien le dire, au moins une fois, l’avouer à quelqu’un. Se permettre un moment de faiblesse et le lendemain, elle mettrait cette aveu sur le compte de son état.
« J’étais esclave avant, sur Tatooine. Ces tatouages sont là pour me le rappeler. Et me souvenir de ma vie là-bas.  » De sa mère qu’elle n’avait plus jamais revue. « Et pour faire horreur à ceux qui m’ont achetée ensuite. » continua t-elle. Sa famille. Enfin, elle n’était qu’une bâtarde, même si elle avait été intégrée, ils lui avaient fait comprendre qu’elle ne serait jamais une des leurs à part entière. Alors un jour, elle avait décidé de faire ces électro-tatouages. Fini la ravissante jeune fille à la peau blanche, douce, et lisse. Ces marques lui rappelaient les motifs que les habitants de Tatooine reproduisaient, entre autres, sur leurs vêtements, leurs tapis. Lui rappelaient qu’elle n’avait pas besoin d’appartenir à une famille pour vivre, que même si ils l’avaient achetée, libérée, elle ne leur devait plus rien. Et elle adorait ces marques. Elle se sent plus confiante que jamais depuis qu'elle les arbore, comme un masque gravé jusqu'à la mort.

« Puisqu’on en est passé au stade des confidences et que la nuit va être longue, d’où venez-vous ? » demande Ava en remuant légèrement afin de pas laisser son corps se raidir, de froid, de fatigue elle ne sait pas trop mais il ne faut pas qu’elle reste immobile, même si l’étreinte d’Atlan l’empêche de faire d’amples mouvements. Elle ne peut de toute façon pas se lever. Ses jambes semblent être comme du coton.

Bien qu’il s’était attendu à la réponse, Atlan était content de voir qu’Ava confirmait son hypothèse. C’était bien une lame qui était responsable de la plaie et donc de l’empoisonnement. Pas un animal ni une plante mais bien une arme tenue par un homme. Sa précision le surprit. Au moins la jeune femme était honnête avec lui, elle ne cachait pas l’information. Toutefois, Atlan ne creusa pas la question. Il avait eu sa réponse. Cela l’aiderait dans ses prochains diagnostics. Il n’avait pas besoin de connaitre les circonstances d’une telle blessure. Ava ne se positionnait pas comme une victime, il supposa donc qu’elle était celle qui avait attaqué ou en tout cas gagné l’affrontement. Le reste ne le regardait pas. Bien que le guérisseur se montrait parfois trop curieux, il savait que certaines choses étaient personnelles. Cela en faisait partie.

- C’est bien ce qu’il me semblait. Une arme redoutable… Une petite coupure avec suffit à tuer. Vous aimeriez que je vous prépare un autre antidote, au cas où ?

Même s’il était certain qu’elle ne se laisserait plus avoir de la sorte vu le comportement guerrier qu’elle semblait avoir, il ne voyait pas le mal à proposer son aide en avance. Il ne serait pas toujours là pour l’aider. Elle avait eu la chance de croiser sa route et il aimait fort heureusement se rendre utile. Peut-être aidait-il une criminelle, il n’en savait rien et ne se posait même pas la question. Si elle désirait son aide, il la lui offrirait.

Puisqu’ils étaient forcés à une certaine proximité, ils discutèrent un peu d’eux-mêmes. Sans doute ne se reverraient-ils jamais mais cela ne coûtait rien d’échanger un peu. Atlan appréciait d’ailleurs de rencontrer des gens qui n’étaient pas originaires de la même planète que lui. La jeune femme arborait des marques qui, comme il l’avait deviné, avait une signification. Ce n’était pas juste pour faire beau ou impressionner. Son explication lui fit penser à certains guerriers qui se scarifiaient ou tatouaient pour diverses raisons. Lui-même avait ce genre de chose, dans une moindre mesure.

- Je comprends. C’est important de se souvenir d’où on vient. Je n’ai encore jamais mis les pieds sur Tatooïne. Y êtes-vous retournée depuis que vous n’êtes plus esclave ?

Il supposa qu’elle ne l’était plus puisqu’elle parlait au passé. Mais la vie était parfois plus compliquée que ça. Sur Quasar, il n’y avait jamais eu d’esclaves mais on lui avait parlé du concept. Ce n’était pas pour autant qu’il l’avait compris. Enchainer et forcer de gens à obéir à d’autres était quelque chose qu’il répugnait. Même s’il ne pouvait se mettre à sa place, il essayait de s’imaginer le calvaire de la jeune femme. Se faire acheter comme un objet devait marquer l’esprit à jamais.

- Je viens d’une petite planète dans l’espace libre, je crois. J’ai encore un peu de mal avec le placement dans l’espace. Quasar. Inconnue de toutes les cartes il y a encore peu de temps. C’est une planète désertique alors Kashyyyk me change pas mal ! Il prit entre ses doigts une petite tresse qui parsemait sa chevelure. J’ai vécu au sein d’une tribu. Nous portions tous ce genre de tresses.

Parler de son passé ne le dérangeait pas. Après tout, il n’avait rien à cacher ou presque. Sa sensibilité à la Force devait rester un secret pour le moment. Ses yeux se posèrent sur le poignet blessé de la jeune femme. Si la plaie avait séchée, elle restait sale et à l’air libre. Sans lui demander la permission, il lui attrapa doucement le poignet et le nettoya avec un peu d’eau pour retirer les salissures et le sang. Il appliqua ensuite un baume de sa composition aux propriétés régénérantes accentuées avant de poser un léger bandage.

- Demain il n’y aura plus rien. Et le poison devrait aussi vous avoir quittée complètement.

Il en profita pour examiner sa patiente, prenant son pouls et observant le blanc de ses yeux. Elle était encore un peu déshydratée mais rien de plus normal. Le reste de son état était plutôt encourageant. La gourde à la main, il l’approcha d’elle.

- Buvez encore. Vous pourrez dormir après. Rassurez-vous, je resterai éveillé.


@Ava Odan

Parfois les plus petites armes sont les plus mortelles. Ava est bien placée pour le savoir, parfois elle utilise une lame si fine qu’on croirait une aiguille. Fine et mortelle lorsque plantée droit dans le coeur. Ou le poison est très efficace, mais la jeune femme en utilise rarement, la raison première étant qu’elle n’a pas envie de devoir se  se balader avec l’andidote sur elle. Et puis, il y a toujours le risque de le perdre ou de le casser.
« Ne vous donnez pas cette peine. Je ne saurais pas reconnaître ce poison d’un autre de toute façon. » répondit-elle à sa proposition. Vraiment prévenant. Elle allait commencer à réellement se sentir gênée. Mais elle n’avait aucune raison de l’être, c’était son métier, c’était à elle de faire un effort pour le comprendre. Atlan approuva ses mots, qu’il était important de se souvenir d’où l’on vient. Le passé fait parti d’un être, et en fera toujours parti. Certains décident de l’oublier, mais, peut on vivre en oubliant une partie de sa vie ? Celle qui nous forge ? Ava en doute, et a fait de ces moments difficiles des forces. Aller de l’avant, c’était un de ses credos, elle n’allait pas tomber par terre, gémir et souffrir en silence. Jamais.

« Oui, j’y retourne souvent.  » répondit-elle à sa question. Elle y était retournée, la première fois pour chercher sa mère mais elle ne l’avait pas trouvée. Et ensuite, Tatooine restait une planète où il existait un fort passage de contrebandiers, hors la loi, chasseurs de primes. Des contrats l’y avaient donc menée. Et puis, Ava aimait cette planète. Elle se souvenait de son enfance avec nostalgie, douleur parfois, mais toujours positivement. Ces années l’avaient construite. Elle n’avait pas honte d’avoir été esclave, elle n’avait pas eu le choix de toute manière. Elle était née ainsi.
Elle l’écoute ensuite parler de sa planète. Quasar. Jamais entendu parler. Peut-être faudrait-il qu’elle s’intéresse un peu plus à l’actualité mais naviguer sur l’holonet dans une telle période n’est pas chose aisée, on ne démêle pas le vrai du faux. Elle sourit lorsqu’il prit entre ses doigts une tresse de ses cheveux. Elle aussi a des tresses dans ses cheveux, mais plus par praticité qu’autre chose. « Tatooine aussi est désertique. La planète est si dangereuse que seul l’hémisphère nord peut être habité. Les journées sont chaudes, et les nuits glaciales. Il n’y a rien sur cette planète à part le sable et la mort. » souffle t-elle. Et pourtant, c’était de là qu’elle venait. Lorsqu’elle fermait les yeux elle ressentait l’écrasante chaleur du soleil, qui se reflétait sur les murs blancs des maisons. De l’appartement qu’elle occupait avec les autres esclaves. Elle se souvient de la première fois qu'elle a vu Alderaan, ses lacs profonds et immenses, ses arbres, leurs odeurs, l'humidité. Un autre monde à ses yeux.
Atlan lui nettoie sa plaie. Elle regarde son poignet. Plus aucune trace demain sauf peut-être une fine cicatrice qu’il faudrait faire effacer plus tard, si elle le souhaitait. Ses cicatrices ne sont pas seulement physiques, mais aussi intérieures, celles-ci ne disparaissent pas.

Elle but à la gourde qu’il lui tendit. « Je vais vous tenir compagnie si vous ne dormez pas. » Elle n’allait pas dormir alors qu’il restait éveillé. Elle pouvait faire des efforts, supporter d’être auprès de lui sans le voir comme une menace, mais dormir, être vulnérable, cela elle ne pouvait pas. Déjà que sa faiblesse physique lui pesait, même si doucement elle commençait à se sentir mieux.
Dormir lui ferait sans doute du bien, accélérait sans doute sa guérison si elle se reposait mais c'était au delà de ses forces. C'était presque viscéral. Elle ne pouvait pas.
Puis soudain, elle se redresse « Attendez vous... Vous êtes partis quand de chez vous? » Pas quand sa planète avait été découverte? Peut-être que si? Cela expliquerait beaucoup de choses.

Juste par une rencontre, il était difficile de savoir quel type de vie menait Ava. Probablement dangereuse pensait Atlan, sans trop savoir exactement de quoi il retournait. La jeune femme semblait débrouillarde et sûre d'elle, même à l'article de la mort. Elle lui donnait une impression de force et de détermination. Une sensation d'isolement aussi, comme si la jeune femme vivait la majorité de sa vie en sa seule compagnie. Il était fort possible qu'il soit totalement à côté de la plaque mais c'était l'impression qu'elle lui donnait. Ainsi, il ne s'inquiétait pas trop pour elle pour l'avenir mais ce n'était pas pour autant qu'il allait se séparer d'elle sans se demander ce qu'elle deviendrait. Et pour ça, mieux valait qu'elle soit préparée. Mais elle refusa l'antidote, évoquant une raison légitime. Sans doute ne reviendrait-elle pas sur Kashyyyk.

- J'espèrais que vous n'auriez pas à vous en servir de toute façon.

Il sourit, écoutant la jeune femme évoquer les marques de son visage. Si la tribu des Quasars avait également eu ce genre de marque, Atlan les aurait arboré avec fierté mais ce n'était pas le cas. Il se contentait donc des quelques tresses qui composaient sa chevelure, lui rappelant en permanence son passé et ses origines. Ava ne pouvait pas voir ses propres marques, sauf dans un miroir, mais il ne doutait pas qu'elle les sentait, d'une certaine façon.

Il s'étonna qu'elle retourne souvent sur sa planète d'origine, racine de sa souffrance. Etre esclave ne devait en rien être une partie de plaisir mais Atlan comprenait malgré tout qu'elle tienne à sa planète natale. Après tout, elle n'en portait pas les marques pour rien. Lui-même avait eu du mal à quitter Quasar. Si sa tribu n'avait pas été décimée, il n'aurait probablement jamais mis un pied hors de son chez-lui.

- Au moins c'est en femme libre que vous y retournez.

Ava lui appris que Tatooïne, tout comme Quasar, était une planète désertique. Mais sa description en faisait presque froid dans le dos. Quasar semblait tout de même un poil plus accueillante, bien qu'assez similaire à Tatooïne. Sa vision était peut-être un peu déformée à cause de son passé mais Atlan désirait de toute façon y faire un tour un jour. Peut-être l'y recroiserait-il.

- Il y a aussi des humains comme vous. Cette planète n'est pas si horrible que ça alors. Elle est similaire à Quasar, ça ne me dépaysera pas trop ! Avez-vous quelques conseils à me donner pour quand je serai là-bas ? Des endroits où je pourrais récolter quelques ingrédients ?

La chaleur ne le dérangeait pas, bien au contraire. Il craignait bien plus le froid et détestait trop se couvrir. Mais il n'était pas certain de pouvoir trouver beaucoup d'ingrédients pour ses remèdes sur Tatooïne. Cela n'allait pas l'empêcher d'y aller mais il était possible que cela écourte son séjour là-bas. Il ne doutait pas que celui d'Ava sur Kashyyyk touchait bientôt à sa fin. Et ce ne serait pas à cause d'une mort prématurée au moins. Le guérisseur nettoya la plaie de la jeune femme avec soin et lui déposa le petit pot de baume dans la main.

- Gardez le. Il vous sera utile si vous vous coupez à nouveau, même si je ne vous le souhaite pas. Il est fait à base de Kzar, une plante régénératrice très puissante.

Au moins ça, elle n'avait pas besoin d'avoir de connaissances en médecine pour l'utiliser efficacement. La jeune femme devait dormir, pourtant elle s'y refusait. Les raisons pouvaient être diverses et Atlan n'avait pas envie d'insister, sachant pertinemment qu'elle serait sur pieds demain quoi qu'il arrive. Il aurait néanmoins préféré qu'elle se repose pour que tout se passe le mieux possible. Mais il comprenait aussi qu'elle ne voulait peut-être pas dormir contre un presque inconnu.

- Hé bien je comptais rester éveiller parce que je voulais surveiller les alentours. Je ne sais pas si vous êtes potentiellement en danger ou pas. Un poursuivant, autre chose... Et si la faune locale est dangereuse la nuit ou non. Si ce n'est pas le cas, on peut toujours dormir un peu.

Il ne précisa pas qu'il pourrait de toute façon sentir quelque chose approcher à l'aide de la Force. Inutile d'en dire trop, surtout à ce sujet. Il avait entendu parler de chasseurs de Jedi et, même s'il n'en était pas un, il était persuadé qu'il n'aurait pas le temps de se justifier face à l'un de leurs poursuivants.

Ava le fit presque sursauter lorsqu'elle se redressa, comme si elle venait de réaliser quelque chose. Si c'était le cas pour elle, ce n'était pas le cas pour Atlan qui ne comprenait pas trop pourquoi elle lui demandait soudainement une telle chose.

- Euh... il y a quelques mois environ. C'est assez récent. L'Empire est arrivé, ça m'a donné l'occasion de partir...

Vu ce qu'ils avaient fait, plus rien ne le retenait là-bas.

@Ava Odan

 Femme libre. Oui, c’est ce qu’elle était, depuis dix-neuf ans. Ava se souvenait qu’au début, elle ignorait ce qu’était la République, ce qu’était la liberté. Être libre, ça n’avait jamais frôlé son esprit. Alors quand elle l’était devenue, elle n’avait pas su quoi en faire, et avait continué d’obéir, de faire tout ce qu’on lui demandait de faire. Elle avait été libre réellement lorsqu’on l’avait mise à la porte pour faire ses preuves. Elle s’était retrouvée seule. Enfin.
Ava sourit légèrement tout en se crispant, un bref élan de douleur.

« Je ne sais pas si vous trouverez grand-chose là-bas. Il y a deux oasis, l’oasis de Pika et celui de Motesta. Là où il y a de l’eau il y a de la vie non ?  » fit Ava. Si il voulait y trouver des plantes, c’étaient les deux seuls endroits. Sinon, comme elle l’avait dit Tatooine n’avait que la mort à offrir. La faune était rare, la flore quasiment inexistante. Il n’y avait que du sable, et des roches. Atlan pourrait trouver des plantes, celles vendues en contrebande, sans doute, mais guère plus. Ces oasis étaient des lieux dangereux, fréquentés par n’importe qui, mais surtout par les pillards Tuskens. « Quant à mes conseils, ne vous fiez à personne. Ne jouez pas.  Surtout pas. Les gens trichent.  » Tatooine était fréquentée par des hors la loi, des voleurs, des esclavagistes. Ava fronce les sourcils, la meilleure solution était qu’il aurait dû avoir un guide, mais, on ne pouvait se fier à personne là-bas. Surtout un étranger. « Je pense que je devrais vous accompagner là-bas, le jour où vous souhaiterez vous y rendre. Je vous dois bien ça. » achève t-elle d’une voix lente, tandis qu’elle réfléchissait. Ce serait un moyen de payer sa dette envers lui, s’il acceptait, et s’il refusait, elle lui donnerait les indications nécessaires.

Atlan lui déposa un baume dans la main, qu’elle accepta cette fois. « Merci. » Ce petit baume pouvait lui être très utile. Elle décida qu’elle ferait plus tard une petite poche dans ses vêtements pour y placer un peu de ce baume, et sans doute d’autres éléments de premiers secours. Si cela n’entravait pas ses mouvements.
Il comptait rester éveillé pour surveiller les alentours. Il avait raison, on ne savait jamais ce qui pouvait nous tomber dessus, surtout avec un feu allumé, un phare dans la nuit. « Je ne suis pas en danger et personne ne me poursuit. » dit-elle simplement. C’était elle qui poursuivait les gens, pas l’inverse. Quand à la faune locale d’après ce qu’Ava avait vu, elle était plutôt inoffensive, les seuls dangers étant les créatures aquatiques et peut-être quelques créatures sylvestres maintenant qu’elle y pensait. Des serpents géants lui semblaient-ils. Et des araignées géantes. Des Anakkonas et des Wyyyschokks.  
La pensée des créatures qui demeuraient sur cette planète fut oubliée lorsqu’Atlan lui dit que cela ne faisait que quelques mois qu’il était parti de sa planète. Sans doute était-ce pour cela qu’il était tel qu’il était. Pas encore perverti. L’Empire avait envahi son monde natal. Ava ne put retenir une grimace, une simple phrase mais si révélatrice pourtant. Ce n’était pas étonnant, l’Empire lui semblait assez… expansionniste. Ava sait que certaines personnes ne quittent jamais leur planète natale, par pauvreté, par choix. Surtout par pauvreté. Jusqu’à ses vingt ans, Ava n’avait été que sur deux planètes mais ensuite… ensuite ses contrats l’avait menée à beaucoup d’endroits différents et jamais elle n’avait regretté. Mais voyager était coûteux. Elle avait un vaisseau à entretenir. « Est-ce que Quasar a de la valeur ? » demande t-elle. Si elle n’en a pas, l’Empire s’en lassera peut-être. Ce serait le seul salut possible pour cette planète.

Quand bien même on ne pouvait pas dire qu'il connaissait Ava, Atlan connaissait l'être humain et son fonctionnement. Physique tout du moins. Comme elle était contre lui, il sentait le moindre mouvement de son corps contre le sien, volontaire ou non. Bien qu'elle souriait légèrement, il la sentit se tendre un bref instant. C'était fugace mais c'était bien là. Rien de surprenant en soit. Si le poison ne représentait plus de danger, il n'avait pas encore quitté complètement le corps de la jeune femme. Il n'était donc pas étonnant qu'elle ait des pics de douleur. Le guérisseur extirpa de sa sacoche une petite plante et en retira une petite feuille à la texture douce qu'il tendit à sa patiente.

- Placé sous la langue, cela apaise la douleur.

Parfois, les remèdes les plus simples étaient les plus efficaces. Il écouta avec attention les indications de la jeune femme, content d'apprendre qu'il y avait tout de même des oasis. Nul doute que la vie se trouvait là-bas et qu'il trouverait sans doute des choses intéressantes. A défaut, il était certain de pouvoir apprendre certaines choses. Et même sans son point de vue de médecin, il serait satisfait de connaître de nouvelles cultures. Peut-être étaient-elles proches de celles des Quasars, vu la ressemblance entre les deux planètes. Toutefois, les humains qui y vivaient semblaient bien différents au niveau de la mentalité. Sur Tatooïne, les gens ne semblaient pas dignes de confiance, en tout cas dans le cadre du jeu. Naïf comme l'était Atlan, il se serait très certainement fait avoir sans réaliser que ses adversaires trichaient sans vergogne. Par chance, Ava eut la bonne idée de le mettre en garde. Il hocha la tête pour notifier qu'il avait bien compris et se mit à sourire devant la proposition de la jeune femme de le guider une fois sur place. Cela promettait donc des retrouvailles.

- C'est bon à savoir ! Et oui, vous avez tout à fait raison. Même si la vie arrive aussi à faire son chemin dans le désert. C'est fou à quel point la nature sait s'adapter. On a beaucoup à apprendre d'elle. Mais je dois avouer que Kashyyyk me plait beaucoup, même si je n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer un wookie. Enfin... je ne saurais même pas les comprendre alors j'espère, si j'en croise, qu'ils ne me verront pas comme un ennemi.

Avec la présence de l'Empire, rien n'était moins sûr. Les wookies étaient apparemment eux-aussi soumis à l'esclavage ou en tout cas enfermés ici. Un point commun avec le passé d'Ava. Peut-être était-elle là pour aider ou pas du tout. Mais Atlan s'interrogeait en silence.

- Je ferai attention mais... ce serait avec plaisir que j'accepterais votre compagnie quand je m'y rendrais ! Ca me fera l'occasion de vous revoir comme ça. Il fouilla dans l'une de ses poches et récupéra son comlink pour le paramétrer. Voici mon comlink, au cas où. Quand je serai sur Tatooïne, je vous ferai signe, en espérant que vous y serez à ce moment-là.

Elle avait dit y retourner souvent, il y avait donc de grandes chances que ce soit le cas. Mais ce n'était pas forcément non plus une vérité. A défaut d'avoir accepté l'antidote, Ava conserva le baume. Atlan nota dans un coin de sa tête qu'il ne faudrait pas qu'il oublie d'en refaire un pour le remplacer. Sa fabrication prenant un peu de temps, mieux valait anticiper.

La nuit était tombée et seul le feu de camp éclairait la zone, reflétant sa danse sur la végétation environnante. Tout était calme, seuls quelques couinements de bestioles semblant inoffensives se faisaient entendre un peu plus loin. Là où ils se trouvaient, il y avait peu de chance que quelqu'un les trouve ou viennent les déranger pendant la nuit. C'était d'ailleurs une chance qu'ils se soient croisés. Ava assura que rien ne la menaçait. Plus depuis qu'elle n'était plus empoisonnée en tout cas. L'homme qui l'avait blessée était donc assurément mort ou mis hors d'état de nuire. Mais l'assurance des mots d'Ava faisait plutôt pencher Atlan pour la première option.

- Si je dors, vous dormirez aussi ?

Après tout, cela semblait la condition sine qua none pour qu'elle se repose. Bien qu'Atlan aurait pu lui administrer un calmant pour la faire dormir, il préférait laisser le choix à ses patients sauf lorsque leur état de santé en dépendait. Pour le coup, sa journée l'ayant fatigué, il n'aurait pas été contre piquer un petit somme, même en fin de nuit. Toutefois, il devait reconnaître qu'il appréciait ses échanges avec la jeune femme même si tout cela faisait remonter en lui des souvenirs qu'il aurait préféré oublier pour le moment. A sa question, il fit crisser ses doigts sur sa barbe d'un air songeur. De violents souvenirs refirent surface : l'arrivée des patrouilles de l'Empire, les soldats, la destruction de la faune et la flore, l’anéantissement de sa tribu, la mort qu'Atlan avait semé pour la venger.

- Apparemment, oui. C'est la raison de la venue de l'Empire. J'ignore comment ils ont eu vent de l'existence de la planète mais ils savaient déjà qu'elle possédait des choses qui les intéressaient. Des cristaux qui n'ont aucune utilité spécifique pour nous, à part pour en faire des bijoux. Mais l'Empire a installé des machines pour les extraire. Ils ont... Il marqua une brève pause. C'était la première fois qu'il parlait de ça à quelqu'un qui n'était pas natif de Quasar. Et en parler le remuait plus qu'il ne l'aurait cru. creusé, détruit l'environnement... pour pouvoir récupérer ce qui les intéressait.

Machinalement, il avait serré le poing. Si Olgen ne l'avait pas arrêté, probablement aurait-il fait un véritable carnage jusqu'à ce qu'on le tue. Maintenant, il devait vivre avec ça.

@Ava Odan

Ava observa la feuille qu’Atlan lui tendit d’un air légèrement circonspect. La médecine traditionnelle changeait radicalement de celle utilisée par les droïdes ou les médecins travaillant dans des stations médicales. Elle place la feuille sous la langue pour soulager la douleur qu’elle ressentait encore. Elle avait chaud, mais plus elle avait chaud et mieux elle se sentait. Elle écoute ce qu’Atlan lui répond. Peut-être saurait-il déceler la vie là où elle ne voyait rien. Il s’y connaissait. Ava connaît les plantes les plus basiques, le nom des fleurs, de quelques baies empoisonnées ou arbustes toxiques mais guère plus. La botanique l’a toujours intéressée, savoir quelle plante peut soigner… ou tuer, mais elle n’a pas la mémoire, la patience, ou tout simplement la passion, d’apprendre. Elle sait d’autres choses qui lui suffisent amplement. Certaines voies ne sont pas faites pour tout le monde.
« Ils ne vous attaqueront pas si vous ne les attaquez pas. Mais les wookies ne sont pas les seuls ici, on trouve aussi des esclavagistes. Ça doit les avoir rendu méfiant. Mais vous n’avez pas l’air d’un esclavagiste rassurez-vous. » Quand à les comprendre, eh bien, c’était sûr que, fraîchement sorti de sa planète il ne devait pas connaître beaucoup de langages. Ava en connaissait quelques uns, elle avait appris en fréquentant tout un tas d’espèces. « Vous devriez acheter un vocodeur » Un appareil permettant de traduire plusieurs langues en temps réel. Ou alors il fallait un droïde mais ça coûtait encore plus cher.

Atlan accepta son offre de le guider sur Tatooine et la jeune femme en fut soulagée. Elle n’aurait pas à le voir se perdre sur cette planète, réduit en esclavage, ou tué par les Tuskens. Pourquoi était-elle soulagée ? Elle ne le connaissait pas. Mais il lui avait sauvé la vie. Elle n’aurait pas du se soucier de lui autant, cela ne lui ressemblait pas. Pourtant une offre était une offre, et Ava était une femme d’honneur. Elle paierait sa dette. Il sortit son comlink. Ava avait le sien accroché à sa ceinture. C’était un comlink assez sophistiqué. Elle se dégagea légèrement du drapé d’Atlan pour le sortir à l’air libre et leur créa une fréquence sécurisée. « J’y serais. » Elle y serait. Elle devait l’être. Elle avait son propre vaisseau, elle pouvait se rendre n’importe où, n’importe quand. Une fois partie de Kashyyyk elle devrait récupérer la prime. Une simple communication devrait suffir à la récupérer, avec les preuves à l’appui. Ensuite, elle ignorait où aller, mais elle retournait toujours aux mêmes endroits, soit Tatooine, soit Alderaan. Cette dernière étant bien plus agréable à vivre que la première. Mais elle n’aurait rien à faire sur Alderaan, alors qu’il y avait toujours du travail sur Tatooine. Un petit contrat par-ci ou par-là.
Elle sourit à la question d’Atlan. Elle avait l’impression d’être une enfant refusant d’aller se coucher. « Si vous êtes fatigué, dormez. Je surveillerai les alentours » Une pointe de rire dans le son de sa voix. La vérité, c’est qu’Ava n’est pas trop fatiguée, elle se sent affaiblie, ses sens un peu altérés par le poison. Dormir lui ferait du bien, elle le sait, et si elle était raisonnable elle dormirait. D’ailleurs, peut-être s’endormirait-elle malgré tout. Elle sourit brièvement en regardant Atlan. Si il avait envie de la voir dormir à ce point, il aurait pu lui donner une plante, elle l’aurait prise comme elle prenait tout ce qui lui avait donné. D’autres ne se seraient pas gênés.

Il commença à parler de ce qui était arrivé à Quasar et Ava ne fut même pas étonnée de ce qu’il raconta. C’était terrible certes, mais elle avait vu tellement de choses horribles. Elle nota du coin de l’oeil que le point du guérisseur s’était serré. Comme s’il se retenait, ou souffrait. Peut-être les deux. Il avait vu son monde envahir, et détruit. Ava pose sa main sur son poing. « Je suis vraiment désolée » Et elle est sincère, pour la première fois depuis des années. Elle est sincèrement désolée. Mais elle était aussi cynique et désabusée. La vie n’était pas un long fleuve tranquille. Elle pouvait réserver de belles surprises, mais au fond, elle finissait toujours par faire souffrir.
Ava n’est pas une rebelle. Elle en a entendu parler, mais elle ne souhaite pas se battre. Elle se considère comme en dehors des histoires entre l’Empire et ses opposants. Elle est née hors de la République, et vit majoritairement dans l’Espace Hutt. Toutefois, certaines choses valent qu’on se batte pour, ou contre. Elle sait que l’Empire réduit des peuples en esclavage, comme les wookies. Et elle ne fait rien. Ce n’était pas son combat. Mais on choisit ce pour quoi on se bat. Ou pas.

D'après Ava, Atlan n'avait pas l'air d'un esclavagiste. Bien qu'il ignorait à quoi pouvait bien ressembler un esclavagiste, il était content que ce ne soit pas le cas. Les gens se méprenaient parfois d'un simple regard et il n'aurait pas su quoi dire pour prouver le contraire. Au moins, son manque de connaissance dans ces domaines là pouvait être un argument pour prouver qu'il n'était pas ce que les gens craignaient. Malgré tout, il aurait aimé pouvoir aider, à sa façon. Il n'avait pu sauver sa propre tribu alors peut-être pourrait-il aider à sauver d'autres personnes des mains de l'Empire.

- Si je peux les aider, je le ferai. Encore faut-il que je les trouve.

Mais le plus compliqué risquait de se faire comprendre. Cela lui ferait une belle jambe de les trouver s'il ne parvenait pas à communiquer avec eux. Bien qu'ayant vécu avec une autre espèce quasiment toute sa vie, là c'était une race différente. Savoir parler le Quasar ne lui servait plus à rien désormais, à part pour honorer la mémoire des siens. Ava lui conseilla un vocodeur.

- Un vocodeur ? Qu'est-ce que c'est ?

Il était loin de se douter qu'il existait un appareil capable de faire la traduction. Toutes ces technologies lui étaient encore étrangères pour la grande majorité. A vrai dire, tout ce qui ne provenait pas de Quasar lui était étranger. Il avait certaines connaissances qu'il avait eu grâce à des livres mais de là à connaître les secrets de la galaxie, il y avait un pas. Apprendre à connaître les autres était déjà une découverte en soi. Ava lui plaisait bien. Il y avait quelque chose en elle qui lui donnait envie de la suivre. Aucune méfiance ne s'éveillait en Atlan qui aurait pu la suivre n'importe où sans se dire un instant qu'elle essayait peut-être le piéger. Pourquoi se méfierait-il après tout ? Elle avait été gentille avec lui et le simple fait qu'elle lui propose son aide était à ses yeux une preuve qu'elle était quelqu'un de bien. Au moins elle n'était pas égoïste. Rien ne l'obligeait à l'accompagner sur Tatooïne, elle aurait pu faire sa route de son côté et ne plus jamais vouloir le revoir. Atlan hocha la tête, sachant que, comme elle l'indiquait, elle serait là quand il l'appellerait.

Dormir ou ne pas dormir, telle était la question. S'il avait été seul, il n'aurait pas réfléchi une seconde et se serait contenté de se poser dans un coin pour piquer un roupillon histoire de reprendre des forces pour son exploration du lendemain. Mais puisqu'il était accompagné, c'était différent. Le sommeil n'était pas une option qui intéressait Ava pour le moment. Elle proposa même de surveiller les alentours si c'était lui qui dormait. Après tout, pourquoi pas. Ils ne risquaient rien ici et le guérisseur ne s'inquiétait donc pas pour elle.

- Je m'excuse d'avance si je m'endors, la journée a été longue.

Mais pour le moment, ils étaient en pleine discussion sur la planète d'origine d'Atlan, pillée par l'Empire. Plongé malgré lui dans son passé pas si lointain, il en sortit lorsqu'il sentit la main d'Ava sur son poing. Il posa les yeux sur cette main alors que son propre poing se desserrait, avant de relever ses yeux bleus vers elle. Sa compassion n'était pas feinte, il le sentait bien. Il lisait dans ses yeux qu'elle était aussi désolée qu'elle disait l'être. Atlan hocha légèrement la tête pour la remercier et sourit à demi.

- Merci, Ava. J'ai constaté ici que l'Empire agit de la même façon. Et ce n'est sans doute pas la seule planète.

Les Quasars n'avaient pas eu la « chance » d'être réduits en esclavage. Juste exterminés. C'était ainsi. La vie n'était pas juste. Atlan ne connaissait pas tous les mondes mais plus il voyageait et plus il constatait que l'Empire n'avait rien de bon. Une autre chose qu'il constatait à moindre échelle, c'était qu'Ava transpirait, quelques perles de sueur apparaissant sur son front. C'était bon signe. Le poison s'évacuait plus vite ainsi. Récupérant un linge dans sa sacoche, il prit la gourde pour l'humidifier et le passa délicatement sur le front et le visage d'Ava pour l'essuyer et la rafraîchir par la même occasion. Pas un instant il ne se demanda si elle pourrait mal prendre son geste, n'ayant aucune réelle connaissance des règles d'espace personnel qu'avaient les gens civilisés.

- Vous avez faim ? J'ai un peu de viande séchée et quelques fruits.

@Ava Odan

« Avant l’Empire il paraît que les wookies vivaient dans ces énormes arbres qu’on peut voir, les wroshyr. Donc levez les yeux peut-être que vous trouverez un clan. » indique Ava. Elle ne doute pas qu’Atlan réussira à trouver les wookies… ou ces derniers le trouverait d’abord. Mais comme il était seul, il ne devait pas représenter une menace à leurs yeux. Enfin, qu’en savait-elle ? Les wookies étaient traqués, ils devaient être méfiants.
« C’est un objet, cela permet de comprendre et de se faire comprendre. Un traducteur. Mais vous n’en trouverez pas ici. Enfin je ne pense pas. » Un objet qui aurait été fort utile à Atlan si il en avait posséder un. Il était impossible pour un humain de comprendre et de parler toutes les langues. Il y avait trop d’espèces dans la galaxie. Raison pour laquelle la technologie existait. Et était quasiment à la portée de tous. Plus un objet était utilisé, moins il était cher, comme le comlink.
Elle sourit lorsqu’il lui fit remarquer que la journée avait été longue pour lui. Il pouvait dormir si il était fatigué, cela ne lui posait pas de problème. Mais elle, ne dormirait pas. C’était une de ses règles. Ne jamais être en position de faiblesse avec un inconnu. C’était un peu raté car elle était en fait, en position de faiblesse, empoisonnée, à côté d’un homme qu’elle ne connaissait pas mais qui lui avait sauvé la vie. Mais dormir, accepter de n’avoir plus aucun contrôle sur la situation ? Elle pourrait faire un effort, un petit effort mais c’était presque aller contre sa nature méfiante. Elle avait peur de se laisser aller. C’était irrationnel, elle le savait bien, mais certaines choses restent gravées à jamais.

« Je ne suis pas la mieux placée pour vous parler de géopolitique mais ni l’Empire ni l’Espace Hutt n’en valent la peine. » répondit-elle. Peut-être que la République en avait valu la peine. C’était grâce à la République et ses lois anti-esclavagistes qu’elle avait été libérée une fois qu’elle avait été amenée sur Alderaan, même si son père l’avait achetée. Il ne l’avait jamais affranchie officiellement. La République l’avait fait. Une fois dans l’espace républicain elle avait été aussitôt libre, sans même le savoir. Le nouvel Empire réduisait des populations en esclavage, tout comme l’Espace Hutt était pour l’esclavage, les hors-la-loi. La seule différence entre les deux, c’étaient que dans l’Espace Hutt on vivait mieux en étant un hors-la-loi. Le côté désabusé d’Ava ressortait. Qu’attendait-elle de la vie ? Pas grand-chose. Une vie d’aventure tant qu’elle était jeune, et une mort rapide quand elle commencerait à être vieille et faible. Elle ne servait à rien dans cette galaxie à part à éliminer des gens quand on le lui demandait. Tuer, c’était sa seule qualité. Elle savait qu’elle tuait des gens qui le méritaient, mais aussi parfois des gens qui ne le méritaient pas. Juste parce que quelqu’un voulait leur mort. Et le pire dans tout cela, c’était qu’elle savait parfaitement que tous les crédits qu’on lui proposaient ne valaient jamais la vie de l’être qu’elle prenait. Mais elle le faisait, parce qu’on le lui avait appris à le faire. Et parce qu’elle voulait prouver à sa famille qui lui avait refusé le droit de porter le même nom qu’eux à cause de sa naissance qu’elle pouvait se faire son propre nom. « Vous êtes très lucide quant à la situation actuelle alors que vous découvrez à peine notre galaxie » commenta t-elle simplement. Un homme intelligent, dont les paroles auraient pu éveiller la méfiance d’un impérial, ce qu’elle n’était heureusement pas.
Elle frissonna lorsqu’Atlan lui passa un linge mouillé pour lui éponger son front moite de sueur. Une part d’elle aurait voulu le repousser en lui criant qu’elle n’était plus une enfant mais elle se rappela qu’il était là pour l’aider. C’était parce que c’était un guérisseur qu’il prenait soin d’elle.

« Non pas vraiment » mentit-elle en prétextant qu’elle n’avait pas faim. Elle n’allait pas non plus lui voler sa nourriture surtout qu’elle était presque persuadée qu’il ne l’avait sans doute pas achetée, mais cueilli lui-même, voir chasser ? Son ventre clama la vérité en gargouillant.

Atlan était arrivé sur Kashyyyk sans trop d’informations, juste avec quelques rumeurs entendues ça et là. Il n’aurait pas cru qu’il rencontrerait quelqu’un qui en savait autant ici. En tout cas quelqu’un qui parlait sa langue. Machinalement, alors qu’elle évoquait les arbres, il leva la tête comme s’il risquait d’avoir une chance d’apercevoir un wookie. Entre la nuit qui était tombée et les troubles politiques qui agitaient la planète, il y avait peu de chance que ses yeux surprennent une telle créature.

- J’essaierais ça quand il fera jour. Même si j’ai peu d’espoir, on ne sait jamais ! Peut-être qu’ils m’accepteront plus facilement avec ma barbe et mes cheveux longs.

Il riait légèrement, amusé de sa propre blague. Entre poilus, on pouvait se comprendre non ? Du moins l’espérait-il, même s’il n’y croyait pas. Cela ne l’aiderait pas à se faire comprendre réellement, mais un vocodeur restait une autre possibilité. Ava lui expliqua qu’il s’agissait d’un objet permettant de tout traduire. Voilà qui serait plus qu’utile pour le guérisseur. Si jamais il tombait sur un patient qui ne parlait pas sa langue, cela pourrait devenir compliqué de comprendre où était le problème et donc de le sauver à temps.

- Oh, je vois. Ca pourrait m’être très pratique en effet ! Je vais essayer d’en dégoter un.

Le sommeil était un peu passé vu la discussion qu’ils partageaient. Atlan ne s’était pas attendu à parler de sa planète si rapidement depuis qu’il l’avait quittée. Même s’il avait des souvenirs positifs plein la tête, c’était pour le moment les mauvais qui refaisaient surface. Ava était compatissante et elle semblait comprendre son point de vue sur l’Empire. Bien qu’il était limité par son expérience personnelle, il supposait que ce n’était pas la seule planète colonisée. Kashyyyk était d’ailleurs un bon exemple. L’espace Hutt ne lui parlait pas plus que ça mais il supposa que c’était le camp adverse.

- N’y a-t-il pas d’autre alternative ?

Secrètement, il l’espérait. Il ne risquait pas de faire trembler l’Empire à lui tout seul mais ce n’était pas pour autant qu’il allait rester les bras croisés. Aider à son niveau serait déjà mieux que rien. Si seulement l’Empire n’avait jamais entendu parler de sa planète, rien n’aurait probablement changé. Il serait toujours sur place et n’aurait jamais mis les pieds sur une autre planète, ignorant que d’autres mondes étaient en danger. Et il n’aurait pas rencontré Ava. Peut-être serait-elle morte sans son aide. Il ne l’espérait pas. Cette dernière semblait désabusée en ce qui concernait la politique. Atlan pouvait la comprendre, après tout il n’y connaissait pas grand-chose mais cela lui semblait très compliqué pour pas grand-chose.

- Lucide je ne sais pas… je suis seulement au courant de ce que l’Empire a fait à ma planète. Mais quand je vois le résultat ici aussi… je me dis que ce ne sont pas les deux seules planètes concernées. Quelque part, j’ai un peu peur de ce que je vais découvrir mais j’espère pouvoir me rendre utile.

Maintenant qu’Ava était soignée et épongée de sa sueur, Atlan proposa un petit encas, histoire de se remplir l’estomac. Il ignorait si elle avait déjà mangé récemment ou non mais ce n’était pas son cas à lui. Dans le doute, il proposait de partager. Celle-ci refusa mais son estomac, comme pour la contredire, se mit à gronder. Atlan sourit et sortit la nourriture de son sac avant de la poser entre eux, l’invitant à se servir.

- Il y a bien assez pour deux. Si vous changez d’avis, servez-vous.

Après avoir mangé un fruit, il grignota quelques morceaux de viande séchée. C’était loin d’être un repas complet mais c’était mieux que de jeuner. Il allait néanmoins falloir qu’il trouve autre chose à se mettre sous la dent pour le lendemain. A peine son repas terminé, il fut rattrapé par le sommeil. Il s’endormit, appuyé contre l’arbre, un morceau de viande encore entre les doigts. Peu méfiant de nature, ce n’était pas ça qui allait l’empêcher de se reposer.


@Ava Odan

Les lèvres d’Ava s’ourlent d’un léger sourire à la remarque d’Atlan sur sa barbe et ses cheveux longs.  « Pour être honnête, quand je vous ai vu je pensais que vous étiez peut-être un wookie » Elle l’avait vu à contre-jour, et il était très grand. Enfin, elle-même n’était pas petite. Sans doute avait-elle un peu déliré avec l’effet du poison.
Un traducteur, c’était toujours très pratique. Ava n’en possédait pas. Elle n’en avait pas besoin. Mais peut-être Atlan en aurait-il besoin puisqu’il semblait avoir le goût des découvertes. Si il était curieux, alors avec cette galaxie, il serait servi. Les traducteurs, comme les vocodeurs étaient notamment utilisés par les sénateurs, ou ce qu’il en restait. Car Ava avait entendu dire que le Sénat n’était plus que l’ombre de lui-même, ce n’était que des sénateurs fantoches, dévoués à l’Empire ou impuissants. Le Sénat n’avait plus aucun pouvoir à part cela de représentation.
Lorsqu’Atlan lui demanda si il y avait une autre alternative, Ava n’en vit que deux. Les gens comme elle qui se contentaient de vivre leur vie quand même en fermant les yeux au maximum sur la situation actuelle. Et les autres. Ceux dont on parlait à voix basse, depuis les événements du district 1313, depuis Caamas et Alderaan. Bail Organa, le Sénateur d’Alderaan et l’époux de sa Reine était disait-on, opposé à l’Empire. Au fond, ce n’était pas étonnant, sa seconde planète était assez pacifiste. Et donc, par ricochet, opposée à l’Empire mais pas officiellement. Sinon, ils finiraient comme Caamas. Réduit en poussière dans la galaxie. Détruit dans quelques instants. Rien qu’à cette idée, Ava en frissonna.
« Il paraît qu’il y a des rebelles. » fait-elle simplement. « Comme il y a des opposants à tout régime je suppose. » Sauf que ces derniers étaient d’anciens républicains, ou pas. Mais ils voulaient revenir à la République, à la liberté. Ils considéraient l’Empire comme une tyrannie, et ils n’avaient sans doute pas tort. Atlan avait raison d’avoir peur de ce que l’Empire pouvait faire. Ava le craignait aussi, c’était pourquoi elle ne voulait pas avoir d’ennui. Ni avec l’Empire, ni avec personne. Il disait penser être utile. Il avait raison. Il était guérisseur. Tout le monde avait besoin de guérisseur.

Atlan déposa le sac de nourriture entre eux deux, et Ava put voir qu’en effet, il y en avait assez pour deux. Elle céda finalement et prit un fruit qu’elle mordit. C’était délicieux. Sur Tatooine, lorsqu’elle était enfant, elle n’était pas très bien nourrie, parce qu’elle ne pouvait pas l’être. Elle mangeait surtout de la viande quand il y en avait, ou des rations peu chères et peu nourrissantes. Mais lorsqu’elle était arrivée sur Alderaan, elle avait découvert les fruits et les légumes. Une révélation. Elle leva les yeux vers le ciel une fois son fruit finit, cela lui suffirait pour ce soir. Elle avait besoin de plus, mais elle n’allait pas se servir encore. Une fois de retour à son vaisseau, elle aurait de quoi se restaurer convenablement. Et elle quitterait cette planète. Il ne lui servait à rien de s’attarder plus alors qu’elle avait fini son travail ici.

Au delà des branches feuillues, elle distingua un coin de ciel étoilé. Une myriade d’étoiles scintillantes et lointaines. Et dire qu’elle les traversait. Elle se perdit dans la contemplation du ciel étoilé, et lorsqu’elle reposa les yeux sur Atlan, ce fut pour remarquer qu’il s’était endormi. Sa respiration était calme, lente. Elle observa son profil un bref instant, avant de se dégager doucement et silencieusement. Elle se leva, les membres engourdis. Elle se sentait toujours faible, mais mieux que précédemment. Elle fit quelques pas, prudente. Elle avait toujours les jambes en coton. Elle se saisit de quelques branches de bois secs pour nourrir le feu mourant, allant même jusqu’à s’aventurer dans l’obscurité pour en ramasser d’autres, plus grosses, pour nourrir le feu plus longtemps, jusqu’au lendemain.
Elle en profita pour sortir son comlink et envoyer les hologrammes de son contrat accompli. Elle vérifierai une fois à son vaisseau qu’elle avait bien été payée. Elle se rassit à côté d’Atlan, et le recouvrit mieux de son drapé. En restant en dehors. L’air frais de la nuit lui faisait du bien, après la chaleur qu’elle avait éprouvée.

Elle sentait ses yeux s’alourdir maintenant qu’Atlan était endormi, et qu’elle s’ennuyait. Mais elle ne pouvait pas dormir. Elle sortit une de ses lames, une de celles qu’elle avait à la cheville et joua avec, faisant refléter sur l’acier la lueur du feu tout en prêtant attention aux alentours. Des craquements lui parvenaient, ça et là, mais rien qui ne s’approchait. Ou du moins, rien qu'elle ne percevait.

Ava eut l’honnêteté de lui dire ce qu’elle avait cru voir lors de leur rencontre. Atlan en fut surpris mais surtout très amusé et se laissa aller à un grand éclat de rire. Cela ne l’étonnait pas particulièrement. Il n’était pas aussi grand qu’eux, mais pour un humain, il dépassait largement la moyenne. Le poison ne devait pas non plus aider à avoir les idées claires. Quelqu’un d’autre aurait peut-être mal pris la remarque mais pas lui.

- J’espère que vous n’êtes pas trop déçue alors !

Avec sa barbe et ses cheveux longs, cela n’aidait pas non plus mais il appréciait ces artifices. Sur sa planète, c’était normal. Se couper les cheveux ou se raser n’était pas ce qu’il y avait de plus courant pour lui. Tant que cela ne le gênait pas, il ne voyait pas pourquoi il changerait. D’autant plus qu’il tenait à sa chevelure, représentant ce qu’il lui restait de sa tribu perdue. Au moins, en ce qui concernait Ava, elle ne risquait pas de perdre ses marques, contrairement à lui.

Maintenant qu’il avait conscience de l’existence d’appareils capables de servir de traducteurs, il planifia d’aller en acheter un. D’un autre côté, il aimait apprendre et préférait se débrouiller au niveau des langues. Mais rien que pour son métier, il savait qu’il en aurait besoin. Difficile d’avoir le temps de tout connaitre alors autant profiter de ce qui avait été créé spécialement pour ça. Il ne doutait pas que cela l’aiderait à parcourir la galaxie et à ne pas se faire tuer à cause d’un malentendu parce qu’il maitrisait mal une langue.

Ava le renseigna sur l’existence de rebelles. N’ayant jamais connu de politique ou de quoi que ce soit s’approchant d’un régime, Atlan fit une moue perplexe. Tout ça lui était étranger et il avait du mal à se projeter dedans, même s’il en comprenait le sens. D’autres gens s’élevaient contre l’Empire et c’était une bonne nouvelle en soi. Mais ce n’était pas pour autant qu’ils formaient un groupe soudé et fonctionnel. Un jour peut-être.

- Je suppose… Tous vivre en harmonie est une utopie au fond. La galaxie a l’air trop grande pour ça.

Sur une seule planète, la chose était assez aisée, surtout si elle était peu peuplée. Mais dans une galaxie de milliards d’âmes, c’était déjà bien plus complexe. Tout le monde n’avait pas les mêmes attentes, du moins c’était ce qu’il pensait. Quasar commençait à lui manquer mais il se rappela que plus rien ne l’attendait là-bas. C’était aussi à lui de s’adapter et de faire des efforts. Bien qu’Ava n’ait rien précisé en ce qui la concernait, il comprenait à ses propos qu’elle devait être neutre dans toute cette histoire, cherchant simplement à vivre à sa façon, sans s’impliquer dans l’histoire de la galaxie. Elle avait sans doute raison d’agir ainsi.

Une fois le repas extirpé de la sacoche, la jeune femme se laissa aller à prendre un fruit malgré tout, sous l’œil satisfait d’Atlan. Une personne en convalescence se devait de manger, ne serait-ce que pour faire fonctionner son organisme et aider à le purifier. Même un maigre repas faisait l’affaire. Le guérisseur était content de pouvoir se remplir un peu l’estomac même s’il n’aurait pas été contre un véritable repas. Pour l’heure, il s’inquiétait surtout du bien être sa patiente. Enfin, c’était le cas jusqu’à ce qu’il s’endorme sans le vouloir.

A son réveil, le soleil se levait doucement. Il ne faisait pas encore totalement jour mais la nuit laissait sa place petit à petit.  Instinctivement, il posa les yeux sur Ava et remarqua qu’elle s’était extirpée du drapé sans pour autant s’être vraiment éloignée. De ce qu’il voyait, elle allait bien mieux.

- Oh, je me suis endormi, navré de vous avoir abandonnée… Vous avez meilleure mine en tout cas.

Après un étirement, il se leva et marcha un peu pour se dégourdir les jambes. Le feu était éteint mais il n’était plus nécessaire après tout. Gourde à la main, il alla un peu plus loin pour la remplir avant de revenir au campement de fortune. Leurs chemins allaient sans doute se séparer mais Atlan préférait être certain que la jeune femme se porte mieux.

- Je peux vous examiner ? Histoire d’être sûr.

S’il ne lui avait pas demandé son avis jusqu’à présent, c’était parce qu’elle avant grand besoin de soins d’urgence. Là, à première vue, à part encore un peu de repos, elle était sur pieds. Atlan comptait rester encore sur Kashyyyk mais il ignorait si c’était aussi le cas d’Ava.

- Vous allez quitter Kashyyyk ? Ca vous ennuie si je vous accompagne jusqu’à votre vaisseau ?

Il supposait qu’elle en avait un mais ce n’était pas une certitude.


@Ava Odan

Est-ce qu’elle était déçue ? Ava ne l’était pas. Elle préférait mille fois se retrouver face à un homme que face à un wookie, déjà parce qu’elle ne parlait que très mal leur langage, et puis, un homme était toujours mille fois plus agréable à contempler qu’un wookie. Ensuite, l’homme en question lui avait sauvé la vie. Mais elle ne lui répondit pas, préférant garder le silence.

Elle médita pendant le reste de la nuit, écoutant son corps, sa souffrance qui refluait peu à peu, écoutant les bruits de la nature et s’écoutant elle. Ses pensées, ses peurs, ses envies. Elle remua tout dans sa tête, réfléchit, et fit le vide. Elle n’avait pas d’autre choix que de se concentrer sur ce qui était essentiel pour elle. Pour ne pas laisser des pensées sombres prendre le dessus. Elle revit le visage de l’homme qu’elle venait de tuer, effaça peu à peu chacun de ses traits pour le laisser partir dans le néant. Son fantôme ne viendrait pas la hanter. Jamais.
Les rayons du soleil levant lui caressèrent doucement la peau. Ava avait toujours les yeux fermés mais n’avait pas dormi. Elle se sentait toutefois un peu plus reposée. La voix d’Atlan qui s’excusait de s’être endormi la fit sourire, mais elle garda les yeux fermés encore. Cela ne l’empêcha pas de répondre.  « Vous étiez fatigué. » Il l’avait prévenue qu’il avait eu une journée fatigante, elle s’en souvenait.
Elle l’entendit se lever, s’étirer, et décida qu’il était temps pour elle de faire de même. Ava se leva donc d’un mouvement souple et fit quelques pas. Elle se sentait beaucoup mieux ce matin, un petit peu vaseuse encore mais en forme. Atlan disparut de sa vue, gourde en main, sans doute allait-il la remplir à nouveau. Il revint ensuite rapidement tout en lui demandant si il pouvait l’examiner à nouveau. Il lui demandait cette fois ? Ava sourit encore tout en se plantant devant lui, elle lui tendit le poignet, pensant que c’était sans doute la première chose qu’il vérifierait. La plaie, là où le poison avait envahi son organisme. « Allez-y je vous en prie » déclara t-elle poliment. Il lui demanda ensuite ce qu’elle comptait faire. Ava comptait bien quitter Kashyyyk, comme il l’avait deviné. Et il avait aussi deviné qu’elle possédait un vaisseau. Rien ne la retenait plus sur la planète maintenant que son contrat avait été effectué. Contrairement à lui, elle n’avait pas de plantes auxquelles s’intéresser. Rien. C’était ainsi sa vie, elle se rendait à un point A, tuait, repartait. Elle ne prenait pas le temps d’explorer une planète. Elle vivait de ces contrats et avaient besoin d’en faire quelques uns pour gagner sa vie correctement. Elle ne pouvait pas se permettre de prendre du temps pour elle, pour ses envies, ses besoins. La seule chose qui comptait, c’étaient ces crédits qui lui permettaient de vivre.

« Eh bien, j'ai fait ce pour quoi je suis venue, alors oui, je vais partir. » Même si elle n’avait pour l’instant plus aucun contrat à accomplir. Il lui fallait partir pour en trouver d’autres. Et elle ajoute « Vous pouvez m’accompagner si vous voulez, mais je dois faire un petit détour pour aller chercher une de mes lames que j’ai égarée. » Sans doute était-elle toujours près du corps de l’homme. Ava n’avait pas vraiment envie qu’Atlan voit le corps, mais elle tenait à son arme. En perdre ne serait-ce qu’une… ce n’était pas imaginable. Elle avait besoin de sentir ses six lames, sur sa peau, de les savoir là. Contre elle. Prête à les sortir.
Généralement, Ava avait hâte de retrouver son vaisseau, sa mission accomplie, mais c’était parce qu’elle n’avait rien d’autres à faire. « Vous avez un vaisseau, vous aussi ? » demande finalement Ava. Elle aurait pu lui proposer de rester, de l'aider à chasser, à ramasser des plantes, de lui servir de garde du corps au besoin, mais aucun de ces mots ne franchissent sa bouche. Elle serait un poids. Elle a besoin de retourner à son vaisseau, d'y dormir. Ensuite, qui savait ce qui réservait le futur.  

Bien qu’Atlan n’eut pas le droit à une réponse de la part d’Ava, il restait amusé de la situation. Il espérait que cela faciliterait sa rencontre avec les wookies, si d’aventure il avait la chance d’en rencontrer au moins un. S’il pouvait les aider ou même apprendre d’eux, il n’aurait pu rêver mieux. La situation sur Kashyyyk lui rappelait beaucoup trop celle de Quasar : une planète assiégée pour ses ressources et un peuple massacré ou asservi. Personne ne méritait un tel sort. Il ne connaissait pas encore les wookies mais il était persuadé qu’ils n’étaient pas une menace à l’origine. Juste un peuple vivant en harmonie avec sa planète.

Ses interrogations et sa longue journée eurent raison de lui. A son réveil, il eut espéré qu’Ava ait pu se reposer un peu. Il était déjà soulagé qu’elle ait meilleure mine, c’était encourageant. Mais il s’en voulait un peu d’avoir succombé au sommeil. Veiller sur sa patiente aurait été la moindre des choses, même s’il avait confiance en ses remèdes. Au moins, elle ne lui en tenait pas rigueur.

- Oui mais j’aurais dû vous veiller. Au moins pour que vous ne vous ennuyiez pas !

Vu qu’elle gardait les yeux fermés, il supposait qu’elle avait dû dormir un peu également. Voilà qui faisait passer le temps en plus d’accélérer n’importe quelle guérison. Mais il valait mieux vérifier que de se reposer sur ses acquis. Atlan revient, gourde à la main, lui proposant à boire tandis qu’il vint près d’elle afin de l’examiner maintenant qu’il avait l’autorisation. Avec douceur, il défit le bandage qu’il avait posé la veille, dévoilant une peau vierge de toute marque, comme s’il n’y avait rien eu. Ce baume spécial était définitivement efficace.

- Plus de trace… C’est bon signe.

Mais il fallait être certain que le problème était traité en profondeur. Il libéra donc le poignet pour s’attarder sur le visage, les yeux plus particulièrement. Ils étaient normaux, les signes vitaux étaient revenus à la normale. Avec une certaine satisfaction, Atlan sourit, content de voir sa patiente sur pieds.

- Comme s’il ne s’était rien passé. Le poison a été évacué. Comment vous vous sentez ?

Parce qu’après tout, l’important était aussi le ressenti. Une petite fatigue ne l’étonnerait pas. Le poison était quelque chose d’épuisant, qui mettait l’organisme au plus mal. Atlan commença à ranger ses affaires, conscient que leurs chemins allaient sans doute se séparer sous peu. Et même s’il ne comptait pas quitter la planète tout de suite, il n’avait pas l’intention de rester précisément sur ce coin de verdure. Ava, quant à elle, comptait partir puisqu’elle avait fait ce pour quoi elle était venue. Bien qu’elle ne précisait pas de quoi il était question, l’esprit d’Atlan commençait à assembler le puzzle grâce aux informations qu’elle voulait bien donner. Une mission courte, une lame, une blessure, un mort.

- Vous êtes chasseuse de primes ?

Il en avait entendu parler mais n’en avait encore jamais vu. Sa curiosité naturelle l’emporta sur sa conscience qui lui disait de se mêler de ses oignons. Aucun jugement n’était porté envers Ava, il était simplement curieux de savoir comment cela fonctionnait. En tant qu’ancien chasseur, il se demandait si la traque avait la même saveur sur les êtres humains ou aliens.

- Hé bien allons récupérer cette lame, je vous suis.

Il suivit Ava après avoir récupéré son paquetage, appréciant toujours de parcourir cet espace de verdure. Cette dernière lui demanda à son tour s’il possédait un vaisseau. Il doutait que cela serait le cas un jour. Avoir un vaisseau devait coûter cher et on ne pouvait pas dire qu’il roulait sur l’or.

- Non je n’en ai pas. A vrai dire, on m’a déposé ici. Il faudra que je trouve un autre vaisseau pour quitter la planète, en espérant que l’Empire ne pose pas plus de problème qu’actuellement…


@Ava Odan

Elle ne s’était pas ennuyée. Pas un seul instant. Mais il ignorait cela, parce qu’il ne la connaissait pas. Il ne savait pas qu’elle vivait seule tout le temps, qu’elle n’échangeait normalement que quelques mots avec les rares personnes qu’elle croisait, et toujours des banalités. Sa vie était faite ainsi. C’était un choix qu’elle avait fait, le chemin qu’elle parcourait était celui d’une solitaire. Elle n’avait pas le choix, il n’y avait dans sa vie de la place pour personne, pas alors qu’elle se cherchait encore par moment, se demandant de quoi son futur serait fait. Les tueries jusqu’à la fin de sa vie, c’était probable. Mais est-ce qu’elle ne valait quand même pas mieux que cela ?
Atlan revient, lui propose à boire ce qu’elle refuse d’un léger signe de tête même si elle sait au fond qu’elle doit s’hydrater. Elle n’a pas vraiment soif. Il observe la plaie, où l’ancienne plaie parce que lorsqu’Ava regarde son poignet, elle n’y voit rien d’autre qu’une peau parfaitement lisse. Elle en est la première surprise. Ce baume a vraiment une réelle efficacité. Elle en est impressionnée. C’était bon signe qu’il n’y ait plus de trace, évidemment. Comme si il ne s’était rien passé. Mais il s’était passé quelque chose pourtant. Elle avait fait une erreur qui aurait pu lui coûter tellement cher.

Comment elle se sentait ? Puante ? Affaiblie bien qu’elle aille de mieux en mieux. «  Tant que je suis debout, c’est que ça va. » fait-elle simplement. Et c’était la vérité. Tant qu’elle pouvait marcher, elle pouvait vivre. Ce n’était que lorsqu’elle était à terre, comme cela avait failli être le cas la nuit dernière qu’elle cesserait de se battre. Atlan lui demanda finalement si elle était une chasseuse de prime. Elle se retourne pour lui jeter un coup d’oeil, si tu savais.
«  Oui. Oui je suis une chasseuse de prime. » Aucun jugement. Rien. Elle se mit ensuite en marche doucement, refaisant le chemin inverse de la veille. Que dirait-il si elle lui disait la vérité ? Qu’elle était pire qu’un chasseur de prime. Un chasseur de prime ramenait ses prises en vie… dans la plupart des cas. Elle n’accomplissait que des contrats dans lesquels il fallait donner la mort.

Ava suivait ses propres traces, visibles aux broussailles cassées, à ses pas irréguliers dans la terre. Elle s’arrêta un peu brusquement lorsque le guérisseur lui fit remarquer qu’il n’avait pas de vaisseau. Qu’il espérait en trouver un autre pour quitter la planète. Elle prends une brusque inspiration. Cet homme est fou, ou naïf. Sans doute plus la dernière option étant donné qu’il découvre la galaxie. « Bonne chance pour trouver un vaisseau et repartir d’ici. » lance t-elle tout en reprenant sa route. Elle s’arrête encore un bref moment, observant le sol à la recherche de sa lame. Elle ignore où elle l’a perdue. Est-ce près du corps ? Sur le chemin. Elle ne veut pas l’avoir perdue près du corps, elle ne veut pas… qu’il le voit. Encore, si elle l’avait tué proprement, elle n’aurait pas bronché mais là, c’était du sale travail qu’elle avait fait. Un véritable combat avait eu lieu entre lui et elle ce qui d’habitude n’arrivait jamais. Presque jamais. « Je ne pense pas que l’Empire pose un problème, on est loin de l’espace impérial. Par contre, j’espère que vous réussirez à quitter la planète » Ava ne pouvait pas lui offrir de quitter la planète avec elle, elle comptait repartir rapidement tandis qu’il comptait y rester pour l’explorer, trouver des plantes. Toutefois, elle ne put s’empêcher de le lui proposer « Je peux vous déposer ailleurs en partant, si vous voulez. Ou même attendre une douzaine d’heures histoire de me reposer. Mais ensuite je dois partir. » Elle devait partir, mais n’avait aucun impératif, si ce n’était le besoin de trouver d’autres contrats à honorer.

Elle arriva à un endroit qu’elle reconnaissait puisque c’était l’endroit où s’était déroulé son combat la veille. Mais il n’y avait rien, rien à part deux lames qui brillèrent, et du sang qui imbibait la terre. Plus de corps. Ava se pencha pour ramasser sa lame qu’elle remet à sa place à la hanche. Quand à l’autre lame, elle hésite. Il y a son sang séché dessus. Et la lame est empoisonnée. Toutefois, ce n’est pas ça qui l’inquiète
« Le corps a disparu ». Sans doute un prédateur était-il passé par là pour en faire son repas. Il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Il lui suffisait juste de retourner à son vaisseau désormais. « Vous voulez son poignard? » Il était mort, il n'en avait plus besoin.

 

La veille, Atlan avait bien remarqué qu’Ava ne pensait pas que le baume qu’il avait appliqué sur sa blessure suffirait à faire disparaitre la cicatrice. Mais il n’avait pas insisté sur le sujet, sachant qu’elle en aurait la preuve le lendemain. Et il apprécia de voir la tête qu’elle fit brièvement lorsqu’il retira le bandage.  Sa surprise était agréable et il ne doutait pas qu’elle utiliserait le fameux baume qu’il lui avait offert. Cela ne servirait qu’un temps mais il ne doutait pas que cela lui serait utile. Elle semblait mener une vie dangereuse après tout.

- C’est un bon début mais prudence. Continuez à bien boire, plus que d’ordinaire, surtout aujourd’hui. Après je pense que vous pourrez reprendre une activité normale.

Elle avait déjà refusé son eau mais il n’allait pas non plus la materner. Bien qu’elle semblait débrouillarde, c’était à elle d’assumer ses erreurs. En tant qu’ancien chasseur, Atlan avait pu se négliger parfois. Il ne l’avait plus jamais fait suite à sa blessure à la jambe qui l’avait handicapé pendant un certain temps. Parfois, il fallait un accident brutal pour être ramené à la réalité. Ava prenait apparemment plutôt bien ce qui lui était arrivé. Au moins désormais, Atlan savait quel métier elle exerçait. Chasseur aussi, mais plutôt pour le genre humanoïde. Là, pas question d’animaux.

- L’excitation de la chasse, c’est quelque chose. Je n’ai jamais chassé autre chose que des animaux mais j’imagine que ça doit se ressembler.

Maintenant il ne lui restait plus qu’à finir sa découverte des lieux et de trouver un vaisseau de retour. Avec les combats actuels, il savait que ce ne serait pas simple mais il savait s’adapter. Ava cependant, n’était pas de cet avis. Pour elle, il risquait de ne pas pouvoir partir tout de suite. C’était en tout cas ce que sous-entendait sa réponse.

- J’en ai bien trouvé un pour venir alors… peut-être qu’avec un peu de chance… Il y a si peu de vaisseaux que ça ici ?

Il préférait être optimiste. Etre pessimiste n’avait jamais fait avancer les choses. Au final, Ava lui proposa de l’emmener hors d’ici et même d’attendre. Difficile de refuser une telle proposition même s’il aurait aimé rester plus longtemps. Mais il fallait savoir saisir une opportunité quand elle se présentait, même si elle ne coïncidait pas avec ses plans initiaux.

- Si ça ne vous ennuie pas d’attendre un peu, avec plaisir. Vous n’aurez qu’à me dire quand vous partez, je me joindrais à vous !

Ils atteignirent enfin l’endroit que la soit disant chasseuse de primes cherchait. Atlan remarqua le sang au sol, couleur rouille désormais, à cause de l’air qui l’avait fait sécher. Des armes reposaient au sol. Ava s’en saisit et en tendit une vers le guérisseur. Il fut surpris de sa proposition et secoua doucement la tête en signe de négation.

- Non, merci. Je ne saurais pas quoi en faire. Cela vous sera peut-être plus utile qu’à moi !

Le géant s’avança et examina les lieux, surtout le sol. Il était possible qu’un prédateur soit venu mais il n’y avait pas assez de traces au sol pour le confirmer. Peut-être que la victime s’était levée, pas si morte qu’on pourrait le croire. Malgré tout, il penchait plutôt pour la première hypothèse vu le peu d’indices qu’il pouvait remarquer.

- Un prédateur probablement oui. Ca correspondrait aux traces… Mieux vaut ne pas trop trainer dans le coin, même s’il doit avoir l’estomac plein actuellement.


@Ava Odan